Après avoir livré une bataille sans merci durant 23 ans contre les prédateurs de la presse du monde entier, Robert Ménar, fondateur de Reporters Sans Frontières, sonne la charge contre un nouvel adversaire de taille…les sacs plastique. Ce combat a pour scène le 3 ème arrondissement de la ville de Douala, au Cameroun, où les déchets plastique doivent être collectés et recyclés par une unité industrielle en projet.

L’ancien secrétaire générale de RSF, Robert Ménard envisage d’entreprendre à Douala, la principale métropole économique du Cameroun, une initiative environnementale: débarrasser la ville des emballages plastiques. Bag Free, l’association vouée à ce dessein et qu’il dirige, projette d’impliquer la population en usant d’un argument original à certains égards: l’opportunité de se faire un peu d’argent en vendant les emballages plastiques à Bag Free qui projette de les recycler.

Dans cette optique, Robert Ménard a noué un partenariat stratégique avec deux des membres les plus éminents de la famille foulbé Fadil, l’une des dynasties les plus fortunées du Cameroun: Bayero Fadil, homme politique, maire de Douala 3 ème; et son frère ainé Oumarou Fadil, patron du Groupe Fadil, empire industriel dont les tentacules couvrent les domaines de l’élevage bovin, l’agro-alimentaire,  la savonnerie, l’hôtellerie et de la communication.

A travers le maire, Robert Ménard recherche un véritable appui politique sans lequel il est quasiment impossible d’établir une entreprise d’envergure au Cameroun, fut-elle à but non lucrative, du moins si on ne s’embarrasse pas de scrupules pour "graisser la patte" à l’administration ou si on possède une bonne réserve de patience et de motivation. Bayero Fadil, membre du parti au pouvoir, a déjà pu ouvert à Ménard certaines portes des hautes sphères du pouvoir.

L’implication du businessman Oumarou Fadil révêt une double importance. D’une part, celui-ci met au service de l’initiative Bag Free l’appareil médiatique de son groupe pour sensibiliser une population complètement indifférente à la problématique environnementale des déchets plastique qui s’amassent dans les rues et les rigoles. C’est ainsi que deux médias du groupe ont ouvert leur antenne radio et leurs colonnes au responsable de Bag Free. D’autre part, l’association s’adjoint un partenaire économique et l’expertise technique pour assurer le recyclage des déchets plastiques en objets utiles au quotidien.

La semaine dernière, le paysage médiatique camerounais portait encore le deuil d’un des pionniers de la presse indépendante au Cameroun, Pius Njayé. Les autorités politiques camerounaises qui ont, à plusieurs reprises, essuyé les vertes critiques de RSF, à l’époque où R. Ménard tenait encore la barre, quant au peu de cas qu’il faisait de la liberté de la presse, ne sont sans doute pas mécontes de constater la reconversion de R. Ménard. D’autant plus que ce dernier décochait les flèches les plus virulentes à l’occasion des nombreuses incarcérations abusives du Pius Njawé