Les dictateurs ont tant aimé le foot

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«Le but ultime de notre manifestation est de montrer à l’univers ce qu’est l’idéal fasciste du sport», proclamait, en 1934, le président de la Fédération italienne de football, le général Vaccaro. Cette année-là, l’Italie de Benito Mussolini organisait la Coupe du Monde de football. Sur l’affiche officielle, un footballeur, bras tendu, faisait le salut romain.

Mussolini, Hitler et Franco ont utilisé le ballon rond comme arme de propagande. Le fascisme italien a été le premier à exploiter cette veine. Il a véritablement instrumentalisé le sport. Les chemises noires ont fait des stades, selon Ignacio Ramonet du «Monde diplomatique», «des espaces où les pulsions nationalistes ont été mises en scène et entretenues». Lors des matches de l’équipe nationale italienne, le public était encadré par des milices. La foule scandait alternativement «Duce» et «Italia». Le régime avait alors baptisé le grand stade de Rome «Stade du parti fasciste» et celui de Turin du nom de «Mussolini». Quant à la presse soumise au pouvoir, elle amplifiait. Le lendemain de la victoire des Azzuri, le journal «II Messaggero» exultait : «C’est au nom de Mussolini que notre équipe a conquis le titre mondial !»Hitler s’est inspiré de l’exemple transalpin. Dans son immonde manifeste, «Mein Kampf», il a écrit : «Des millions de corps entraînés au sport, imprégnés d’amour pour la patrie et remplis d’esprit offensif pourraient se transformer en l’espace de deux ans en une armée.» Lui aussi, il a utilisé le football comme moyen de matraquage idéologique. L’équipe nationale d’Allemagne a servi à exacerber le sentiment nationaliste. Partout dans les stades flottait le drapeau à la croix gammée. Le football était également un laboratoire pour l’organisation des Jeux olympiques de Berlin de 1936. Ces JO ont permis aux nazis de gagner de la respectabilité sur la scène internationale. La recette a aussi été appliquée en 1978, en Amérique du Sud. À cette date, l’Argentine des généraux a organisé et gagné le Mondial ! La junte militaire de Videla en est sortie renforcée. L’opposition argentine a continué d’être étouffée sous les cris de victoire des supporters. L’instrumentalisation du foot a également servi les intérêts des dictatures communistes. En Europe de l’Est, le sport a permis de maintenir la chape de plomb. Erich Honecker (RDA, voir photo), l’homme qui ordonna la construction du mur de Berlin, avait d’ailleurs l’habitude de dire : «Le sport n’est pas un but en sol, II est un moyen d’atteindre d’autres buts (politiques, bien entendu).»

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