Le redoublement, l’arme ultime des profs

Mais où va l’Education Nationale ?

Cette année encore, alors que les conseils de classe du troisième trimestre commencent, les mêmes erreurs se répètent. On y constate des propositions très étranges, voire des abus. Dans tout cela, où est l’intérêt des adolescents ?

Pendant une année entière, beaucoup de professeurs n’ont pas arrêté de dire à leurs élèves de seconde qu’il était très rare de redoubler car cela ne servait à rien. Au deuxième trimestre, on a promis à plein d’élèves qu’ils passeraient même si leurs notes baissaient au troisième trimestre. Puis, au dernier conseil, on leur propose le redoublement ou, au mieux, un passage dans des filières technologiques aux débouchés limitées tout simplement parce qu’il faut remplir ces classes.

C’est assez inadmissible : les professeurs d’aujourd’hui savent-ils vraiment ce qu’est un adolescent ? Il est totalement stupide de leur dire qu’ils vont passer dès le mois de mars car cela les incite à ne plus travailler du tout au troisième trimestre : pourquoi se fatiguer quand le passage est acquis ? Les profs ne mentent pas, pour eux. Pourquoi ne pas simplement leur dire que le passage sera assuré sous réserve du maintien des résultats au troisième trimestre ?

Autre abus : inciter les élèves à mettre 3 choix sur leur orientation et ne leur accorder le passage que dans le 2e ou 3e choix tout simplement pour remplir les filières technologiques tout en disant quand même aux élèves qu’ils auraient pu rester dans la voix générale, mais comme ils avaient d’autres choix on préfère les envoyer ailleurs. On leur met également la pression en leur disant qu’ils n’ont pas le droit de faire appel, ce qui est faux.

Mais le plus écoeurant, c’est d’utiliser le redoublement pour sanctionner le comportement. On leur fait croire qu’ils peuvent passer, puis au dernier moment on leur met des notes qui ne reflètent pas la valeur de leur travail mais qui sanctionnent un comportement assez agité en cours. Je ne dis pas qu’il est normal de faire le bazar, mais les professeurs sont des adultes et ne devraient pas jouer à ce jeu totalement destructeur pour les jeunes. Font-ils un minimum de psychologie ? Ne savent-ils pas que, par effet de groupe, des gamins un peu timides ou fragiles vont se faire remarquer uniquement pour ne pas avoir d’ennuis avec leurs camarades ? Il devrait y avoir d’autres méthodes pour leur faire comprendre que se comporter bien est important. Les faire redoubler totalement inutilement ne va que les frustrer et les inciter à se rebeller encore plus et à travailler encore moins. En tant d’éducateur, personne ne peut accepter ça. Mais les profs s’en moquent totalement !

Sans compter les dérives des établissements privés SOUS CONTRAT qui mettent des mauvaises notes à l’ensemble de la classe afin que les élèves ne puissent obtenir de passage dans un autre établissement et leur font ensuite un chantage odieux : c’est remplir les papiers de réinscription et obtenir le passage ou quitter l’établissement et redoubler.

Pour un jeune, redoubler est un terrible affront et beaucoup sont prêt à aller dans des filières technologiques ou à ne pas quitter leur établissement uniquement pour obtenir un passage, même si ce n’est pas une bonne solution pour leur avenir ! Le redoublement apparait alors comme une arme ultime qui permet de manipuler les jeunes esprits très influençables afin de les mener où l’on veut, de façon totalement injuste et arbitraire, uniquement pour des histoires de statistiques. On nous promet qu’on va régler les problèmes dans l’enseignement, mais personne ne va oser lutter contre ces terribles abus.

Déjà, il faut avoir le courage de les dénoncer !

5 réflexions sur « Le redoublement, l’arme ultime des profs »

  1. ce que vous dites est bien vrai, et malheureusement d’ailleurs. Mais je crois que beaucoup de profs s’en fichent complètement, peu ont encore la vocation.. Redoubler n’aide pas et effectivement leur faire croire n’importe quoi est complètement idiot.Mais je me demande si certains profs ne veulent pas a tout prix se débarrasser des élèves les plus pénibles en leur proposant comme vous le dites d’autres filières…

  2. Je ne saurai trop vous conseiller la lecture de l’aticle que j’ai écrit sur ce sujet. Je tiens à dire toutefois que récompenser un élève de niveau passable qui dérange par son comportement la communauté scolaire donne un exemple laxiste qui n’améliorera pas l’ambiance d’un lycée. S’il suffit d’avoir un bon niveau pour avoir le droit d’emmerder tout le monde sans le moindre risque, c’est la démonstration que les adultes ont capitulé.

  3. Bonsoir Jacques,
    Comme on le disait quand j’étais au GENEPI, les adolescents d’aujourd’hui ne sont pas ceux qu’il y a 20, 40 ou 60 ans ! Je ne dis pas qu’il faut encourager l’indiscipline, mais se venger comme cela ne les poussera pas à se calmer.
    Surtout quand les professeurs font exprès de les provoquer !
    Par exemple, on leur refuse un voyage à l’étranger en raison de leur comportement (ce qui est assez normal) puis, en cours, devant toute la classe, les profs leur font des remarques du genre « On a bien compris si tu n’a pas voulu aller en Angleterre c’est pour rester avec tes copains! ».
    Qu’on ne s’étonne pas ensuite que les élèves le prennent mal !
    Il faut entièrement revoir toutes les méthodes de l’Education Nationale et placer l’intérêt de l’adolescent au coeur du problème.
    J’ai des élèves très indisciplinés, pourtant ils ne s’avisent pas à faire ce qu’ils font aux autres profs. Pq ? Car je ne les provoque pas lourdement pour apaiser un sentiment de frustration.

  4. [quote]Il faut entièrement revoir toutes les méthodes de l’Education Nationale et placer l’intérêt de l’adolescent au coeur du problème.[/quote]
    L’ennui avec vous, Enguy, n’est pas que vous dites des contre-vérités, car malheureusement ce que vous racontez existe bel et bien…Non, l’ennui c’est que vous avez tendance à généraliser à partir de faits condamnables certes mais qui ne caractérisent heureusement pas le personnel enseignant de l’Education nationale.
    Les bons profs existent toujours, je pense dans la même proportion qu’il y a 50 ans; la seule différence est que de nos jours les choses peuvent être dites, voire dénoncées.

  5. Siempre > Quand on constate tous les ans les mêmes faits auprès d’un échantillon représentatif issu d’une dizaine (au moins) d’établissements publics et privés qui comptent des profs qui se renouvellent régulièrement on peut généraliser. Qu’appelle-t-on également un bon professeur ? Je regrette mais l’Education Nationale n’est même pas capable de détecter les élèves atteints d’un léger retard mental et les fait passer en 6e sans pb alors qu’ils sont incapables de suivre la filière générale ! Ca se voit immédiatement quand on est un prof compétent ! Non, on préfère raconter aux parents que l’élève est un peu paresseux et qu’il a quelques lacunes…

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