Le Tabarkagate de MAM relancé par Mediapart

Pour cette 455e contribution sur Come4News, j’avoue, je vous fais un peu du grand nimportnawak et je vais même pomper intégral Mediapart. Vite fait, mal fait. J’ai des circonstances quand même un peu plus avouables que celles de Michèle Alliot-Marie à Tabarka.

Ben voui. Le moteur d’enregistrement de C4N étant ce qu’il est, j’avais cliqué deux fois sur l’icône d’enregistrement de mon papier sur Jacques Séguéla chevrotant son antienne dans… le numéro anniversaire de L’Écho des Savanes. Du coup, cela me faisait un doublon. Solution : renommer le superflu en « essai », pour rééditer pour réécrire dessus, sur un peu n’importe quoi, comme la fermeture du Quick en Avignon (bah, il y en avait trois, il y eut une intox alimentaire, ils en ont rouvert un pour une soirée, et c’est un non-événement que Le Post tente d’enfler démesurément). Au lieu de cela, je vous pompe « La Boîte noire » du dernier article sur MAM de Mediapart qui a dépêché des envoyés spéciaux à Tabarka.
« Toutes les personnes interrogées pour cette enquête ont demandé à rester anonymes par crainte de représailles. Le porte-parole du groupe Aziz Miled a quant à lui refusé de confirmer les informations, renvoyant vers le Quai d’Orsay. En interne, nous avons décidé de ne plus parler de rien. M. Miled est une personne importante en Tunisie, on ne peut pas salir son image, a-t-il expliqué. ».

L’ambassadeur intérimaire de Tunisie a eu beau se voir mettre sur la touche après avoir quasiment demandé à MAM un autographe tel un fan de Dorothée ou Goya en présence de ses idoles, cette notule de Brégoux et Magnaudex, de Mediapart, en dit long sur la seconde révolution de Jasmin (la première, c’était la prise de pouvoir de Ben Ali, selon la presse de l’époque).
Je vous résume à ma manière, biaisée, le sentiment que je retire de l’ambiance à Tabarka telle que décrite par les envoyés spéciaux : c’est l’heure des règlements de compte. Nul doute que les plus impliqués dans le régime Ben Ali continuent d’obtenir des visas de l’ambassade de France pour venir (transiter peut-être) dans nos aéroports, mais pour d’autres, c’est direction l’Italie bientôt, si ce n’est déjà fait, en clandestins. Mais tout le monde continue de redouter Aziz Miled, qui doit avoir le bras aussi long qu’avant. D’où l’anonymat requis par toutes et tous.
Quant à MAM elle aurait non seulement utilisé l’avion des Trabelsi et Miled à quatre reprises, mais avec à chaque fois une réception tout à fait officielle, les notables changeant à l’occasion entre temps en raison des événements.

Elle est parfois escortée de Yassine Ben Abdessalem, un ancien des casinos Partouche. De son passage à l’Intérieur de l’après-Pasqua, MAM a conservé un carnet d’adresses. Les anonymes sont unanimes, ni MAM, ni sa famille, n’ont rien payé tout au long de leur séjour. Brégoux et Magnaudex sont en fait revenus bredouilles de Tabarka. Rien de probant. Il aurait sans doute mieux valu parvenir à trouver les bons de réservation de la famille sur Tunisair, et les confronter à ce que MAM a pu produire. Mais, bon. Au moins confirment-ils, et c’est le titre, une info que L’Obs avait pris avec des pincettes : « Alliot-Marie a bien eu Ben Ali au téléphone en Tunisie ».

Cette fois, le coup de bigophone avec Ben Ali, c’est confirmé par les services de MAM en son régalien ministère. Là, pour obtenir cette confirmation, il fallait soit peut-être prêcher le vraisemblable, soit disposer de quelques billes recueillies sur place, ainsi de la trace d’une communication entre l’un des hôtels et la présidence de Ben Ali. En revanche, le Quai d’Orsay dément que Ben Ali ait sollicité des matériels de répression des manifestations ou que MAM ait spontanément décroché un combiné pour en proposer. On peut toujours le croire.
Autre confirmation officielle, la fuite dont a bénéficié Le Canard enchaîné est avérée. Les parents de MAM se sont bien offert une résidence secondaire tunisienne. « Leur vie privée leur appartient. Les acquisitions qu’ils effectuent pour eux-mêmes ne concernent qu’eux, et personne d’autre, » a fait savoir fifille. C’est vrai, et cela ne regarde surtout pas les Tunisiennes et les Tunisiens qui, s’ils pouvaient localiser la baraque, seraient tentés d’y mettre le feu. Ce serait dommage. À 94 et 92 ans, ce serait mal récompenser des parents soucieux de défiscaliser une partie de l’héritage de MAM en se lançant dans les affaires (en acquérant une SCI hôtelière tunisienne, par exemple, ce qui fut fait).
C’est dommage, Éric Woerth, s’il était encore au Budget, aurait certainement tout fait pour éclaircir les tenants, aboutissants et détails de cette acquisition. Histoire de nous éclairer sur son volet fiscal. 

Tiens, pour ne pas tout à fait pomper Mediapart, une petite anecdote personnelle que je tiens de l’ami Hosni. Diplômé de la Sorbonne, il avait tenté le retour en Tunisie pour profiter des zones franches insulaires instaurées par les Ben Ali. Il crée donc une société d’importation de produits de la mer avec le capital minimum requis. Quelques mois plus tard, les Ben Ali et Trabelsi rehaussent, et rétroactivement, ce seuil minimal. Ils ont pu  ainsi faire place nette, reprendre les affaires mises en faillite, bouter hors des zones franches les petits concurrents. L’ambassade de France savait, MAM sans doute savait-elle, mais c’est avec ce genre de spoliateurs qu’elle s’accoquinait. Hosni a tout tenté ensuite en Tunisie, comme de louer des scooters dans les hôtels aux touristes, comme se reconvertir dans le catering des cantines. Il a fini par jeter l’éponge et rentrer en France. Avec des papiers. Sans, Besson, un autre adepte du tourisme de luxe, se chargeait de l’expulser. Remarquez, MAM aurait pu s’en charger. Rendre à la Tunisie du personnel d’encadrement, pour l’hôtellerie de ses parents par exemple, et prêt à accepter n’importe quel salaire, cela lui aurait-il tant déplu ? Un petit coup de Tarnac histoire de remettre des Tunisiennes et des Tunisiens sur leurs tarmacs, à la merci d’employeurs tels Aziz Miled.
MAM va bientôt nous faire croire qu’elle avait eu l’intention de se rendre à Djerba en voiture avec papa-maman et son petit prince d’Ollier, mais que, finalement, elle a eu une offre impromptue qu’elle ne pouvait pas refuser pour se rendre à Tabarka, bien moins distant. Le Tabarkagate, c’est l’accumulation de ses mensonges, allégations et démentis. C’est du Woerth dans le texte, à quelques variantes près.

C’est simple. MAM veut se rendre initialement à Djerba. Elle s’enquiert d’une voiture à louer, mais comme elle se méfie des tarifs pratiqués à l’aéroport ou dans les hôtels, la voilà qui tente de hèler un taxi pour trouver un loueur moins cher en ville. Et là, un certain Aziz Miled croit qu’elle fait de l’auto-stop. Il l’embarque et lui tient à peu près ce langage : « ouh là, mais Djerba, c’est loin… Tenez j’ai une affaire, vous pouvez séjourner dans un appartement-témoin. Vous n’êtes pas forcée d’acheter, hein ! Et en plus, on vous achemine  gratuitement en avion. On vous offre un petit goûter et dégustation de produits locaux, mais vous n’êtes pas forcée d’acheter, pas du tout. C’est gratuit. Il y a juste une petite présentation des opportunités immobilières du secteur de Tabarka, une jolie localité tout au bord de la mer, et c’est beaucoup plus facile à louer que du côté de Djerba, vous feriez une bonne affaire… ».
Sitôt dit, sitôt fait, et MAM de nous assurer ensuite, telle un Woerth, « je n’ai jamais menti ». Rue89 reprend, par le menu, vidéos en faisant foi, toutes les déclarations et revirements de MAM, et cela devient pitoyable.
La presse étrangère traduit les commentaires ironiques du Canard enchaîné : « MAM nos hizo reír mucho con su historia del jet-stop. Recuerden que había dicho que Aziz Miled pasaba por ahí con su avión, una coincidencia, y le propuso a toda la familia llevarlos a Tabarka. » (elle nous fait nous gondoler avec son histoire de jet-stop. Voilà l’Aziz Miled qui passe avec son avion, coïncidence, et hop, on embarque pour Tabarka, adaptation libre car d’où je suis, je devrais attendre après-demain pour mettre la main sur le volatile). MAM encore plus blagueuse que Berlusconi, fallait le faire. En fait, papa-maman et fifille avaient pour projet une belle œuvre humanitaire. Recaser les Zorah, les Ruby, et quelques autres, en soubrettes dans un hôtel-école, histoire de leur apprendre un autre métier que le tapin. Vous êtes priés d’y croire. Mieux que l’Arche de Zoé, la Fondation caritative MAM. Et c’est d’une telle belle âme qu’une opposition dévoyée voudrait priver la diplomatie française ! Cela me remémore la pub de Tapiro, Leila, cent francs plus tard. Pour la Fondation MAM, et que l’école hôtelière dure, amis, donnez !
Martin Malvy, président PS de la région Midi-Pyrénées, propose à toute la famille des séjours promotionnels. Ce serait tout aussi dommage de priver Saint-Jean-de-Luz d’une adjointe au maire qui réserve à présent son emplacement sur le camping municipal.
Tiens,  dans le même temps, Bernard Madoff donne lui aussi sa version des faits sur ses malversations. Selon lui, les banques et les établissements financiers lui faisaient dire : « si jamais vous faites quelque chose de mal, on ne veut pas le savoir… ». Pas vu, pas pris, tel est le titre d’un livre de Charles Duchêne sur la Sarkozye. MAM avait presque réussi à échapper d’y être mentionnée. Pour la suite, c’est sûr, elle sera exemplaire. Elle ne mérite qu’un simple avertissement sans mise à pied, et promis-juré, on ne l’y reprendra plus. Madoff et MAM ont raté leurs vocations : arracheur et arracheuse de dents. Le siento a Sentido (Beach), mais pousser ainsi pépé et mémé devant les télés pour se disculper, c’est plutôt puéril, non ?

Actualisation
Au fait, vous avez participé à la consultation en ligne du Parisien ?
« Selon vous, Nicolas Sarkozy doit-il demander à Michèle Alliot-Marie de quitter le gouvernement ? »
En un rien de temps, 65 % des répondantes et consultés lui disent « Dégage ! ».
Encore plus fort pour le « sondage » JTombeur Institute/Le Post/Monde Interactif.
100 %, en un rien de temps (bon, sur quatre réponses seulement), pour sa démission.
À suivre, comme on dit. Mais cela rappelle la consultation en ligne du Courrier Picard sur Woerth.
Il a fallu attendre le remaniement pour que les Picardes et les Picards soient entendus.

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

6 réflexions sur « Le Tabarkagate de MAM relancé par Mediapart »

  1. MAM prise la main dans le pot de confiture fait songer à une petite délinquante qui nierait farouchement les faits en garde à vue : « le vélo, quel vélo ? celui que je m’apprêtais à boucler avec l’anti-vol que je venais d’acheter ? Il a été volé ? Non ? Ben, il ressemblait tellement au mien que je me suis trompée. D’ailleurs, peut-être que le mien, on me l’a aussi volé. J’vous l’jure, j’pouvais pas savoir que ce vélo avait volé. La fille sur la bande vidéo de la caméra de surveillance avec la même robe que moi ? Bah, cette robe-là, si tout le monde la porte, j’la mettrais plus. »
    Dans mon précédent truc du jour (le numéro 300 de [i]L’Écho des savanes[/i]), je faisais allusion au publicitaire Frank Tapiro qui a trouvé déplacé, abusif, de qualifier Sarko de « voyou de la République ». Et pour MAM, voyoute (femme de mœurs et de moralité douteuses), ce serait encore choquant ?
    Mais comme il le dit, Tapiro, « [i]sur Internet, il n’y a pas de vision, d’ambition, d’objectif, de démarche[/i]. ». MAM, quelques dizaines de millions de francs plus tard, ce serait une bonne campagne humanitaire pour Tapiro. Et le vrai truc, c’est qu’en plus, si MAM ne démissionne pas, il va falloir lui gonfler son budget de com’. Pour le moment, avec le coup du futur ex-ambassadeur intérimaire de Tunisie, qui a surjoué son rôle en présence de MAM, c’est plutôt raté. Va falloir lui trouver d’autres figurants. Cachetonnés combien ?

  2. Tiens, François Krug, de [i]Rue89[/i], en remet une couche sur la vente de l’hippodrome de Compiègne, qui aurait été bricolée à la va-vite par Woerth :
    [url]http://www.rue89.com/2011/02/16/hippodrome-de-compiegne-les-revelations-qui-genent-woerth-190816[/url]
    Il y a comme un parallèle risqué entre la vente de l’hippodrome et l’achat du Sentido Beach. L’un est vendu à la va-vite, l’autre est acquis par les parents de MAM en prenant le temps de bien faire les choses, pas du tout du bricolage.

  3. « [i]La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie vient au secours des casinos en assouplissant les lois.[/i] ». C’est extrait de Casino Web. On comprend mieux pourquoi, après Pasqua, elle fréquente le personnel tunisien du groupe Partouche…

  4. D’Éric Besson (Capri, c’est gratuit…) sur Europe 1.
    « [i]Je suis lassé de commenter les vacances de Michèle Alliot-Marie en Tunisie[/i]. »
    Ce qui fut suivi d’un circulez, il n’y a plus rien à voir.
    Ils sont impayables (mais quand même pas mal rétribués, et blanchis-nourris-logés).
    De Copé :
    « La lassitude vient aussi de ce sentiment de harcèlement pour toutes ces choses que l’on mélange allègrement sans toujours se demander si elles ont de la cohérence entre elles. »
    Ben voui, l’Internet mélange tout : Woerth, Besson, Madoff, Bettencourt, MAM.
    Alors que ce ne sont juste que des coïncidences, des apparentements terribles, comme l’écrirait le volatile. On y peut rien, si « apparentement » fait songer à parents, parenté, parentelle, cousinage, et relations entre membres d’un clan.
    Remarquez, si même Le Parisien s’y met avec ce chapeau :
    « L’«affaire Michèle Alliot-Marie» prend des airs de déjà-vu. Comme son ancien collègue du gouvernement Eric Woerth, il y a six mois, la ministre des Affaires étrangères est, elle aussi, visée par une polémique à rebondissements. »

  5. De MAM au Parlemement (lors des questions aux ministres) :
    « [i]Est-ce qu’ils ont fait quelque chose d’illégal ? Non ! a insisté la ministre. Cette campagne est indigne. Je veux vous dire tout simplement combien je regrette que vous ayez la petitesse, l’abjection d’essayer d’utiliser mes parents pour vous en prendre à moi et pour m’attaquer politiquement.[/i] ».
    Bon, on sort les dossiers fiscaux, tant français que tunisien. Baroin, une question, un commentaire ?

  6. Bien partie, la consultation du Parisien sur le thème : MAM doit-elle quitter le gouvernement ?
    Dans les 30 premières minutes de parution, 65 % pour son départ du gouvernement.
    Bon, pas très significatif, mais c’est une tendance quand même.
    Cela dit, pour Woerth, toutes les consultations concordaient.
    Mais c’est plus facile de céder aux CRS et de maintenir leurs effectifs que de se laisser guider par l’opinion publique qui fâche…

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