Au Canada, quelques villes ont misé sur le financement d'accès Internet sans fil (Wi-Fi) gratuit et moussé le développement de ces projets. Ici comme ailleurs, plusieurs ont rapidement déchanté et ce sont les projets communautaires qui semblent avoir le vent dans les voiles. Particulièrement au Québec.

Toronto, Calgary, Hamilton et Fredericton font partie des villes qui se sont fait remarquer pour le développement d'importantes zones Wi-Fi où l'accès Internet est libre pour tous, moyennant un abonnement… gratuit lui aussi. La municipalité de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, avec sa " Fred eZone ", finance et déploie un réseau sans fil de plus de 8 kilomètres carrés.

Dans plusieurs villes québécoises, dont Montréal et Québec, ce sont des bénévoles qui ont développé ce genre de réseaux dans le cadre d'initiatives communautaires autonomes. Île sans fil (ISF) et ZAP Québec se démarquent à ce chapitre.


Île sans fil

En 2003, des étudiants de l'Université Concordia se désolent d'observer que plusieurs points d'accès sans fil au réseau Internet se développent, surtout aux États-Unis, alors qu'à Montréal la technologie Wi-Fi tarde à s'implanter. " Au mieux, quelques commerçants offraient l'accès à Internet au moyen d'un ou deux ordinateurs de bureau dans un coin de leur établissement, malgré que les coûts de gestion associés à ce type de service sont parfois beaucoup plus élevés que les revenus de location qu'ils apportent ", explique l'organisme dans un document de présentation. ISF, groupe communautaire sans but lucratif, a donc été créé afin de rattraper le retard accusé par Montréal.

" Au départ, les bénévoles devaient utiliser des techniques s'apparentant quasiment à de la vente sous pression pour convaincre d'éventuels partenaires d'offrir le service, mais l'engouement pour ISF est aujourd'hui tel que ses bénévoles doivent gérer une liste d'attente. Le réseau de ISF compte maintenant environ 150 points d'accès répartis un peu partout sur le territoire montréalais ", dit l'organisme.

Ce sont presque exclusivement des cafés et des restaurants qui accueillent les points d'accès installés par les bénévoles d'ISF sur les grands axes commerciaux de la métropole. Certaines parties des rues Saint-Denis, Saint-Laurent et Sainte-Catherine offrent une couverture étendue. Mais il reste que plusieurs musées, écoles, centres communautaires ou sportifs et même certains parcs ont aussi fait appel aux bénévoles d'ISF afin d'offrir des points d'accès Internet sans fil gratuit.

De 1 000 internautes abonnés gratuitement à ISF en 2004, l'effectif est passé à plus de 5 000 aujourd'hui. ISF fonctionne grâce au travail de bénévoles provenant entre autres des secteurs de l'ingénierie et des universités.

Coûts

Le commerçant ou l'institution désireux de voir les bénévoles d'ISF installer la quincaillerie nécessaire pour offrir Internet Wi-Fi à ses clients n'aura pas de grandes dépenses à prévoir. Il faut allonger une centaine de dollars pour le matériel qui sera installé gratuitement par les bénévoles, puis un abonnement de 50 $ par année à ISF, en plus du prix mensuel d'une connexion Internet haute vitesse régulière.

" Le Wi-Fi est une technologie sans fil à bas coût, fonctionnant sur des bandes non-licencées. Il peut être déployé par n'importe quel particulier, organisme communautaire ou entreprise privée ", dit Benoît Grégoire, bénévole d'ISF et employé de Technologies Coeus.

À Québec

Chez ZAP Québec (pour Zone d'accès public Québec), qui fonctionne selon le même modèle qu'Île sans fil depuis l'an dernier, le seuil de 2 000 usagers vient d'être atteint. La même philosophie est appliquée, soit ne pas attendre que des infrastructures municipales centralisées, lourdes et coûteuses soient installées, mais plutôt miser sur les connexions Internet existantes dans les commerces et institutions afin de créer de nombreux " hot spots ". Les frais sont les même qu'à Montréal.

" En réaction aux nombreux projets avortés et coûteux proposés par le passé, nous souhaitions mettre en oeuvre un modèle simple selon lequel les commerces et les organisations partagent le fardeau du déploiement. Nous sommes grandement inspirés par Île sans fil, Toronto Wireless et plusieurs autres projets ", précise Christian Gingras, bénévole chez ZAP Québec.

" C'est le siège social de l'Université du Québec qui a donné le coup de départ en s'associant à ZAP Québec pour activer le premier point d'accès dans le Jardin Saint-Roch, le parc urbain du centre-ville ", précise son collègue Carl-Frédéric De Celles.

" Notre objectif est de faire de Québec une ville où les gens en mouvement – touristes, gens d'affaires, étudiants, résidents en déplacement, etc. – pourront se brancher à Internet de façon temporaire pour consulter leurs courriels, rechercher de l'information sur le Web ou faire des transactions financières pendant qu'ils sont au restaurant, au bar, au parc ou une salle d'attente. "

Ce projet attire l'attention des autorités municipales qui, à défaut de fournir du financement direct, offrent un appui technique et moral. " Nous avons une entente avec les gens de la Direction de l'informatique pour qu'on puisse installer des points d'accès dans certains équipements municipaux, en utilisant le réseau de la Ville. Les politiciens nous donnent aussi un bon coup de main pour faire connaître notre projet auprès de certains acteurs importants de la région ".