Les otages des FARC sont enchaînés nuit et jour.

Les médias français se sont surtout concentrés sur les preuves de vie d'Ingrid Betancourt, diffusées par le gouvernement colombien, passant sous silence les messages des autres otages. Tout le monde, ou presque, a dû apercevoir la vidéo de l'otage Colombo française, et a dû entendre au moins un extrait de la lettre de 12 pages que celle-ci a adressée à sa famille. Pourtant, les autres otages que l'on voit dans les différentes cassettes vidéo ont eux aussi écrit des lettres, tout aussi angoissantes et désespérées. On sait, par exemple, que l'un des otages américains a écrit à sa famille qu'il était certain qu'il n'allait pas sortir vivant des mains des FARC, et c'est pour cela qu'il a joint son testament à la lettre adressée à sa famille.

Un autre otage, le lieutenant Raimundo Malagón, séquestré par les FARC depuis bientôt dix ans, a écrit trois lettres, dont une adressée au président du Venezuela Hugo Chavez. Je n'ai pu trouver trace de ces lettres, sans doute parce que sa famille n'a pas jugé utile de les divulguer. Alors, pour combler ce manque d'attention porté aux autres otages par les médias français, je me permets de vous proposer la traduction de quelques extraits de ce que dit le lieutenant durant le court extrait vidéo qui a été diffusé sur les chaînes nationales, ici en Colombie. Vous trouverez aisément la retranscription en espagnol de ces paroles sur les différents sites de la presse latino-américaine.

Après les recommandations faites à sa famille et l'aide qu'il demande à son frère et à un de ses parrains pour payer les études de son fils, voici ce que dit le lieutenant Raimundo Malagón :

« Avant tout, je veux déclarer que l'on vit toutes sortes de calamités dans cette forêt inhospitalière, désolée et froide. Ce que vous voyez maintenant sur la vidéo n'est pas la réalité que nous vivons, la réalité est complètement distincte »

« Nous vivons dans des conditions inhumaines, nous sommes par exemple obligés de faire nos besoins naturels dans des trous, nous devons nous laver dans des fosses souvent trop petites pour un être humain, et si en ce moment nous n'avons pas de chaînes pendant qu'ils nous filment, en vérité nous sommes enchaînés nuit et jour. »

« Je sais que le thème de l'échange humanitaire n'est pas un sujet facile, mais il faudrait suggérer que l'on recherche un moyen pour que les otages ne continuent pas à mourir dans ces conditions. »

« J'ai une suggestion très importante à faire au président Hugo Chávez, à la sénatrice Piedad Cordoba et au président Alvaro Uribe : ils devraient envisager la possibilité que l'on cherche dans le territoire vénézuélien une zone où les FARC pourraient nous déplacer, nous les captifs, afin de procéder à un éventuel échange humanitaire »

Voilà, c'est déjà tout, les seuls extraits que j'ai pu trouver, quelques mots du lieutenant Raimundo Malagón qui nous parviennent depuis cet océan de silence où 750 otages sont lentement en train de se noyer ; que ces quelques phrases pour combler plus de neuf longues années d'absence.