L’entretien de Nicolas Sarkozy : le retour du candidat

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L'entretien qu'à donné le président de la République ce jeudi soir sur les chaînes de télévision française était plutôt attendu : après de très mauvais résultats dans les sondages y compris pour le bilan de sa première année à la tête de l'Etat, il devait convaincre, notamment autour du pouvoir d'achat, mais aussi sur la communication de l'Elysée ainsi que sur les réformes prévues.

L'exercice relevait naturellement plus de la communication que du véritable bilan et a bien confirmé le nouveau style que souhaite se donner le chef de l'Etat : de l'humilité, de la sobriété, loin de l'arrogance supposée des premiers mois. A huit reprises, le président admettra avoir pu faire des erreurs. L'échec des municipales pour la droite et les mauvais sondage, qui confirmaient le mécontentement des français sur le style du président, en rapport avec sa fonction présidentielle, après son voyage en yacht ou le mariage un peu pipeule du président, juste après son divorce, y sont sans doute pour quelque chose. De fait il semblerait même que le ton de la voix ait été travaillé.

A une question sur les immigrés clandestins, le chef de l'Etat répond qu'il n'est pas roi et qu'il n'a pas à faire les lois seuls, ce qui est bien vu. De fait il s'agit peut-être également de ne pas trop décevoir la branche la plus à droite de son électorat de départ aux présidentielles, qui se serait déjà très largement évaporée. On ne peut que se féliciter également d'une petite mise au point : dans l'embauche des immigrés clandestins, des patrons profitent au passage d'une main d'oeuvre bon marché, sans toujours s'acquitter des impôts habituels sur leurs salariés sans papiers, allant jusqu'à prétendre ignorer la situation de leur état civil.

Sur les questions économiques, le président laisse tout de même le spectateur un peu perplexe. Il n'y est pour rien, le prix du pétrole, la conjoncture économique, l'Etat qu'il faudrait dégraisser, etc, etc. Le discours est à peu près le même que celui du candidat Sarkozy, mais un peu moins volontaire. Il n'est plus question d'aller chercher soi-même la croissance, la France est aussi dépendante de la situation internationale. C'est un aveu d'impuissance, la promesse en plus de préparer le terrain pour son retour, en dégraissant le mammouth pour commencer : un retour à la réalité en somme.

C'est d'ailleurs sur ce sujet que le président a fait la seule déclaration vraiment concrète de son discours : financer le revenu de solidarité active en y consacrant les sommes allouées à la prime pour l'emploi, ce qui revient à déshabiller Paul pour habiller Jacques, les primes pour l'emploi étant habituellement réservées aux personnes les plus démunis, lesquelles ont parfois un emploi régulier. Le président reviendra certainement sur la chose ou sur le terme, ainsi qu'il en donné l'habitude pour d'autres réformes annoncées, d'autant que cette annonce-ci est tout à fait maladroite. Enlever des avantages aux tout petits contribuables après en avoir donné aux plus gros mécontentera forcément une bonne partie de l'opinion.
Le président a aussi plaidé pour remettre la France au travail, une évidence qui s'impose, mais qui s'oppose à une autre évidence : pour travailler il faut de l'emploi et le plein emploi n'est pas pour aujourd'hui. Un discours sur l'éducation nationale cohérent : inutile de rajouter toujours des fonds et du personnel pour des résultats improbables.
 A travers cette fermeté sur différents sujets, le président retrouve un peu du ton du candidat qu'il fut il y a un an, mais il n'apporte rien de réellement nouveau. Il faudra pour convaincre joindre le geste à la parole.
Les Français étaient certainement prêts à supporter beaucoup en appelant Nicolas Sarkozy à la présidence, mais le sont-ils encore? Il faudra pourtant que tôt ou tard des décisions énergiques soient prises, sans quoi la situation française n'évoluera pas. Comme chacun le sait, ces décisions seront impopulaires mais s'imposeront d'elles-mêmes si personne ne prend le taureau par les cornes.
Yvan Rioufol, qui soutient l'esprit de réforme de Nicolas Sarkozy se posait déjà la question il y a peu sur son blog  : Nicolas Sarkozy est-il de droite? Même un Sarkozyste convaincu ne saurait nier certaines évidences, l'on évoque donc dans le dernier bloc-note, "l'embrouillamini des projets", mais aussi le nouveau traité européen pour lequel on passera au-dessus des français, ou encore la décision de faire " supprimer l'obligation d'un référendum pour ratifier l'adhésion d'un nouveau pays à l'Union européenne". Tout cela est bien symptomatique de la déception que suscite le président, y compris auprès de ses plus chauds partisans. Et pourtant Yvan Rioufol ne voit pas d'autres alternatives que Sarkozy pour faire évoluer le pays
C'est une direction claire qui est attendue et le respect des promesses du candidat. Ajoutons une chose : le président m'a tant fait penser au candidat, qu'un instant il m'a semblé que ses yeux étaient redevenus bleus, comme à l'époque…

15 réflexions sur « L’entretien de Nicolas Sarkozy : le retour du candidat »

  1. BLAISE, je ne dirai qu’un mot : MAGNIFIQUE!, tant dans l’analyse que dans l’écriture du texte, voici un de vos plus beaux articles!!!
    Et votre conclusion nou donne un petit goût de « regret », de ne pas avoir conservé, cette image d’un homme qui voulait changer la france, et qui disait : « Avec moi, Tout devient POSSIBLE »
    FELICITATIONS, BLAISE, même les détracteurs de N. Sarkozy, ne pourront que reconnaitre votre Talent!!!
    @micalement 8) 🙂 :-*

  2. BLAISE : la Honte, je ne me souvienenais plus de l’exact slogan de campagne :
    « Esemble tout devient possible », c’est un « comble », 8) 🙂

  3. Le candidat…?
    Non , moi je vois un manipulateur, excellant dans la pratique de l’outil de communication, et qui m’apparait complétement impuissant.
    De mea culpa en mea culpa, Nicolas Sarkozy endosse certaines responsabilités, quoique il n’a pas a porter le fardeau d’une vingtaine d’années d’immobilisme, de droite ou de gauche.
    Un ton humble …Atals supprotant les lourdes charges de la Présidence..
    Et dire que des sondages nous font état que les Français seraient désireux de voir la nomination de François Bayrou…au poste de Premier Ministre…Dans la foulée pourquoi pas Le Pen au Ministére de l’immigration..
    L’électorat français a l’air aussi dépassé que le petit Nicolas.
    Amitiés Michel

  4. Expliquez-vous Blaise: « Les Français étaient certainement prêts à supporter beaucoup en appelant Nicolas Sarkozy à la présidence, mais le sont-ils encore? Il faudra pourtant que tôt ou tard des décisions énergiques soient prises, sans quoi la situation française n’évoluera pas. » Moi je ne l’ai jamais appelé !!! J’ai alerté dès 2006 sur le caractère dangereux de cet homme !

  5. « Expliquez-vous Blaise »

    Ourf, cela sonne comme un défi…

    Je m’explique donc : nous ne pouvons pas continuer comme cela avec des oeillières. La dette de la France a explosé. Les retraites seront menacées tôt ou tard. La sécurité sociale ne ressemble plus à rien, la rue est de plus en plus violente, le chomage est très présent, etc, etc…

    Il y aura des sacrifice à faire, dans un sens ou dans l’autre. Je ne dis pas que Sarkozy est la solution, je dis qu’il faut faire quelque chose. Sarkozy ne me plait pas, mais stagner ne servira de rien.

  6. C’est aussi ce que Sarkozy a du comprendre, c’est la raison pour laquelle il tient ce discours très volontaire : les gens le savent. Plusieurs ont grandi en sachant qu’ils n’auront pas de retraite.

    Le système est d’ailleurs faussé. Autrefois les gens faisaent des enfants pour ne pas crever seuls, aujourd’hui ils n’en ont plus besoin. Mais la société si…

  7. C dans l’air
    J’ai regardé C dans l’air avec Yves Calvi.

    L’économiste présent trouvait que notre président avait été bon il était que quelqu’un qui reconnaissait s’être trompé souhaitait continuer avec les mêmes méthodes.

    Moi je n’ai pas regardé l’intervention hier soir mais j’ai préféré régarder Cdans l’air.

  8. J’ai oublié un mot et ça ne veut rien dire. (j’ai relu trop vite excusez moi)

    J’ai regardé C dans l’air avec Yves Calvi.

    L’économiste présent trouvait que notre président avait été bon il était quand même étonné que quelqu’un qui reconnaissait s’être trompé souhaitait continuer avec les mêmes méthodes.

    Moi je n’ai pas regardé l’intervention hier soir mais j’ai préféré régarder Cdans l’airce soir.

  9. « L’économiste présent trouvait que notre président avait été bon il était quand même étonné que quelqu’un qui reconnaissait s’être trompé souhaitait continuer avec les mêmes méthodes. »

    Oui! Un pas en avant, un pas en arrière… On ne sait plus très bien ce qu’est la méthode Sarkozy!!!!

  10. Blaise: pour que la France aille mieux, il faudrait davantage de justice sociale !
    tous les economistes constatent que la productivité est tres bonne en France même avec 35 h/semaine ce qui a permis à une main d’oeuvre feminine modeste de s’occuper davantage du foyer:
    CELA N’EST T-IL PAS BON ?
    D’autre part, l’écart ne cesse de se creuser entre les revenus bas et hauts : c’est la fracture sociale qui ne cesse de s’ouvrir comme une faille géante, mettant en cause à plus ou moins long terme la stabilité de tout le corps social.
    Faire des efforts: les français en ont déjà beaucoup fait ; pour leurs entreprises ferment ou se délocalisent pour aller produire du fric avec d’autres prolétaires !!!
    Moi-même pendant 2 ans je suis parti travailler en Suisse pour nourrir ma famille qui était restée en France:
    faire des efforts oui…mais le resultat c’est que les poches des capitalistes explosent !!!! ET EN PLUS, ILS FRAUDENT POUR NE PAS PAYER L’IMPOT DE LA REPUBLIQUE .
    VOILA LA VERITE

  11. LE NAIN
    Blaise très belle article ,en plus plébiscité par Sophy pour moi un peu long mais très
    explicite Bravo .Je suis toujours fière de ne pas avoir voté pour cet énergumènes ,pour
    moi de toute façon au deuxième tour il n’y a plu vote mais choix et celui-ci ne me convenais pas tu tout ,donc se président qui affirme que les caisse sont vide et qui veux
    nous montrer une pièce de théâtre pour montrer a sa femme qu’il s’est monter un spectacle
    ne m’amuse pas surtout pour 230 000E et en plus ne parle que de ses problèmes et non pas
    des nôtres ,définitivement non !Nicolas ne peu rien pour nous moi non plu ,Adieu !!!!

  12. Ordre de parution ?
    RE: bonsoir je vois qu’une journée n’a pas changé l’ordre de parution des commentaires ?
    ne me dites pas que C4N est comme le gouvernement et met la charrue avant les bœufs ? 🙁

  13. « Ensemble, tout devient impossible » : telle devrait être la devise de l’actuel locataire de l’Elysée…

    En regardant cette émission, j’avais, même si, sur certains points, j’étais en parfait accord avec le Chef de l’Etat, comme une impression de « leçon bien apprise »…

    Hormis Yves Calvi, qui semblait mal à l’aise, on voyait des journalistes, presque au garde à vous, entrain de poser des questions savamment préparées, avec, très certainement, des réponses tout aussi sciemment apprêtées !

    Puis, lorsque le Chef de l’Etat a parlé de lui-même de la somme récupérée grâce aux franchises médicales, quel ne fut pas mon étonnement ? En effet, aucun journaliste, pas même Yves Calvi, ne s’est précipité pour lui poser des questions sur cette disposition ô combien impopulaire !

    Bref, j’ai assisté à une émission qui m’a laissé totalement sur ma faim ! En effet, elle manquait, aussi bien de la part des journalistes, que de celle du Président Nicolas Sarkozy, de spontanéité !

    En conclusion, « Ensemble, tout devient possible, même de ne plus espérer ! ».

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