Voyage dans le temps : Grégoire le Tanneur

Par une chaude matinée de printemps 1820, d’un coup de talon sur le flanc du cheval, le jeune homme donna le signal du départ . En passant sur le pont qui enjambe la Morge il agita la main, geste auquel répondit sa soeur en agitant son chapeau de paille,signe distinctif de son rang social, fille du patron de la tannerie.

Sur la cuisse du cavalier battait la bourse de fine peau que la demoiselle lui avait offert la veille pour son départ.A l’intérieur, une feuille très précieuse , pliée en quatre, son passe-port , le papier valable un an qui lui permettait de  rejoindre sans problème son bataillon .Un homme avait tracé avec sa plume de jolies lettres avec des boucles, des pleins, des déliés.Son nom, son âge, même la couleur de ses yeux de ses cheveux et ses taches de rousseur .Tout y était .Dans sa bourse voisinait un autre objet précieux son couteau qu’il était allé choisir le mois précédent chez son cousin qui habitait Thiers et possédait un rouet au bord de la Durande.

Pendant son absence c’est son jeune frère qui le remplacera à la tannerie.Leur père exige qu’ils apprennent le métier avant de devenir patron et ils sont donc employés comme les autres ouvriers. Son père , son grand père et avant lui son arrière grand-père étaient mégissiers.D’ailleurs beaucoup de Maringois travaillent dans la soixantaine de tanneries que compte Maringue. Peut être même a t il parmi ses ancêtres un de ces hommes préhistoriques qui déposaient leur peau au pied des chênes pour en effectuer le tannage.

Son cheval a maintenant une allure de petit trop et traverse une de ces grandes forêts de chênes qui entourent le village .L ‘écorce fraîche des chênes ,nécessaire au tannage est apportée d’ici , par des muletiers , jusqu’au moulin à Tan où là,elle sera compressée et mise en forme de gâteau.

Quittant la forêt il traverse une pâture où il aperçoit un berger gardant chèvres et moutons. Dans sa région , il y a peu de bovins pour la tannerie et les peaux que l’on vend à la halle au cuir proviennent le plus souvent des troupeaux environnants. Une fois tannées elles repassent par les halles pour être ramenées par les bateliers vers Paris Lyon ou St Etienne .

à suivre