pour les chômeurs des pays du sud.

 

 

L’Allemagne est un aimant, elle attire des milliers de jeunes chômeurs des pays du Sud de l’Europe, Grèce, Espagne, Portugal. Selon les prévisions de l’Agence fédérale pour l’emploi, le nombre d’actifs Allemands va baisser à 6,5 millions d’ici à 2025 en raison de la dénatalité. D’ici à 2030, il manquera à l’Allemagne 5 millions de travailleurs, dont la moitié de diplômés. Les calculs montrent qu’il faudrait à l’Allemagne 200.000 immigrés par an pour combler le déficit. Elle ouvre donc ses portes pour le combler, c’est ainsi qu’en 2011 elle a accueilli 24.000 Grecs et 21.000 Espagnols 90 % et 51% de plus qu’en 2010. L’Allemagne est riche par rapport à ces pays et la tentation pour cette jeunesse Grecque, Espagnole, Portugaise sans travail de s’expatrier est grande.

 

Seulement les obstacles sont nombreux, et en premier la langue qui est obligatoire ainsi que la mentalité différente. Penser Allemand pour un Grec, un Espagnol, un Portugais, c’est du temps qu’il faut. Il y a aussi le climat dont il faut s’habituer. Le graphique suivant donne le taux de sous emploi ajusté des variations saisonnières de quelques pays de la zone euro à janvier 2012, source Eurostat mis à jour le 4 juin.

 

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Les taux de sous emplois sont de 23,5 % pour l’Espagne, de 21,3 % pour la Grèce, et pour le Portugal et l’Irlande de 14,7 %. Mais ce qui est le plus significatif est le sous emploi des jeunes. Il atteint pour la Grèce 50,8 % pour des jeunes de moins de 25 ans. Pour 50,5 %, le Portugal 35,4 %, l’Italie 31,9 % et la France légèrement moins affectée, 21,7 %, données le Monde Économie.

 

Il pousse les jeunes vers l’Allemagne que l’on vend comme un paradis. Ils pensent que le job de rêve va tomber du ciel. D’autres pensent qu’ils peuvent se présenter pour un emploi de la même façon qu’en Espagne, sans même parler Allemand. L’Institut Goethe de Barcelone est saturé de demandes, la fréquentation a grimpé de 70% en un an. Certains découragés d’apprendre la langue choisissent d’aller directement à Berlin quitte à vivoter de petits boulots. Ils pensent ainsi gagner de l’argent pour se payer des cours intensifs et se forger à leur mentalité. Ces derniers mois 20.000 candidats Espagnols se sont inscrits à la centrale Allemande pour le placement des salariés étrangers, ZAV, un organisme public qui dépend de l’Agence pour l’emploi.

 

Un quart d’entre eux sont ingénieurs. Les ingénieurs Espagnols et Portugais ou les médecins Grecs qui bénéficient d’une bonne formation, sont faciles à intégrer. C’est pourquoi la ZAV concentre ses efforts sur eux. «Il y a un grand potentiel en Espagne, affirme Monika Varnhagen, directrice de la ZAV. Des milliers d’ingénieurs sont au chômage. Mais aussi des diplômés en informatique et l’intérêt pour l’Allemagne est grand». Avant la crise, Monika Varnhagen chassait des têtes et des bras pour l’industrie Allemande en Indonésie ou au Vietnam, plus la peine d’aller aussi loin, en Espagne se trouve un vivier.

 

En fait les Allemands cherchent de tout, cela va du médecin au personnel soignant, aux ingénieurs. C’est la politique d’immigration choisie de Nicolas Sarkozy, mais sur une plus grande échelle et limitée à l’Europe. Les spécialistes, cardiologues, anesthésistes, mêmes des généralistes, sont les bienvenus. En Grèce les caisses sont vides dans services publics, et les médecins ont vu leurs salaires chuter fortement, l’Allemagne leur offre un eldorado.

Mais aussi 350.000 Polonais, Roumains, Bulgares, Hongrois qui ont profité de la libre circulation à l’ouverture des barrières, et des nouvelles dispositions de travailler en Allemagne sans autorisation préalable sont devenus des immigrants. L’Allemagne est perçue maintenant comme un pays d’immigration. 7 millions de personnes détentrices d’un passeport vivent en Allemagne, soit plus de 2,6 % part rapport à 2010. Cette évolution est encouragée par le gouvernement et même les forces politiques. Les prévisions de la Bundesbank sont de 20.000 étrangers pour compenser la baisse de natalité.

 

Le Portugal n’est pas en reste, dans la petite ville Allemande de Schwäbisch Hall, Guido Rebstock, en allumant son ordinateur le 8 février dernier de son bureau de l’agence pour l’emploi, constata que sa boîte émail était noyée sous 2.500 candidatures spontanées et de lettres de motivation venues du Portugal. La ville ne compte que 37.000 habitants. L’anecdote est la suivante, une journaliste Portugaise avait été invitée par la ville Allemande a découvrir les opportunités d’emplois dans la région qui compte notamment le géant de l’automobile Daimler, en manque de main-d’œuvre. La journaliste avait titré son article «découvrez cette ville Allemande qui veut embaucher des Portugais». L’article fut partagé très rapidement via Facebook, et pas moins de 14.000 Portugais ont depuis postulés. Mais ces jeunes Portugais ne se content pas que de l’Europe, ils vont au Brésil, en Angola, au Mozambique dont l’économie est florissante, beaucoup est à construire.

 

Quant à nous, nous n’en sommes pas encore à ce niveau, mais nous y courons. Une tempête s’amorce sur l’industrie Française. 8.600 postes sont menacés par des fermetures d’usines. «L’industrie recommence à supprimer des emplois à des niveaux qui se rapprochent du pic de 2009, tandis que le rythme de création dans les services se calme nettement», précise David Cousquer, de Trendeo, lu dans Le Monde.fr. Mais le pire c’est que les trésoreries se sont énormément dégradées. Les marges bénéficiaires sont devenues ridicules. Le gouvernement ferait bien d’être prudent quant à l’augmentation des charges des entreprises. Voir aussi Les dossiers sociaux laissés par la gestion Sarkozyenne.

 

C’est une situation préoccupante, comment l’Europe peut-elle s’en sortir quand nous avons un taux de chômage qui s’est élevé de 1,2 % en mai, avec plus de 33.300 chômeurs ? L’Espagne est au bord du gouffre, et lance un SOS Européen. Elle aurait deux problèmes, son système bancaire qui est déficient et le surcoût qu’elle devrait supporter, par rapport à l’Allemagne, pour emprunter avec un taux plus élevé de 500 points de base. Cela signifie qu’elle ne peut emprunter sur les marchés. C’est pourquoi elle attend un coup de pouce de l’Europe. Soit une intervention de la, BCE, ou des mécanismes Européens sur le marché des obligations d’État pour faire baisser la prime de risque et lui permettre d’emprunter à des taux raisonnables pour recapitaliser ses banques. Le refus des euros bons par l’Allemagne, ne résout rien, il aggrave la situation, et oblige à emprunter à la BCE, une absurdité !

 

En Allemagne des voix s’élèvent pour permettre une recapitalisation directe via le MES. Lundi, le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a dit qu’il s’agissait d’une «option sérieuse», qui permettrait de «rompre le lien entre États et les banques». En l’état actuel des choses, le MES, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet, peut seulement faire des prêts aux États. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy ne veut pas demander un tel prêt pour ses banques car cela supposerait un sauvetage en bonne et due forme. Du point de vue Européen, un plan d’aide à l’Espagne pourrait être tout simplement infaisable, car trop élevé pour les mécanismes en place. Voir aussi, Pourquoi renflouer les dettes souveraines de la zone euro.

 

Reste que l’Allemagne s’oppose à un tel changement du MES car cela supposerait grossièrement que les contribuables Allemands recapitaliseraient les banques Espagnoles sans les conditions d’austérité et de réformes qui ont été exigées à la Grèce, à l’Irlande et au Portugal en contrepartie d’une aide financière, Les Échos.fr.