Là où nous habitons, ma femme et moi, il fait plus chaud, par les temps qui courent, que dans cette Europe en train de givrer sous les frimas venus de la Sibérie.
 
Il fait même très sec, dans cettte région de l’Etat de Bahia (Brésil) située à plus de 1’000 mètres d’altitude, en raison d’une eau qui ne tombe en abondance que quelques semaines par an (la plupart du temps à la fin de l’année),  ce qui n’est bon ni pour les payans, ni pour les maraîchers ni pour tous ceux qui vivent des produits de la terre. 
 
A part cela, où nous habitons, il n’y a pas grand-chose à faire, mis à part du cheval, ce qui n’est pas donné au premier venu, et ce qui n’est pas gratuit non plus étant donné qu’un cheval coûte fort cher.
 
Quoi qu’il en soit, nous avons eu droit, l’an passé, à Morro, à une journée complète de cheval, avec 400 participants qui, chacun avec son coco, firent un tour de ville avant de partir vers le mont Morrão situé à 5 km de la cité.
 
Et ma femme et moi de tâcher de suivre en voiture, laquelle, avec ses chevaux-vapeur à moitié morts, n’a pas même fait le quart du chemin avant que le moteur ne chauffe (je crois néanmoins me souvenir avoir oublié de mettre de l’eau dans le réservoir).
 
Bref, nous n’avons quasiment rien vu du spectacle offert par ces 400 participants venus de toute la région afin de fêter leur "cavalgada" (mot portugais que l’on peut traduire par : promenade à cheval à travers rues et champs); sauf le soir, quand tout ce beau monde est revenu du mont Morrão  afin de prendre d’assaut tous les bars du centre ville offrant de la bière et de la cachaça (qui est, comme chacun sait qui fréquente les Brésiliens, ou qui a visité le Brésil, l’alcool fort du pays).
 
Un vrai rodéo et un vrai western de voir tous ces gaillards et toutes ces nanas habillés en cow boys, avec leur chapeau cowboy, précisément, laisser leur cheval à l’entrée du bar, puis l’enfourcher après avoir bu des litres de bière et de cachaça.
 
Au point que certains, incapables désormais de contrôler leur cheval, sont rentrés en collision avec les voitures, elles aussi conduites par des conducteurs dont certains étaient complètement ivres à force d’avoir trop bu.
 
Faut le voir pour le croire!!
 
J’ai néanmoins oublié de vous dire que tous ces randonneurs à cheval ont bu des canettes de bière toute la journée sur leur cheval, la bière suivant dans des tonneaux installés sur des charrettes tirés par … des ânes. (Non, non, ce n’est pas une blague!)
 

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Mais laissons là le far west pour évoquer un autre spectacle qui n’était pas mal non plus, à Morro do Chapéu, durant l’année dernière (début décembre, sauf erreur), et qui consista dans l’organisation d’un week-end fanfare permettant à de nombreuses formations venues de toute la région (et parfois même de très loin), de se succéder, sur l’estrade montée à cet effet, durant deux jours, en jouant quelques morceaux de musique de très bonne facture.
 
Car si le niveau musical est fortement monté, dans les pays d’Europe, dans les fanfares, ces dernières années, il en va de même ici au Brésil. A telle enseigne que ce fut pour nous un vrai plaisir d’écouter ces jeunes gens et jeunes filles (ici les nanas sont magnifiques quand elles ont entre 15 et 24 ans; après, elles sont déjà vieillies!), tous bien mis, dans leur costume de fanfare (le mot portugais, pour fanfare, est : filarmonica), nous interpréter des partitions de très bon niveau.
 
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A part cela, la ville, qui possède peu de ressources, en a eu néanmoins assez pour organiser, à la Saint Sylvestre, un magnifique feu d’artifice destiné à marquer l’entrée dans la nouvelle année. Le spectacle était grandiose.

 

Et puisque j’en suis aux spectacles, chaque année la ville organise une réplique, en plus petit, du carnaval de Salvador de Bahia, appelée Micareta, laquelle a lieu, la plupart du temps, au mois de mai, et permet aux habitants de Morro de sortir dans la rue afin de boire et de danser au son des groupes qui se produisent, tantôt sur une estrade aménagée au centre ville, tantôt sur de gigantesques camions (à l’image de ceux circulant durant le grand carnaval de Salvador) qui se déplacent dans les grandes rues de la cité à 3 km/heure de moyenne environ, avec, tout autour d’eux, et notamment derrière eux, une foule de gens prêts à s’enflammer en écoutant la musique forro, ou axé, ou certaneja, produite par les musiciens et rythmée par des batteurs au tempo endiablé; et en voyant les belles filles accompagnant les chanteurs sur les camions.

 

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Tout cela vous donne, chers lecteurs,  une idée de ce qu’est la vie à l’intérieur du Brésil, et notamment de son Nord-Est, cette région où il fait, c’est certain, bien plus chaud qu’en Europe en ce début d’année 2012.

 

Claude Gétaz