Un petit article sur l’un des moyens de transport les plus utilisés. Moins cher que l’avion, enfin tout dépend, plus onéreux que la voiture mais plus rapide, une façon de voyager dépendant de son tracé ferré, le train. Plus précisément, le train dans un pays que j’affectionne tant, si vous me lisez-vous avez dû vous en rendre compte, l’archipel nippon. Un pays où l’on se passionne de choses paraissant, avec nos regards d’occidentaux, assez particulières.

 

Le Japon est connu pour son Shinkansen, le fameux train à grande vitesse se mouvant grâce à la sustentation magnétique. Une rivalité incessante avec notre TGV national alimente la concurrence dans ce domaine. Nombreux japonais sont férus de trains, ils aiment, à l’instar des vaches dans les prés, les regarder passer. Cependant, les mirer, ne suffit pas et une collectionnite aiguë s’est développée à grands coups d’objets dérivés, de photos, de maquettes, de jeux vidéo et tant d’autres choses bonnes à vendre.

 

Ces hommes et ces femmes férus de train, portent le nom de tetsudo otaku et leur rang ne cesse de croître. Ironiquement, même si ce penchant est très respecté là-bas, ils portent des surnoms, tetsuo pour les hommes et tetsuko, pour les femmes. Ainsi quand on prend le train au Japon, il n’est pas rare de voir ces passionnés, se coller à la vitre du wagon, caméra en main afin de filmer l’intégralité du trajet. Une passion rendue plus aisée aujourd’hui avec l’émergence des smartphones dotés de caméra.

 

La passion des trains se pratique de plusieurs façons. On retrouve les noritetsu, des personnes souvent âgées, empruntant les réseaux de chemins de fer pour le simple plaisir de faire des kilomètres et de regarder le paysage défilant à travers la fenêtre. Si le principe des S’miles existe au Japon, ces gens-là doivent avoir un sacré nombre de points.

 

On trouve une deuxième famille, les mokeitetsu. Plus casaniers, ils trouvent leur bonheur dans le fait de construire des modèles réduits. Il semblerait que le point d’origine de ce modélisme ferroviaire serait la visite d’un diplomate russe qui, une fois arrivé au Japon, aurait sorti une locomotive miniature de ses valises. Dans les magasins de jouets ou dans les boutiques spécialisées, des millions de japonais dépensent leur yens pour construire des circuits, acheter des maisons, des arbres, des quais, des figurines, des voitures, des panneaux, etc. Bref tous les composants pour constituer un décor le plus réaliste possible.

 

Autre branche, les collectionneurs de photos, les toritetsu. Tels des enfants, additionnant des images autocollantes afin de compléter un catalogue portant le nom d’une maison d’édition rappelant un sandwich chaud, ils abordent les voies pour prendre des clichés des trains à l’arrêt ou lancés en pleine vitesse. Ces derniers ternissent l’image des tetsudo otaku. A cause de certains ultras désirant ardemment une photographie bien précise, il n’est pas rare que les trajets connaissent des retards avec obstruction des voies. Ainsi, en 2010, lors du dernier voyage d’un modèle bien distingué, avant qu’il ne rejoigne la casse, plus de 1500 personnes se sont amassés à la gare de Tokyo. Un mouvement de foule nécessitant l’intervention de 200 agents de l’ordre pour d’éviter tout débordement

 

Puis, il y a ceux, voulant quitter l’amateurisme, se lançant dans un hobbie beaucoup plus technique à la limite du professionnalisme, ce sont les sharyiotetsu. Ils prennent en note, le design, les caractéristiques techniques, les horaires d’arrivée et départ consignés dans des magazines spécifiques.

 

L’histoire du train au Japon remonte aux années 1840, à l’époque, aucun rail n’existe. Il n’y a que de simples rumeurs, des récits venus des marins revenant de l’étranger. Notamment des moussaillons ayant eu la chance de voir cette machine infernale galoper dans les vastes plaines désertiques du Far West américain. Les élites japonaises sont séduites par l’idée d’importer cette nouvelle technologie chez eux. Une dizaine d’années plus tard, les premiers rails sont rivés au sol et tous les japonais souhaitent l’essayer pour vivre cette aventure. De ce fait, les premières lignes reliant Yokohama et Shimbashi ne désemplissent pas.

 

En France, les trains ont généralement une image stressante, les gares, les bagages, les enfants qu’il ne faut pas égarer quand arrivent l’heure des vacances. Pour d’autres, le train est synonyme de retard, de transfert d’une station à l’autre ou de travail. A l’inverse au Japon, il est l’objet d’une grande passion, dévorante et dont le nombre de fans croit de façon impressionnante, une popularité renforcée par l’engouement de la fameuse flèche d’argent sillonnant les littoraux du Pacifique ou les passages escarpés de la région du Mont Fuji.