D’après une étude récente, les jeunes fument moins. Une baisse rapidement occultée par la hausse des substances illicites. Depuis 2000, si l’usage du tabac a presque diminué d’un quart, la cocaïne, elle, a triplé.

41% en 2000, 33% aujourd’hui. Les jeunes fument moins si l’on en croit les derniers chiffres de l’Observatoire des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) parus récemment. La raison de cette baisse ? La hausse constante du prix des cigarettes selon les spécialistes. Depuis janvier 2004, on enregistre une augmentation de 6% sur tous les paquets de cigarettes. Le coût du tabac met sacrément un vide aux portefeuilles des 15-25 ans.

L’industrie de l’alcool en ligne de mire
Si le tabac est moins à la mode, l’alcool, lui, «se porte bien». Les jeunes de 17 ans consomment des bouteilles plus souvent que les générations précédentes au même âge. 10% d’entre eux affirment avoir été ivres au moins dix fois durant l’année. Une hausse dont l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) s’inquiète. Elle pointe du doigt l’industrie de l’alcool, coupable selon elle, de mettre la jeunesse en péril en faisant l’apologie des boissons alcoolisées dans la publicité. «La jeunesse constitue la cible privilégiée du marketing de l'industrie de l'alcool. Les grands fabricants d'alcool tentent de faire boire les plus jeunes de manière routinière», déplore  la directrice générale de l'OMS, Gro Harlem Brundtland.

L’usage de la cocaïne a triplé en 5 ans
Alors que des mesures gouvernementales de lutte contre l’alcool verront le jour prochainement, une étude révèle une nette augmentation des substances illicites. Parmi elles, on retrouve les «poppers», les champignons hallucinogènes ou encore l’ecstasy. Mais la drogue qui connait une progression fulgurante se nomme la cocaïne. En 2000, 0,9% des jeunes de 17 ans en avaient déjà consommé. Cinq ans plus tard, ce taux a plus que triplé (3,5%). Si l’usage demeure relativement faible, la cocaïne est une des substances illicites les plus utilisées après le cannabis. Souvent rattachée à une drogue de milieux aisés, l’étude indique qu’elle concerne tous les milieux sociaux. «Il est difficile aujourd’hui de dresser un portrait type du consommateur», analysent les médecins Beck et Legleye dans les «Les adultes et les drogues en France : niveaux d'usage et évolutions récentes».

«Réprimer n’est pas prévenir ni soigner les dépendants»
Désormais cette évolution en hausse de substances illicites agite le gouvernement français puisque une mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) s’y attèle. Les prises de position de ce groupe de travail font toutefois débat. Son responsable, Etienne Apaire, a déclenché les foudres de certains toxicologues après avoir annoncé son plan de lutte contre les drogues. Il déclarait dernièrement : «Tout adolescent fumeur est un dealer en puissance ; les pratiques d’application de la loi sont trop molles ; les parents doivent être éduqués pour appliquer la loi.» En réponse dans une tribune libre pour le journal Libération, un groupe de Toxicologues s’insurge contre ce plan de la Mildt. «Sur les cent cinquante mesures prévues, la moitié concerneront la gendarmerie ! L’affirmation que derrière l’usager se cache souvent un délinquant est inexacte. Les expériences internationales montrent qu’augmenter les interpellations d’usagers et les sanctions envers les consommateurs pour rappeler l’interdit est à double tranchant. Réprimer n’est pas prévenir ni soigner les dépendants, et ne protège guère du désordre social.»