Cécilia et Nicolas : la rupture clandestine

Trois semaines que Cécilia Sarkozy aurait quitté son président de mari, à en croire la presse suisse ! La Tribune de Genève et 24 heures ont publié cette nuit le même article, à une phrase près. Le premier journal ajoute une information du Canard enchaîné d'hier : que le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, «a fait chercher dans les annales quels sont les présidents français ou étrangers qui ont divorcé» en cours de mandat. Pour le reste, le texte est identique, qui démarre en boulet de canon : "La presse hexagonale est prête à officialiser la séparation du couple présidentiel. Les rédactions sont dans les starting-blocks. Les journalistes attendent un communiqué de l’Elysée ou une déclaration de Cécilia Sarkozy pour faire leurs gros titres. «Les pages sont déjà montées», confirme le rédacteur en chef d’un grand magazine." La Tribune est plus explicite encore dans la légende de la photo illustrant le papier : "Cécilia et Nicolas Sarkozy ne vivent plus ensemble. Les journaux attendent la permission de l’Elysée pour annoncer leur séparation."

Conclusion identique dans les deux médias : "Les ennuis de couple présidentiel ne sont plus du domaine de la sphère privée. Pourtant, la presse française ne sait toujours pas comment les aborder. Une question d’éthique ? Pas seulement. Les patrons de presse sont tous amis avec le président. Tant que l’info n’est pas officielle, elle n’existe pas. Cécilia et Nicolas Sarkozy ne vivent plus sous le même toit. Est-ce suffisant pour pouvoir parler de séparation ? Quelques journaux commencent à s’y aventurer. Beaucoup attendent une «permission» élyséenne pour pouvoir l’écrire. D’autres spéculent encore sur un nouveau rabibochage de dernière minute."

En France, Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de Libération, s'offusquait lundi dans les colonnes de son journal, dans un éditorial titré Cécilia, la rumeur et l'Internet. Sa thèse : les journaux sont sérieux, donc ils ne parlent pas d'une rumeur, au contraire des blogueurs, qui devraient avoir honte de la colporter. Un peu court : s'il n'est pas avéré que la rupture soit définitive, est-il interdit d'en faire état ? On peut objecter que l'information serait sans importance – c'est évidemment ce que prétendent les sarkozistes, sur l'air indigné du "c'est leur vie privée, ne fouillez pas dans les poubelles". Mauvaise foi : qui a constamment mis en scène sa famille, s'étalant en sa compagnie dans la presse people ? Qui met sans cesse en avant sa femme, allant même jusqu'à la dépêcher en mission officielle en Lybie, s'extasiant ensuite à plusieurs reprises de son travail "remarquable" ? De cela, on aurait le droit de parler, et l'on en est d'ailleurs abreuvé dans tous les médias, mais silenzio stampa dès que le couple ne correspond plus à l'image idyllique que Sarkozy veut en donner ? De qui se moque-t-on ? Et si les protestations de Joffrin, mettant la déontologie journalistique en avant, n'étaient qu'une pitoyable tentative de cacher la vérité : que les médias français tremblent de froisser le colérique locataire de l'Elysée et s'autocensurent tant que celui-ci ne leur donne pas le feu vert ? Est-ce ainsi que doit se concevoir une information libre ?

La Une de Voiça ci-dessus est tirée du corrosif blog Sarkostique.

Mise à jour du 12 octobre : "De sources proches de l'Elysée, le porte-parole de l'Elysée David Martinon devrait annoncer dans la journée la séparation et le divorce du Président de la République Nicolas Sarkozy et de son épouse Cécilia. La femme du Président, qui a réalisé une série de photographies pour un magazine spécialement à cet effet, devrait s'expliquer dans les prochains jours sur cette rupture spectaculaire", écrit ce matin L'Est Républicain dans un papier à la Une de son site, titré L'Elysée devrait annoncer le divorce des Sarkozy.

manifMise à jour du 18 octobre : après s'être obstiné dans le "aucun commentaire" officiel, l'Elysée a enfin annoncé le divorce, pourtant déjà prononcé il y a trois jours. Pourquoi avoir attendu trois jours et ni deux, ni quatre, ni ne l'avoir officialisé le jour-même ? Difficile de ne pas observer la "coïncidence" avec la journée qui eut dû rester dans l'actualité comme celle de la grande mobilisation sociale. Diversion !

 

6 réflexions sur « Cécilia et Nicolas : la rupture clandestine »

  1. ça c’est de l’information !
    c’est même l’info du siècle ! tous les médias avaient fait silence complet pendant des années sur les vies parallèles de certains (je ne cite pas de nom mais on comprendra) ex-chefs d’état français… mais que Nicolas Sarkozy ait des problèmes conjugaux – comme tout à chacun, en somme et hélas – ça c’est de l’info ! bravo messieurs les « soit-disant-journalistes » vous auriez même le droit de porter un autre titre bien moins glorieux ! n’y-a-til pas de sujet plus importants pour le pays ? Monsieur SARKOZY semble être devenu le sujet principal de toutes les rédactions, pouvez-vous le laisser faire tout simplement faire son travail ? ce qui ne doit pas être facile pour lui en ce moment. Vous êtes-vous seulement trouvé dans cette situation de devoir gérer en même temps un divorce et un poste à responsabilités ? c’est aussi un homme tout simplement !

  2. Puisque vous faites allusion à Mazarine, semble-t-il, ce n’est pas au prétexte que les médias ont failli dans le passé qu’ils doivent continuer jusqu’à la fin des temps !
    C’est l’assourdissant silence médiatique que je dénonce. On ne peut pas mettre sa vie privée en avant à ce point, aller même jusqu’à donner une mission officielle à Cécilia en Libye, puis invoquer la vie privée pour ne plus parler de rien dès que ça ne va plus.
    De quoi les journalistes ont-ils peur ? La presse française est-elle encore libre ?

  3. la presse en question
    Comment ? la presse ne serait pas libre en France ??? à qui la faute à votre avis ? si ce n’est à la presse elle même : « On ne peut pas être à la fois porteur de l’indignation générale et la pratiquer silencieusement en même temps. Il faut apprendre à balayer devant sa porte ! la presse doit être un exemple d’intégrité, plus exactement « devrait être ». C’est loin d’être le cas ! » Quand je lis les « effets de manches » des journalistes au sujet des indemnités perçues par le patron EADS par exemple, mais qu’en même temps on évite bien concieusement d’évoquer celles empochées par certains ex-PDG de qutodiens régionaux (par exemple) à l’arrivée d’un nouvel actionnaire principal, ça pose question ! on ne peut pas être juge et parti !

  4. Vous avez raison
    Toutefois, il faut se garder de vouer aux gémonies « les journalistes » en général, parce qu’il en reste heureusement beaucoup qui tâchent de faire leur travail correctement. Je critiquerai davantage les gr

  5. les grands médias que les journalistes eux-mêmes. Ce qui n’empêche que certains confrères se conduisent de façon bien peu déontologique, c’est un fait…

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