devenue la primaire citoyenne, analyse.


Qu’est-ce qui a fait ce succès alors que les socialistes ne l’envisageaient même pas ! Plusieurs choses, la première c’est de l’avoir organisée avec tous les dangers qu’elle représentait. Le parti socialiste pouvait se retrouver au fond du trou avec une participation ridicule, il aurait été la proie facile de la droite, ce qui aurait fait la joie de l’UMP, il n’en fut rien. Elle a assisté impuissante au show médiatique des socialistes critiquant autant que faire se peut ce que tous reconnaissaient comme une avancée démocratique donnant ainsi un certificat politique de valeur aux socialistes. Une participation ridicule c’était leur mort politique avec les divisions qui seraient apparues entre les courants. La seconde, c’est de l’avoir bien conduite pas de heurts entre les «primairistes», des débats courtois, mais francs parfois rudes, avec eux c’est comme ça, incorrigibles, mais finalement restant unis, mais pas toujours. La troisième c’est l’innovation qu’elle introduit dans ce conservatisme de droite de notre pays qui ne pourra plus admettre qu’un parti, désigne par ses instances dirigeantes son représentant, même s’il s’impose, sans faire une consultation de ses électeurs. La quatrième est que les Français en ont assez de Sarkozy et de cette droite qui gouverne depuis François Mitterrand c’est à dire depuis 1995 avec une parenthèse de cinq années Jospiniennes sous le sceau Chiraquien. La cinquième c’est de participer au choix du socialiste qui sera opposé à Sarkozy ou à Marine Le Pen, je n’en vois pas d’autres même s’ils s’en présentent. Il aura déjà obtenu près de 6,6 % de voix des Français sur 42 millions de votants pour 5,5 millions de bulletins, c’est une bonne avance pour la suite. Mais quel pari !

C’est le pari du peuple de gauche, pas forcement encarté, celui que l’on ne voit pas, sympathisants de l’extrême gauche au centre gauche et même plus, Français de droite, qui veulent en finir avec Sarkozy qui se sont déplacés. Le parti socialiste a su motiver, le seul qui peut porter un espoir, le centre n’étant qu’une nébuleuse. Organisation difficile, à monter de toutes pièces, pas bien acceptée de tous, des montages improvisés de lieu de votes, parfois éloignés avec la nécessaire obligation d’éviter toute fraude qui discréditerait les socialistes. En d’autres termes une mobilisation sans précédent, et pas qu’en métropole ! C’est la société qui se prend en mains, qui se politise, qui ne veut plus du conservatisme d’antan. Cette primaire constitue l’arme qui peut battre Nicolas Sarkozy, l’emprise de la finance et des médias qui le soutiennent. On imagine mal de voir la déception de tous ces Français de voir qu’un autre président que François Hollande soit élu le soir de l’élection du président de la république !

En plus du résultat démocratique, les dons de 1 € voire plus auraient rapportés au premier tour entre 3,5 et 4 millions d’euros. Au second tour, bien que rien ne soit demandé pour ceux qui avaient participé au premier, les votants, conscients du coût de cette consultation, auraient donnés en moyenne à hauteur de 40 à 50 centimes d’euro, ce qui apporterait en plus du premier tour, entre 1,1 et 1,4 million d’euros. La somme totale serait comprise entre 4,6 et 5,4 millions d’euros. Elle permet de couvrir largement la dépense qui se situe entre 3,5 et 4 millions d’euros. L’excédent serait réinvesti dans la campagne de François Hollande.

A chaque débat télévisuel il y eut plus de 6 millions de téléspectateurs, c’est un franc succès d’autant que deux débats n’ont pas été sur la chaine nationale France 2. Un enjouement dû aussi à leur qualité sur des sujets qui intéressent les Français. Ils ont été séduits par cette nouveauté par comparaison avec ce qui se passe dans les autres formations. Les trois débats ont couvert quelque chose comme 7 heures d’antenne. Les Français ont pu découvrir ainsi Arnaud Montebourg avec sa prestance et sa qualité d’expression, il a fait mouche arrivant devant Ségolène Royal par ses positions quelques peu démagogiques séduisant les sympathisants du front de gauche. Mais aussi Manuel Valls par sa fougue tendant à la faire partager par tous, mais franchement trop à droite, il n’avait aucune chance, mais des partisans. Puis ce fut le verdict sans pitié des urnes pour Ségolène Royal, ses pleurs sur sa quatrième place passant derrière Arnaud Montebourg le faiseur de rois selon la presse.

La presse comme à son habitude en fait toujours trop dans le ridicule c’est d’ailleurs ce qui ne la rend plus crédible. Il ne faut exagérer 17,19 % ne sont pas les 39,17 % de François Hollande, ces propos démagogiques n’ont finalement eu qu’un écho modeste, tout juste bon à éliminer Ségolène Royal, la mal aimée, mais oh ! Combien dynamique et porteuse d’idées qui ne récolte que 6,95 % des bulletins. Manuel Valls arrivant juste derrière avec 5,83 %. Martine Aubry première secrétaire ne fit donc pas l’unanimité chez les votants puisque avec 30,42%, elle arriva seconde. On entrevit déjà sa défaite pour le second tour. Ce constat a fait que les quatre remerciés se sont prononcés pour François Hollande lui apportant ainsi une potentialité qui lui permit le score de 56,57 % contre celui de Martine de 43,43 %. La surprise de ce ralliement fut celui d’Arnaud Montebourg que l’on ne voyait pas se prononcer pour Hollande mais plutôt pour Martine plus à gauche, bien que ne donnant aucune consigne de vote pour ses partisans.

Ce que l’on retiendra aussi c’est, malgré sa défaite, la maîtrise de Martine Aubry qui accueillit François Hollande rue de Solférino en vainqueur retrouvant du même coup sa place de première secrétaire et les obligations de sa charge. Elle a montré ainsi la volonté de continuité de son parti à soutenir François Hollande pour aborder l’autre épreuve beaucoup difficile contre Sarkozy certes impopulaire, mais très fort en répartie, dangereux, avec la potentialité de l’exercice présidentiel, mêlant à la fois une certaine vulgarité avec de l’incorrection envers ceux qui s’opposent à lui. Son parti l’UMP a déjà sorti la hache de guerre.

Certes, au cours des débats les positions contradictoires, les petites phrases montrant les différences de politiques entre les débatteurs ont été relevées par l’UMP. C’est bien normal ces primaires ont été faites pour cela, si c’était pour montrer que tous avaient le même projet politique, elles n’avaient aucune raison d’être. Mais, il faut noter que l’écart entre François Hollande et Martine Aubry de 13 points règle toutes contestations sur de possibles divisions entre les socialistes, ils sont rassembleurs. Elles constituent, pour la droite, malgré cela, un réservoir de critiques contre eux et leur programme jugé démagogique selon elle. C’est toujours le même argument contre la gauche qui serait plus dépensière, alors qu’elle ne fait que taxer à tout va les Français préservant les classes aisées de l’imposition afin de réduire le déficit qu’elle a causé. On voit bien les gesticulations de Sarkozy contre Angela Merkel pour restructurer les banques afin d’éviter à la France une baisse de sa cote par les agences de notation.

Ce qui est extraordinaire c’est que cette primaire au lieu de conduire à un débat serein entre droite et gauche, elle se résume la part de la droite à un comportement sectaire sans envergure démolir pour démolir. Elle ne se rend même pas compte du ridicule de ses propos comme s’il n’y avait qu’elle qui sait faire, passant sous silence la dette abyssale qu’elle a provoquée.

Il est évident que taper ainsi sur François Hollande montre sa peur devant un adversaire oh ! Combien difficile ! Sarkozy reconnaissant que le succès des primaires était là. A nous de relever le défit. «J’ai échappé à la méchante, j’aurais donc le vicieux», le Canard enchaîné. Et de lancer, «il n’y a rien à faire de ce coté là, en revanche il faut l’empêcher de taper au centre et à l’extrême droite, ça ne sert à rien de jouer les divisions de la gauche». Et le premier ministre trouvant laborieuse la riposte de son camp à la primaire socialiste a déclaré, «nous n’aurions pas dû y aller dimanche soir sur les plateaux télé. C’était l’affaire des socialistes….». Il est vrai que Jean-François Copé s’est montré d’un ridicule, voulant comme à son habitude, se montrer à tout prix.

Mais le plus caractéristique est sans nul doute la mobilisation des médias pendant plusieurs semaines faisant enrager Sarkozy et son camp. Le sondage CSA pour BFM-TV, RMC et 20 minutes publié le mercredi 19 octobre donne sur 859 personnes consultée par téléphone le 17 octobre, donc juste après le second tour 62 % pour Hollande et 38 % pour Sarkozy si l’élection présidentielle avait lieu le dimanche 23 octobre. Un écart conséquent que la majorité aura bien des difficultés à combler sur les 6 mois qui restent avant les élections présidentielles, d’autant que la note de la France des agences de notation risque de baisser. Pour Lionel Jospin c’est lui qui a «le plus de talent politique», «il peut, peut être, mieux rassembler», «ses chances de gagner sont un peu plus grandes». «Celui qui a connu l’ensemble de la sphère d’actions d’un gouvernement, celui de la «gauche plurielle» entre 1997 et 2002, c’est François Hollande». Voilà qui balaye son inexpérience professionnelle avancée par la droite et par Martine Aubry.

L’apothéose de cette primaire fut l’investiture de François Hollande le 22 juin à la Halle Freyssinet à Paris 13ème.

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Tous les anciens candidats à la primaire socialiste se sont réunis pour célébrer le sacre de François Hollande. (Reuters)

A 17h45 François Hollande a axé son discours d’investiture autour de trois pactes, démocratique, éducatif, productif. «Je vous propose que la France redevienne un exemple pour les Nations. Je vous propose que la République redevienne un espoir pour les citoyens», a-t-il lancé face à une salle conquise. Et de se projeter vers la victoire. «Je vous donne rendez-vous le 6 mai pour la victoire. Je vous donne rendez-vous avec la République, qui vous espère. Je vous donne rendez-vous avec la France, que je veux servir avec vous», le JJD du 22 octobre 2011. Que l’on aurait aimé en 2007 que Ségolène Royal soit ainsi investie au lieu de subir l’affront qui lui a été fait.

Le prochain article sera les indignés de Wall Street,