Les bonnes relations de Copé au service de son cabinet d’avocats

 portrait_visuel_1Il n'aura pas fallu longtemps avant que nous vous reparlions des aventures de Jean-François "cloporte" Copé. Petit rappel : nous le qualifiions le 15 septembre dernier d'Affairiste à temps partiel, après l'annonce de son embauche dans le cabinet d'avocats Gide Loyrette et Nouel, pour y exercer les vendredis et samedis. Ce qui nous semblait poser deux problèmes : le mépris de l'électeur et de ses mandats – maire de Meaux et président de la Communauté d'agglomération, député de Seine-et-Marne et président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, excusez du peu -, puisqu'à l'évidence, ces activités ne suffisent pas à l'occuper, et le risque de conflit d'intérêt.

Pourquoi en effet ce prestigieux cabinet, l'un des plus importants en France – il rassemble 650 avocats dans 21 bureaux disséminés dans le monde entier – engage-t-il ainsi un avocat débutant, puisque Copé n'a prêté serment qu'en mai dernier ? Capital.fr, qui avait révélé l'affaire, donnait l'explication en précisant qu'il "devrait mettre son important carnet d’adresses au service de certains dossiers clés de ce cabinet international". Voilà donc un élu de la République qui va faire jouer ses relations – au vu de la position de Copé, lesdites relations se situent dans les milieux du pouvoir – au profit d'intérêts privés (et pour le plus grand bénéfice de son portefeuille personnel) : on n'est quand même pas loin du trafic d'influence ! Juré, craché, Copé n'allait pas s'occuper d'affaires en rapport avec l'Etat, s'était défendu son entourage à l'annonce de la nouvelle. Mais s'il ne le fait pas directement lui-même, son nouvel employeur escomptait bien tirer bénéfice de sa collaboration pour se placer dans ce type de dossiers (pourquoi l'embaucher sinon ?).
patrick_de_carolis_renouvelle_sa_demande_de_rallonge_budgetaire_resize_crop320par220Gide Loyrette et Nouel était déjà conseil de l'Etat pour la fusion GDF/Suez (avant que Copé ne rejoigne ses rangs). On apprend aujourd'hui que le cabinet a décroché une nouvelle mission : élaborer le "projet de disposition législative" de France Télévisions, commandé par son PDG, Patrick de Carolis, dans le but de répondre aux exigences de la lettre adressée à ce sujet par Nicolas Sarkozy à la ministre de la Culture et de la Communication Christine Albanel. Tout cela aurait dû rester secret, si l'existence même de ce projet n'avait été divulguée par Le canard enchaîné du 3 octobre dernier (qui ne précisait pas qui devait en être l'auteur). Or voyez comme le hasard fait bien les choses : le directeur délégué de France Télévisions auprès du président Carolis, en charge de la stratégie, de l’innovation et de la communication, n'est autre que Bastien Millot, ex-directeur-adjoint de cabinet de… Copé, alors ministre du Budget, "et ami du député-maire de Meaux (Copé lui avait même prêté son appartement)", comme l'ajoute fielleusement Marianne2, qui a sorti le scoop. Le monde est petit. Bien petit, puisque deux autres anciens collaborateurs du président du groupe UMP travaillent à France Télévisions (l'attachée de presse personnelle de Carolis, Aurélie Ferton, et le directeur général Damien Cuier). Précisons que pendant que Bastien Millot occupait l'habitation du ministre Copé, ainsi que l'avait à l'époque révélé Le canard enchaîné, ce dernier était logé par l'Etat dans un 230 m2 près des Invalides (Paris VIIème), pour 5 500 euros de loyer mensuel, aux frais du contribuable : pourquoi se gêner ? Alors, renvoi d'ascenseur de Millot à Copé ? Le directeur délégué des chaînes de service public proteste que le cabinet Gide Loyrette et Nouel "travaille avec France Télévisions depuis douze ans". Ce à quoi Marianne2 répond : "Il n'en demeure pas moins que le cabinet collaborant avec le chef des députés de la majorité – à ce titre chargé de leur faire adopter le budget du groupe France Télévisions – apparaît malencontreusement au coeur d'un réseau aux mailles étroites de personnes d'influence. Question : après douze ans de fidélité Gide Loyrette et Nouel, ne serait-ce pas le bon moment pour procéder à un appel d'offres en bonne et due forme, afin de se dédouaner de toute collusion ?" Bonne question, ailleurs que dans une république bananière ! Soupçons de conflits d'intérêts et trafics d'influence au coeur du pouvoir : vous avez dit "rupture" ?