A l’approche des législatives prévues pour le prochain printemps, les politiques à l’issue de 16 réunions en deux semaines de débat autour du mode de scrutin, du découpage des circonscriptions, du nombre de sièges, sont sortis bredouilles sans le moindre consensus sur une nouvelle loi électorale, celle de 1960 ayant dépassé la date de péremption ! En effet, quand le Bloc du 8 Mars propose le mode de scrutin proportionnel, le Bloc du 14 Mars enclin au scrutin majoritaire, lui oppose son cinglant veto et vice versa. Même le projet du Rassemblement orthodoxe selon lequel chaque communauté pour une meilleure parité islamo-chrétienne, élirait ses députés sur base de la proportionnelle, n’aurait pas porté ses fruits. 

Une situation désastreuse qui à travers ces luttes confessionnelles finit par réduire l’enjeu du processus électoral à sa seule dimension religieuse. Et à force de prêcher ainsi chacun pour sa propre chapelle au détriment du Bien commun, ils se sont empêtrés dans un de ces imbroglios inextricables qui fait craindre un report des élections, voire une détérioration de la situation. 

Les responsables politiques n’ont pas le monopole de ce type de tensions, loin s’en faut ! Les manifestations sur le terrain ne manquent pas et la dernière en date est celle toute fraîche qui se rapporte à ce fameux cheikh salafiste, Ahmad El Assir, l’éternel provocateur en mal de notoriété. Allez savoir quelle mouche l’a piqué en ce jour du Mawlad Nabeh, naissance du prophète, pour décider, accompagné de 200 partisans de se rendre dans le village de Kfardibian, dans la montagne du Kesrouan afin d’y prier. Après avoir déclenché au passage son habituel remue ménage fait de blocage routier par des manifestants hostiles et d’intervention des Forces de sécurité, le cheikh est finalement parvenu à destination sur les pistes de Faraya avec du retard par rapport à l’heure de prière. Encore faut-il après tout ce ramdam pouvoir se concentrer comme il se doit, pour s’élever bien au-dessus de ces étranges manifestations terrestres ! 

Et au milieu de ce brouhaha fanatique, dire qu’il y a comme un cheveu dans la soupe, ce drôle de tweet du président de la République d’un pays qui s’entête à se morceler en entités confessionnelles : « nous devons travailler sur la mise en place d‘une nouvelle loi sur le mariage civil. C‘est une étape très importante pour éradiquer le confessionnalisme et renforcer l‘unité nationale. Qu‘en pensez-vous ? ». Mettre la charrue avant les bœufs, c’est bien se moquer de son monde. Le jour où, n’importe quel  personnage de n‘importe quelle religion, aussi farfelu soit-il, pourra sans s’inquiéter de représailles, se mouvoir au gré de ses « folies »  dans cette bande de10700 km2, d‘est en ouest, du nord au sud, alors là, aura droit de cité un tel projet ambitieux…