FBI : fausse bonne idée. On ne sait trop qui des deux papas de l’UMP, celui, Copé, du canal historique, ou celui, Fillon, du canal provisionnel reconstitué, a provoqué la fausse couche de maman, Nicolas Sarkozy, mais en tout cas son référendum est mort-né. Déjà, la plupart des sénateurs, sauf huit (Karoutchi, Raffarin…), ont enterré ce vote sur le vote, tout comme six fédérations UMP, dont les francs-comtoises. Sarkozy, collé au train par « un furieux et un minable » trépigne, vitupère, et tout le monde s’en contrefout.

Tout d’abord, toutes nos excuses aux fillonistes pour les avoir tant ridiculisés avec leur histoire de fion ou de croupion (Rump). Ce n’était pas si stupide de choisir le nom d’un parti existant, celui de la branche UMP de Nouvelle-Calédonie.
Ils veulent geler les fonds publics qu’ils percevront jusqu’à nouvel ordre (soit un nouveau vote). C’est certes paradoxal de choisir une glacière caldoche, mais ils n’allaient pas quand même confier leur pognon à Christine Boutin ou à Chasse, pêche, nature et tradition, ou aux Indépendants et paysans.

La Nouvelle-Calédonie n’est pas la Suisse ou l’île de Man, mais il y a peut-être moyen de réaliser un placement défiscalisé. Bien joué !

Or donc, les sénateurs UMP, sauf huit, rejoignent la ligne Fillon : nouveau vote supervisé par une commission indépendante. On pourrait y faire siéger Domenach ou Guy Roux (mais pas Douillet, trop mouillé), Jean-Pierre Papin, Zidane (né à Marseille, il est français), Platini. Des gens habitués à compter les points, à distribuer des cartons jaunes ou rouges, et à coller le coup de boule s’il le faut.

Le Rump installé pour durer

Le Rump ne sera pas dissout de sitôt puisqu’il a déposé une question à l’Assemblée nationale. Des deux côtés, les négociations sont terminées, les discussions n’ont plus lieu d’être, adieu référendum, place au nouveau vote ou à la scission.

Diverses fédérations UMP, dont celles du Jura, du Doubs, du Territoire de Belfort, réclament une commission des sages et une nouvelle élection. Damien Meslot (90, proche de Xavier Bertrand) évoque « un déferlement de haine ». Dans certaines fédérations où la majorité soutenait une ou un autre candidat (NKM, Le Maire) ou souhaiterait appuyer un autre candidat potentiel (Bertrand ?), on mise en fait sur un nouveau vote qui ferait grimper le poulain dans la hiérarchie du parti, et susceptible, pourquoi pas ? d’arracher la présidence, la vice-présidence et le secrétariat général. Bref, tout le monde rêve d’une destinée à la Antoine Pinay (décédé), le sage de Saint-Chamond, et à défaut de créer un nouvel euro, de rassembler une nouvelle UMP.

Marcel Bonnot (Doubs) a rejoint le Rump. Valérie Boyer (Bouches-du-Rhône) aussi. Pour diverses raisons, peut-être au vu des sondages indiquant que Fillon restait largement plus populaire que Copé dans l’électorat. Guy Tessier (Marseille), sur le tard (peu avant 20 heures), se joint à Valérie Boyer. Rumpeurs pour la rupture ? Cela ferait un slogan bien pétant. Alain Suguenot (Côte-d’Or) se tâte encore.

Chirac se tait. Membre, comme Sarkozy, du Conseil constitutionnel, il ne veut pas prêter le flanc à la critique de Bayrou qui souhaite que l’ancien président suspende sa participation à cette instance puisqu’il se mêle – avec le succès que l’on constate – des affaires d’un parti

Apparu, ouh !
fais-moi peur !

Benoist Apparu voit le FN à près du tiers des intentions de vote. Le nombre des adhésions au FN est incertain, mais ses fédérations communiquent des chiffres de nouveaux adhérents à la presse locale.
C’est loin d’être le déferlement (près d’un millier) dont se targue l’UDI, mais si tous les électeurs de Marine Le Pen avaient pris une carte, le FN serait de très loin déjà le premier parti de France.

Faible concurrence

L’UDI, même avec un millier de mieux d’adhésions, plafonne à une peu moins de 7 000 encartés : en un peu plus d’un mois, ce n’est pas mal, mais bien loin des ambitions affichées.

Morano twitte dans le vide. Paroles creuses. La France aurait besoin d’elle (et de Copé, Rachida Dati, de Buisson ?).

En tout cas, comme l’a résumé le compagnon de MAM, « la proposition Sarkozy a été jetée à la poubelle. ». Ce n’est pas pour lui déplaire : Sarkozy avait été obligé de lâcher Michèle Alliot-Marie qui voudrait que cessent « les reniements du président de la République sur le mariage des personnes du même sexe ». Aurait-elle espéré en changer et se mettre plus facilement en ménage avec une copine ? On n’a pas très bien compris le sens de ses regrets. Peut-être souhaitait-elle un référendum par insémination artificielle.

Les révélations du Canard enchaîné de la semaine dernière et de cette semaine montrent à quel point le clan Copé s’était fort bien débrouillé pour éliminer Fillon. Faible nombre de bureaux de vote, procuration massives, envois insuffisamment affranchis de plis de vote par correspondance (histoire que La Poste les bloque, les destinataires devant payer une surtaxe).

Méthodes de voyou

Selon Catherine Procaccia (sénatrice, Val-de-Marne), 600 bulletins de vote de Français de l’étranger resteraient en instance dans des bureaux de poste. « La Cocoe a une bizarre façon de compter », considère-t-elle.

Elle estime aussi que quand on peut payer des huissiers (ceux des fillonistes ont été payés par eux-mêmes, pour ceux de Copé…), « on peut payer la surtaxe d’affranchissement ». Ben non, pas la surtaxe, mais la valeur faciale correcte.

Roselyne Bachelot, qu’on accuse côté Copé de faire un « coming out socialiste », évoque tout autant des « malversations » de la part de Copé. Cela étant, le meilleur score de Fillon à Paris, ce fut dans le fief de Tibéri.

Le Canard a relevé que les donateurs à 25 euros de l’UMP qui n’avaient pas adhéré pour autant se sont retrouvés automatiquement encartés, donc susceptibles de voter. Mais surtout de recevoir les multiples SMS, textos, appels automatiques du clan Copé. Ou, si on voulait bien confier une photocopie de sa carte d’identité, voter par procuration. Copé a comptabilisé près d’un tiers de votes par procuration (40 % de procurations dans trois départements, mais dont la Corse-du-Sud où Fillon l’a emporté). Le Canard a recensé 72 Marseillais domiciliés face à la mairie du 4e secteur, celui du copéiste Dominique Tian. Xavière Tibéri a dû ressentir une poussée d’envie.

Rachida Dati twitte « on fait passer Jean-François Copé pour un voyou, il y a un quasi délit de sale gueule. ». Élégante allusion à la maman du petit Jean-François ?

Il est rigolo, Damien Meslot, qui estime désormais le nombre des militants de l’UMP à 330&nbps;000. Soit le double de la participation au scrutin annoncée par la rue de Vaugirard avec un taux de participation de 55 %. Cherchez l’erreur. Si personne n’est d’accord sur le nombre des adhérents, comment l’être sur celui des votants ?

Harlem Désir (PS) a dû fouiller le dictionnaire pour qualifier la crise à l’UMP de manière originale. Pratiquement tout ayant été déjà utilisé, il s’est rabattu sur « pantomime ». Pas au sens que lui donnait Théophile Gauthier : « Là, pas de causeries, de ricanements, d’œillades aux avant-scènes ou à l’orchestre. C’est bien le monde de la pantomime, d’où la parole est absente; l’action ne déborde pas de son cadre. ». Mais à la Jean-Jacques Rousseau : « Un ton philosophe sans pédanterie, des manières naturelles et pourtant prévenantes, également éloignées de la rusticité tudesque et de la pantomime ultramontaine ». Il est vrai que les coups de menton mussoliniens de Copé sont expressifs.

Franche pantalonnade

J’aurais de loin préféré « pantalonnade », comme celle de Turlupin ou de Renan :
« Ces pantalonnades théologiques, qu’on faisait applaudir à Notre-Dame à force d’aplomb et d’éloquence, n’avaient aucun succès auprès de ces sérieux chrétiens. ».

Arnaud Robinet (pro-Fillon mais se considérant encore UMP) ironise : « Je suis le seul élu UMP et Rump dans l’hémicycle, c’est pas beau l’unité retrouvée ! ».

A-t-il ou non signé l’appel lancé ce matin par NKM et Bruno Le Maire pour sauver le référendum ?  Cette « motion d’ordre » aurait déjà recueilli 71 signatures de députés. Oui, mais les fédérations semblent vouloir passer direct à un nouveau vote… Et de toute façon, tout le monde a compris que Le Maire et NKM désirent en fait que l’on revote.

Nicolas Dhuicq s’est enferré en explicitant ses propos sur l’homoparentalité. « Si vous avez à terme des jeunes auxquels on donnera encore moins la chance d’avoir des repères (…) un certain nombre seront enclins à trouver une structuration dans n’importe quoi, aussi bien un mouvement extrémiste que terroriste. ». C’est aux jeunes de l’UMP, avec leurs deux papas et leur maman Nicolas qu’il songeait ?

Claude Bodin (Val-d’Oise) ne veut pas d’un retour aux urnes. Il a raison, sauf à truquer les chiffres, l’hémorragie hémorroïdaire ne pourrait être masquée.

Donner du temps à l’UMP

Hollande et Ayrault viennent de faire une fleur à l’UMP (ou au Rump, ou aux deux). Les cantonales, rebaptisées départementales, seront repoussées à 2015, comme les régionales (en même temps que les élections européennes ?), et les municipales à la proportionnelle sont élargies aux communes comptant de mille à 3 500 habitants. De quoi laisser souffler un peu la droite, mais aussi d’ouvrir plus largement la porte au FN. Mais rien n’est encore joué.

Si quelqu’un·e peut me traduire « Hick-Hack ohne Ende bei der UMP » (Tagesschau), ce serait gentil car je penche peut-être à tort pour « fin ric-rac » (ou « à deux doigts de la droite morte »).

Bruno Le Maire intervient chez BFMTV. « On n’est pas la pour montrer notre tête à la télévision ». Texto. Fallait pas l’inviter, il vient tellement à contre-cœur montrer sa bobine. Tout cela lui fait honte. Il se sent piteux, honteux, mais il vient quand même parader. Elkrief lui demande vers qui, en cas de scission, il rejoindrait. Évidemment, il élude la question. Il préfère évoquer la retenue du gouvernement sur la question. Bref, on ne sait il voue à un croc de boucher.

Pour faire nombre, Le Maire et NKM ont dû faire appel aux eurodéputés. Faute de pouvoir rejoindre le Rump et faire parler de lui, Alain Cadec (Saint-Brieuc) a donc signé. Histoire de faire sa petite déclaration à Ouest-France ? Bruno Bourg-Broc et Benoist Apparu signent une tribune libre dans L’Union. Pour ne rien dire tout en le disant. L’important, c’est d’exister.

Hortefeux en retard d’une bataille

Hortefeux, lui, évoque des « orgueils suicidaires ». Il veut croire encore au référendum. Sarkozy avait souhaité, selon des indiscrétions, dégommer Fillon.

Il estime peut-être qu’il ne fera qu’une bouchée d’un Copé maintenu en place par un référendum arrangé.
Maman Nicolas risque d’être cocue des deux côtés.

Du coup, après celui d’hier soir, elle se refait un jogging.

Cours plus vite, Nicolette, ne te retourne pas et tu gagneras la primaire !

Les sites des quotidiens procédant à du direct sont tellement surchargés de publicité que le rafraîchissement d’écran est de plus en plus lent.

Slate met de l’huile sur le feu ; il propose à ses visiteurs de voter en ligne pour Copé, Fillon, mais aussi Guaino, Juppé, NKM, Le Maire et… Nicolas Sarkozy. Guaino et Sarkozy s’en tirent bien. Fillon pas trop mal non plus, mais les autres… En particulier Copé, à rejeter à 80 %.

Le Nouvel Observateur flingue Copé. Il donne la parole à une militante qui veut que Fillon aille au bout de sa démarche. Sinon, elle « quittera l’UMP sans problème ». Pour l’Obs’, tous les appels à l’apaisement sont vains. Mais Copé finira par venir à bout de Fillon « à l’usure ».
Le Point titre sur « l’autorité perdue de Nicolas Sarkozy ». Saïd Mharane pointe son « impuissance ». Pour TFI, c’est un « Zorro » style Henri Salvador. Un peu zozo, quoi.

Militantes et militants en ont plein la croupe (Rump). Françoise Fressoz (Le Monde) fait état d’un double suicide (Copé, Fillon) au profit de NKM, Le Maire, Bertrand.

Un furieux, un minable 

La tactique de Copé et Jacob ? Diffuser des communiqués critiquant Hollande ou Ayrault comme si tout cela ne les concernait plus.

20 minutes résume : « Les camps Fillon et Copé laissent la situation pourrir ». L’un par la croupe du Rump, l’autre par la tête d’un cachalot qui s’amaigrit. Comme le prime time des radios-télés est passé, plus grand’ monde ne se bouscule. Ah si, Xavier Bertrand, qui confie des platitudes au Figaro. Il feint de vouloir remettre Sarkozy en selle et veut un UMP en ordre de bataille pour les municipales. Mais il ne semble candidat à rien : « nous n’avons pas besoin d’une nouvelle campagne électorale, tout le monde connaît les candidats ». Mais si une nouvelle était lancée ? Ah, la question ne lui sera pas posée. Resterait-il hors-jeu ? Allons donc
Pour faire bonne mesure, Le Figaro redonne la parole aux partisans de Copé.

Sarkozy, selon Le Parisien, serait « sidéré » que sa médiation n’ait pas tenu plus d’une demie-journée. Stupeur et tremblements, Carla Bruni prépare une poche de glaçons. Selon Le Figaro, Sarkozy aurait eu ces paroles définitives : « l’un est un furieux, l’autre est un minable ». Oh là, un minable, on s’en débarrasse, mais un furieux, c’est dangereux.