Alors que l'on nous parle depuis plusieurs années de changement climatique, de protection de l'environnement, de respect de la planète, tous thèmes fédérateurs et surtout fortement racoleurs d'un point de vue politique, l'avenir du dernier continent relativement libre de présence humaine est en danger.

En effet, reconnaissant la fragilité de l'environnement du continent antarctique, 12 pays ont signé en 1959 un traité relatif à sa protection. Ce traité interdit les activités militaires et l'exploitation des ressources minérales (sauf celles menées à des fins scientifiques) sur l'ensemble de l'Antarctique. Ce traité avait été signé pour une durée de 50 ans, et même s'il a été complété par un nouveau protocole en 1991, il vient à échéance cette année !

Et déjà de nombreux pays ont fait savoir à l'ONU qu'ils revendiquaient leurs droits territoriaux sur l'étendue maritime adjacente aux terres qui leur sont reconnues en Antarctique. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer reconnaît en effet les droits de souveraineté sur les mers adjacentes que l'appelle la mer territoriale et dont l'étendue est fixée à 12 milles marins (soit un peu plus de 22 km) ainsi que sur une zone économique exclusive (ZEE) qui est la zone adjacente à la mer territoriale et qui peut s'étendre jusqu'à 200 milles marins (soit environ 370 km).

On voit immédiatement où veulent en venir ces États, et le désir d'exploitation d'hydrocarbures par des procédés off-shore n'y est certainement pas étranger.

Onze pays auraient déjà réclamé ces territoires maritimes, la France ferait partie de ceux-ci et envisagerait donc d'étendre son droit territorial, représenté en Antarctique par la Terre Adélie, sur les régions côtières de celle-ci. Pourtant la France, en ratifiant le protocole de Madrid en 1991, s'était engagée à « préserver la diversité biologique pour satisfaire les besoins et les aspirations des générations futures » et à mettre tout en œuvre pour préserver l'environnement en Antarctique. Mais, même si à l'époque la France n'avait pas explicitement revendiqué de zone économique exclusive au titre de la Terre Adélie, elle avait réservé ses droits quant à l'éventuelle revendication d'un plateau continental étendu ce qui lui permettrait de prétendre à des droits souverains sur l'exploitation des ressources potentielles du sous-sol, comme les hydrocarbures.

On voit mal comment l'ONU pourrait refuser les exigences de ces pays puisqu'elles correspondent au droit international, et il est certain que les compagnies pétrolières et gazières du monde entier vont se ruer vers le continent blanc, bousculant le fragile équilibre de son écosystème

Le miracle n'aura pas eu lieu, l'évolution climatique n'y aura rien changé, les intérêts commerciaux et la recherche de sources d'énergie continuent à gouverner notre monde.