Troisième partie de mon étude sur les luxes des condamnés Français. Dans les deux premiers volets j’avais observé au travers de la télévision et du « Cantinage » les possibilités qui s’offraient aux prisonniers de France pour améliorer leurs conditions de vie carcérales.

Nous avons pu constater que malgré la possibilité que les prisonniers de France avaient, ceux ci devaient malgré tout affronter une tarification exorbitante pour s’offrir ces avantages considérables pour eux. Une tarification qui variait du simple au quadruple pour un même produit comme nous l’avons vu et qui rendait difficile l’accessibilité par tous des dîts produits.

Mais une question demeure malgré tout face à de telles tarifications, à savoir, comment les prisonniers peuvent-ils s’offrir ces « avantages »?

 

 

Il existe bien entendu la possibilité de recevoir les dons de membres de sa famille, qui de part leur apport financier, permettent à leur proche incarcéré d’améliorer ses propres conditions de vies. Ces derniers peuvent d’ailleurs lui envoyer des « colis » contenant un peu de nourriture, et quelques affaires, ce qui est déjà un premier pas vers le confort du prisonnier.

 

En prison il faut savoir qu’il existe une autre possibilité de « gagner » de l’argent, à savoir travailler.

« Oui », il est possible pour les prisonniers qui le méritent de part leurs attitudes de travailler au sein même de leur établissement pénitencier pour gagner contre un travail acharné, un maigre pécule que ceux ci dépenseront ensuite en coup de téléphone à leurs proches ou en « cantinage ».

Travailler est donc une possibilité donnée aux prisonnier qui peuvent pour certains travailler en cuisine, ou encore dans la blanchisserie de la centrale, ou dans bien d’autres activités liées à la vie de l’établissement.

 

  

 

1/Tous les prisonniers peuvent-ils travailler?

 

« Non » bien évidemment. Seul les plus méritants des prisonniers sont « sélectionnés » pour travailler au sein de l’établissement et ainsi obtenir la « chance » de gagner un peu d’argent.

En prison, « travailler » est un « luxe » auquel tout le monde ne peut prétendre, et qui permet à ceux qui en bénéficie de gagner une possibilité supplémentaire de « cantiner » à la fin du mois.

 

Il faut savoir, que bien qu’il y ait du travail en prison, il ni en a pas assez pour tout le monde, et le nombre de postulants est bien plus important que le nombre de places disponibles.

C’est pourquoi, les prisonniers qui travaillent, ne disent rien, ne réclament rien, ne refusent rien, sont prêts à tout,etc. Des « employés » un peu spéciaux qui sont prêts à toutes les concessions pour « garder » leur travail, et qui sont prêt à accepter un salaire de misère sous peines de ne plus avoir du tout de salaire.

En prison, malgré les risques que le travail peut représenter, notamment en terme d’accidents du travail, personne n’hésite à prendre le risque de refuser la tâche. Un travail qui dans certaines « usines » carcérales se fait à la pièce et à la chaîne, sans aucunes cotisations, ni bulletins de salaires, ni points retraites, etc. Rien d’officiel donc pour ces travailleurs de fortunes qui triment parfois jusqu’à 10h par jour et parfois 7/7 jours, pour un salaire moindre.

 

2/ Quelle est la rémunération en Prison?

La rémunération en prison est en vérité assez aléatoire. Là encore, il ni a aucune règle de définit, puisque tout est à nouveau régit par le chef d’établissement.

En France, en 2008 le SMIC horaire était de 8€71 Brut, ce qui pour une journée de 7 Heures, permettait un gain à l’employé de 48€00 net. Dans le même temps, la moyenne en prison était bien moins élevée.

 

En effet en 2007, le salaire horaire minimal en prison était de 3€70 brut selon le quotidien le « Journal du Net » soit plus de la moité du salaire d’un Homme libre. Selon d’autres sources, le salaire des prisonnier est encore différent et serait même encore plus bas. En effet, selon le livre « Le travail pénitentiaire, un outil efficace de lutte contre la récidive », le salaire en 2003 pour un salarié prisonnier était au minimum de 6€25 Net à la Journée (« oui », à la journée) et pouvait aller jusqu’à 24€24 pour d’autre établissements toujours à la journée.

 

Ce qui signifie que les salariés du monde carcérale, bien qu’ils aient effectivement l’opportunité de travailler , touchent un salaire pouvant aller de deux fois à huit fois moins élevé qu’un travailleur « classique », sans garantie d’emploi, et dans des conditions de travail souvent moyenâgeuse (chaleur, insalubrité, rythme de travail, pénibilité,etc.).

 

En Prison, travailler est un « luxe » bien exploité par les autorités en place, qui profitent de cette main d’oeuvre prête à tout pour tirer là encore un profit certain. Une main d’oeuvre prête à tout pour gagner un sou de plus, réduite à une sorte d’esclavage moderne pour laquelle personne ne trouve rien à redire sous peine de perdre cette chance de gagner un peu d’argent. Là encore un échange de bons procédés entre une administration prête à « aider » ses ouailles à regagner un semblant de vie sociale, mais qui n’hésite pas à tirer un certain profit au passage de cette manne professionnelle bienfaitrice et toute docile.

La prison en conclusion permet donc effectivement aux prisonniers de garder un semblant d’habitude de vie en travaillant pour l’établissement ou bien pour des sociétés externes qui délocalisent le travail au sein des prisons.

Cette « permission » carcérale à pour intérêt pour les prisonniers de gagner de l’argent, de s’occuper, et de faire quelque chose qui leur fait oublier leurs conditions de vie au quotidien. Une occupation salvatrice donc, qui fait des émules et crée des jalousies au sein du monde carcérale tant le nombre d’élus pour ces postes est limité vis à vis du nombre de postulants. Un marché de l’emploi carcérale semblable à celui de la vie libre, où nous avons plus de postulants que de places disponibles.

 

 

Finalement, comme nous l’avons vu, certes les prisonniers ont accès à des avantages susceptibles d’améliorer leur conditions de vie carcérales, mais au final ce « luxe » que beaucoup pensent voir en est-il vraiment un? La télévision, « Le Cantinage », le travail carcéral, etc. Beaucoup de Français pensent que les prisonniers de l’Hexagone ont la belle vie derrière « leurs » barreaux, mais ont-ils en réalité la vie aussi belle que celle que beaucoup pensent?

Si travailler en prison autant voir plus que beaucoup de salariés Français pour un salaire à minima 2 fois moins élevé que tout un chacun est une chance, et si payer le moindre confort entre 2 et 4 fois plus cher que tout le monde est un avantage, alors « Oui », nos prisonniers en France ont de la chance, mais la vie rêvée que beaucoup pensent est loin d’être une réalité, et l’exploitation des condamnés Français existent bel et bien et ne manque pas d’être décriée par bien des instances Européennes.

 

Les prisonniers de France sont donc pour certains dans la possibilité de travailler comme tout « travailleur » libre. Pour autant, leurs avantages ne sont pas les mêmes, tout comme les salaires à la fin du mois. Des points communs certains entre nos deux « segments » de travailleurs, mais pour autant, des différences loin d’être négligeables autant du point de vue des conditions de travail que des rémunérations mensuelles. Le travail est donc possible en prison, mais pour autant, et bien qu’il ne soit pas permis à tout le monde, il reste à la fois digne d’un esclavagisme « légal », sans aucunes réglementations définies, et pour des rémunérations indécentes pour la condition Humaine.

 

La télévision, le « Cantinage », le travail, des « luxes » que beaucoup pensent idylliques, mais qui pourtant sont loin d’être vraiment avantageux pour les prisonniers, qui eux n’ont que ces « avantages » pour améliorer leurs conditions de vie, et surtout de survit, alors que dans le même temps, ils se font exploiter en toute impunité par une administration qui fixe elle même, les limites à toutes acquisitions des condamnés. Une sorte de commerce autorisé et arrangé sans que personne ne le remette en question, du fait qu’il a pour principe d’humaniser un monde déshumanisé par les humains qui l’habite.

Alors en prison, malgré toutes les idées reçues qui habitent le commun des Français, les prisonniers ont-ils vraiment un rythme de vie si luxueux?

 

Dans le prochain volume de cette étude, nous porterons un coup de projecteur sur les Parloirs. Les parloirs, ces lieux de rencontres entre les prisonniers et leurs proches, leur permettant de garder un vrai lien avec l’extérieur de leur geôles, sont-ils tels que tout le monde les imagine?

 

A lire également : Les "Luxes" du Prisonnier, mythe ou réalité. Partie 1. La Télévision.

                         Les "Luxes" du Prisonnier, mythe ou réalité? Partie 2. Le "Cantinage".

                         Les "Luxes" du Prisonnier, mythe ou réalité? Partie 4. Le Parloir

                         Les "Luxes" du Prisonnier, mythe ou réalité? Partie 5. Bilan et Conclusions 

 

Sources : Nouvel Obs / Wikipédia / Robin des Lois