Dès l’instant que l’on manifestera, à autrui, toutes les formes de respect qu’il est en droit d’attendre de nous-mêmes, de nous tous, et que l’on fera aussi, résultante directe, preuve à son égard d’une grande estime, tous ces nobles et grands sentiments favorables aux autres, seront les tous premiers pas vers la reconnaissance et l’acceptation mutuelle.
Henry de MONTHERLANd, Écrivain et auteur fécond sans cesse en quête de perfection esthétique avait écrit dans son livre Le Maître de Santiago édité en 1947, que « c’est une chose bien forte, qu’avoir de l’estime ». En outre, faire preuve de respect envers l’autre et en dépit de toutes ses différences, c’est toujours un enrichissement : « Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit » n’avait-il pas écrit jour et si justement Antoine de SAINT EXUPERY, le célèbre écrivain, aviateur et poète…
Les Hommes, certes, et depuis l’aube des temps sont sensibles par nature aux différences visibles entre eux. Mais dans l’espèce humaine, la notion de race n’existe pas !
On ne parlera en effet et uniquement de genre humain, en ne faisant que constater une pluralité humaine à l’intérieur de laquelle il ne pourrait exister une hiérarchie quelconque, sauf celle expressément inventée par l’homme lui-même et à des fins purement idéologiques. Nous savons tous où cela mène, nous connaissons les conséquences lorsque les hommes brandissent bien haut tous les étendards de la bêtise, de l’ignorance et de la xénophobie, nous savons ce que les uns font aux autres quand les hommes s’affrontent à grands coups d’idéologies fausses, toutes érigées, sans exception, sur le socle de leurs différences ou de leur inculture.
Ceux qui « beuglent » fièrement des propos racistes, ou agrémentent du haut de leur superbe médiocrité et de leur belle suffisance leurs phrases d’allusions xénophobes ou pire, « crachent » avec contentement des injures, quels qu’ils soient, et à qui que ce soit, en dénigrant ainsi l’autre, voir en le « rabaissant » et en le comparant parfois à un animal, dont ils arrivent à reproduire les mimiques et les cris mieux que leur sujet qu’ils sont « sensé » imiter (la nature est bien faite non ? ) n’ont-ils pas de facto, par leurs propres agissements et leurs ignobles propos, perdus un peu de leur condition d’Homme, une bonne part sinon toute leur humanité ?
Les personnes intolérantes et xénophobes ne font qu’exprimer qu’une seule chose en fait : toute l’inhumanité qui est en eux.
L’animal que je suis s’interroge lorsque je vois des hommes rejeter et refuser le statut d’humain à des individus d’une autre ethnie, d’une autre religion. Pourtant, n’est-il pas exact, et dites-moi si je me trompe, dites-moi ici si je m’égare, que l’Homme, cet « être ondoyant et divers » comme aimait à l’exprimer RABELAIS, ne se caractérise pas et ne se différencie-t-il pas notamment des autres espèces animales par son intelligence ? Caractéristique biologique et différence spécifique de l’homme à l’intérieur du genre animal qui le place tout logiquement en haut, au sommet même de la pyramide des espèces vivant sur Terre… « Du haut de cette pyramide… » Des siècles et des siècles d’évolution vous contemplent !?
Et tout cela pour en arriver là !?
Oui, car ne l’oublions pas, l’homme d’Aristote, s’il n’est qu’un « animal doué de raison », est lui seul donc capable de discerner le bien et le mal, le juste et l’injuste, le faux du vrai, en un mot et pour faire court : toutes les valeurs ?! Oh mais, ce n’est certainement pas de tout cela, d’intelligence, de discernement et de raison, ou tout du moins de si peu, et je le déplore, dont font preuve tous les xénophobes et tous ceux qui font preuve de racisme, tous ceux qui rejettent en bloc l’autre, les autres, la différence, les différences …
Je ne vois alors qu’ignorance et ne constate que la plus infecte des bêtises ! Mais le pire dans tout cela, et ce qui demeure somme toute, dans cette histoire, le plus affligeant, c’est que sous cette forme sublime et indigeste de la sottise, à ce degré de paroxysme même de l’idiotie, le racisme agit toujours et inévitablement à double sens ! En effet, en jetant une banane à un joueur de football lors d’un match, en mimant notre lointain mais non moins estimable et illustre cousin primate au passage d’un Ministre de la République, ou en prenant à son compte, dans ses spectacles, les propos antisémites les plus éculés, « tous ces énergumènes , ces « homo- dégénéritus » s’exposent et admettent sans le savoir d’être un jour où l’autre, eux aussi et à leur tour, tôt ou tard, les pauvres, innocentes et futures victimes de ce même racisme nauséabond qu’ils attisent et répandent inlassablement, et de subir ce que eux-mêmes infligent aux autres dans un juste et brutal retour des choses !
Et le célèbre adage de Michel AUDIARD se vérifie malheureusement dans ce cas précis : « les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ». Cette catégorie (les cons) n’étant pas, et loin de là, en voie d’extinction, j’ose espérer ardemment et sincèrement qu’elle ne devienne pas, un jour, la classe dominante !
Mon Dieudonné, pardon, mon Dieu, donnez-moi la force de supporter tout cela !
Le « genre humain » n’est-il pas censé briller de toute son « excellence » à côté des autres espèces vivantes ? Il se confirme, et c’est par malheur, que si l’Homme accompli peut s’avérer être le meilleur des êtres, il peut aussi, à l’inverse, se montrer comme le pire de tous !
Jules RENARD le célèbre écrivain misanthrope optimiste, affirmait que dans la « Bêtise humaine. «Humaine» est de trop : il n’y a que les hommes qui soient bêtes.". Mais contrairement à ce dernier qui a coutume d’enrober d’indulgence et avec talent tous les défauts qu’il débusque chez l’homme, je serai tenté pour ma part et contre ma nature, rassurez-vous, de faire preuve d’une impitoyable férocité dans mon jugement vis-à-vis de mes congénères « déviants », tous ceux qui n’aiment pas les autres et n’accorder aucune compassion à leur égard !
Je me dis alors, que s’il existe tellement de choses qui séparent les Hommes, c’est peut être alors dans le respect, au sein même de ce bel et grand sanctuaire de l’intelligence humaine, que tous les hommes, en dépit de toutes leurs dissemblances, peuvent se retrouver et se sentir à l’abri, hors de portée de toutes les injustices, hors d’atteinte de toutes les violences et de toutes formes immondes de « biologisation » du racisme ! Il est vrai que l’on a toujours peur de ce que l’on ne connait pas, c’est un réflexe bien naturel, et « l’autre » sera toujours une source d’interrogations et d’inquiétude. Mais la peur est la pire de toutes les cautions car elle engendre, malheureusement, tous les excès …
Aujourd’hui, moi qui n’aime déjà pas trop faire les courses, j’ai un peu peur de voir ce que va me « faire » mon poissonnier lorsque je vais lui demander, en premier lieu, si son poisson est bien frais (ce que je ne doute pas) et puis s’il en a !?…Je parle des quenelles !… Et à mon boucher !? Que croyez-vous qu’il puisse me répondre lorsque je vais lui dire que
« mon copain…Lui aussi… Il veut aussi du saucisson…» Mais pas du à l’«Heil ! »…
Drôle d’époque non ?!
Laurent GALLEPE