A quoi bon changer les hommes si les actes, eux, ne changent pas. En débarquant Michèle Alliot-Marie du ministère des affaires étrangères, et en y plaçant le plus expérimenté Alain Juppé, on pensait que le président Sarkozy avait compris que la science diplomatique ne s’improvisait pas. On s’est trompé. Après la gestion désastreuse du cas tunisien et l’absence totale de la France dans le dossier égyptien, on pensait que le nouveau ministre des affaires étrangères gérerait la révolte libyenne avec intelligence. Au contraire, ne dérogeant pas à ses mauvaises habitudes, Nicolas Sarkozy a une fois de plus mis à mal la diplomatie française sans en référer une seule fois à Alain Juppé.  

Voilà moins d’une semaine, le président français recevait triomphant à l’Elysée des « représentants de la nouvelle autorité libyenne ». « Nous sommes les premiers » croyait bon de lâcher l’enthousiaste mais toujours aussi inutile Bernard Henry-Lévy. Il a raison. Nous sommes les premiers et sans doute les seules à avoir fait cette irrémédiable bêtise ! Car au même moment le colonel Kadhafi … est en train de gagner la guerre sur le terrain ! En agissant sans réfléchir, le président français, a mis le pays qu’il représente dans une position bien embarrassante. L’Union Européenne n’a pas suivi comme il espérait, encore moins l’ONU. Pire ! Grâce à l’actualité japonaise, Kadhafi a les mains libres tout comme Gbagbo en Côte-d’Ivoire les a eues par les révolutions arabes. 

 
Comment expliquer un tel ridicule. L’explication la plus simple étant que Nicolas Sarkozy a tenté de se racheter après l’humiliation politique et médiatique de la venue de Kadhafi à Paris. « La vengeance est un plat qui se mange froid » dit le dicton. En voulant aller trop vite, Nicolas Sarkozy semble avoir encore perdu son duel avec Kadhafi. Mais, représentant la France, c’est l’ensemble du pays qui pâtit de l’image d’un trublion en manque de reconnaissance. Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ? Une intervention militaire ou un retournement de situation improbable ? En tout cas, c’est bien face à un tsunami de ridicule que le président doit désormais faire face.