Société et habitat : du nid familial à la course consumériste

Pour sa survie, l’homme doit se loger et se nourrir. L’habitat renvoie donc à la notion du nid et du territoire. La maison est donc d’abord un « nid-territoire ».

Or l’habitat a évolué vers un confort ostentatoire. Ce dernier satisfait-il à l’objectif premier de la maison?

Progressivement, la construction a évolué, de la simple cahute aux maisons très élaborées d’aujourd’hui – super isolation, super chauffage solaire, domotique, bref, super confort. 

Pas besoin d’y regarder de près pour constater que l’on a dépassé depuis longtemps la simple problématique de l’abri. A l’échelle macro, les maisons sont en fait un formidable reflet des sociétés dans lesquelles on les construit. A la loupe, elles en disent long sur leurs habitants.

C’est qu’en fait  la notion de territoire nous renvoie à la dimension « cachée » de l’anthropologue Hall. Celle de l’espace nécessaire à l’équilibre de tout être vivant, animal ou humain. Or chez l’homme, cette dimension devient culturelle. En effet, chaque civilisation a sa manière de concevoir les déplacements du corps, l’agencement des maisons, les conditions de la conversation, les frontières de l’intimité.

Et ce qui fonde la culture (la civilisation), c’est la fonction symbolique. La symbolique de  l’ethnologue Lévi-Strauss : le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion sont autant de symboles  organisés en constellation pour former le système culture.

Ce sont ces mêmes cultures qui déterminent la tendance plus ou moins marquée au matérialisme – décrit par le psychosociologue Hofstede. Et de fait les comportements consuméristes. Et ce besoin de paraître que l’on retrouve dans certaines constructions, inversement proportionnel au vide de l’être.  D’aucun tel que le philosophe et sociologue Haller dirait que ce besoin de consommation toujours renouvelé est le fruit du système capitaliste. Sans doute le capitalisme entretient-il une tendance ancrée dans nos cultures. Mais la tendance prend ses racines plus loin dans la culture.

Bref, il semblerait bien que le progrès social et la recherche du mieux-être personnel n’expliquent pas seuls l’évolution de l’habitat vers un confort ostentatoire dans nos civilisations occidentales. Cette dernière est aussi fortement menée par une certaine boulimie à la recherche du toujours plus : plus beau, plus confortable, plus « plus ». Certes, des valeurs post-matérialistes se développent avec ce nouveau siècle : la qualité de vie et le bien-être subjectif deviennent  des valeurs plus importantes que la sécurité économique. Cela ne réduit pourtant pas cette boulimie qui rend essentielle des choses qui ne le sont pas, matérialisant l’immatériel : le bonheur simple du nid familial. Car finalement c’est bien de cela dont il est question. Et paradoxalement, le Matériel parait bien nous en éloigner.