Les coureurs cyclistes étant sur le point de recommencer, en Europe, une nouvelle saison, avec les classiques de printemps, ils seront sans doute les premiers intéressés de savoir que de nouvelles mesures ont été prises, cette année, dans la lutte anti-dopage, avec l’introduction du bracelet permettant de localiser le compétiteur durant toute l’année, puisque l’efficacité des contrôles repose sur des contrôles inopinés de la part des organismes de contrôle.
On peut néanmoins se demander si une telle mesure ne serait pas applicable dans d’autres sports, eux aussi touchés par le dopage.
Reste qu’en parlant de dopage, on pense d’abord, sur le plan sportif, au vélo. Car c’est vrai que de voir des coureurs du Tour de France monter des cols à 25-30 km/h de moyenne amène forcément à se poser des questions. (Ayant moi-même gravi, comme cyclo touriste, certains cols de montagne, je n’imagine pas qu’on puisse monter un col de première catégorie, à ces allures-là, sans se doper).
Mais si le dopage est, dans le vélo, d’actualité – notamment depuis que les responsables de l’équipe Festina se sont fait pincer, sur le Tour de France, en 1998, pour avoir obligé leurs coureurs à prendre des produits dopants (et, parmi eux, un Richard Virenque qui marqua l’histoire du Tour avec ses exploits solitaires durant les grandes étapes de montagne) -, c’est là une affaire qui remonte à des temps plus anciens.
C’est ainsi que Tom Simpson, pour prendre un exemple, mourut sur le vélo, un jour de l’année 1967, au moment de gravir le Mont Ventoux, durant une étape du Tour de France, pour avoir pris des produits dopants, alors même que la chaleur étouffante et le manque d’air, ce jour-là, ne s’y prêtaient pas.
Et ne croyez pas, chers lecteurs du présent article, que je raconte cette histoire avec détachement. Au lieu de cela, monte en moi, à chaque fois que je me remémore un pareil événement, cette tristesse qui me fait pleurer à la vision de ce Tom Simpson, pour qui j’avais la plus grande admiration, en train de mourir, en direct, devant moi, sur un écran TV qui diffusait à l’époque des images en noir et blanc.
A vrai dire, quand je le vis tomber de son vélo, alors même qu’il était en train d’escalader les rampes du Mont Ventoux, je n’imaginais pas, comme d’ailleurs – j’imagine – la plupart des téléspectateurs, qu’il était mort. Je croyais qu’il avait eu une défaillance, mais pas qu’il était mort.
Or il faut avoir assisté à une pareille épreuve pour comprendre les effets que peuvent avoir le dopage sur des sportifs en train d’accomplir des efforts paroxystiques. Et après ces efforts également, puisque certains produits dopants, comme la cocaïne, peuvent provoquer une accoutumance chez le sportif qui en consomme régulièrement, et le faire tomber dans la déchéance (à l’exemple de Marco Pantani ou de Franck Vandenbroucke, dans le vélo, ou à celui de Diego Maradona dans le foot -, un Maradona qui s’en est sorti grâce à sa famille ainsi qu’à une importance cure de désintoxication à Cuba, auprès de son ami Fidel Castro; au contraire des deux autres cités ici qui sont décédés dans des circonstances à la fois obscures et tragiques, après avoir sombré non seulement physiquement mais moralement).
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Le sport de haute compétition étant, aujourd’hui – tous sports confondus -, une affaire de gros sous provenant de sponsors qui exigent des résultats immédiats de la part des compétiteurs, si, comme c’est le cas dans le vélo, un coureur non dopé (ou qui "roule à l’eau claire") prend une à deux heures dans la vue, durant la traversée de la Grande Boucle, par des adversaires qui eux sont dopés, il n’aura jamais aucune chance de gagner le Tour de France, ou l’une ou l’autre de ses étapes, seule chose qui est intéresse les sponsors.
C’est dire que les compétiteurs sont constamment poussés à se surpasser, ce qu’autorise le dopage pour deux raisons : en raccourcissant les temps de récupération après des efforts très violents, à l’entraînement ou en course, et en augmentant les performances physiques des compétiteurs grâce à un apport d’oxygène supérieur à la moyenne, ou par d’autres moyens qui tous donnent au compétiteur le sentiment de pouvoir faire des efforts durables et répétés sans éprouver la moindre fatigue ou endurer la moindre souffrance.
Le revers d’une pareille médaille est que le corps du sportif qui se dope développera plus tard certains types de cancer ou d’autres anomalies susceptibles de conduire à un arrêt cardiaque.
Quant aux contrôles anti-dopage, pour qu’ils soient réellement efficaces, les gendarmes doivent courir aussi vite que les voleurs. Or ces voleurs, dans le cas qui nous occupe, sont à la fois les bénéficiaires et les instruments d’une médecine parallèle (avec ses médecins, ses chercheurs, ses chimistes, etc) qui se développe, vu les profits à en tirer, à une vitesse vertigineuse, et dont le but est de permettre au dopé, non seulement de prendre des produits dopants qui soient de plus en plus efficaces, mais de se doper sans être attrapé lors des contrôles.
Assurément, la lutte anti-dopage marque elle aussi des points, de nos jours, et notamment, comme on l’a vu au début de cet article, avec l’introduction du bracet permettant de localiser le coureur cycliste n’importe où et n’importe quand durant l’année.
Ceci étant dit, ce qui choque le plus, aujourd’hui, au moment d’aborder le problème du dopage dans le monde du vélo, ce n’est point tant le dopage lui-même (puisque escalader un col de première catégorie à 25 km/h de moyenne ne peut se faire, pour un cycliste, sans le dopage), c’est l’hypocrisie qui règne à tous les niveaux (fédérations, sponsors, coureurs, personnel d’encadrement des coureurs, etc) et qui poussent des coureurs, une fois contrôlés positif, à raconter des histoires du genre : j’ai sans doute mangé un sandwich qui était "vitaminé" au restaurant machinchose, ou bu une boisson qui était "vitaminée" dans la discothèque machinchose, durant les fêtes de Noël; etc , etc.
Et parce que tout une médecine ou une pharmocologie parallèle se développe, à l’heure actuelle, autour du dopage, qui rapporte de grosses sommes d’argent, le dopage, dans le vélo, n’est pas près de s’arrêter. Et dans les autres sports non plus, vu les très grosses sommes gagnées aujourd’hui par les athlètes de haut niveau, ces gladiateurs des temps modernes, grâce à la médiatisation et à la sponsorisation à outrance de leur sport.
A titre de comparaison, il y a quarante ans, un joueur de foot de la première division anglaise, ressortait complètement exténué au terme d’un championnat qui comportait 42 matches, plus quelques matches amicaux, plus les matches internationaux pour les équipes qualifiées dans ces compétitions. Or si, comme l’a reconnu un Giacinto Facchetti qui est maintenant décédé et qui, à l’époque où il jouait (cela remonte aux années soixante), était le capitaine de l’équipe d’Italie et de l’Inter de Milan, les joueurs de l’Inter prenaient des pastilles à la mi-temps pour se doper, que ne doit-on pas penser, aujourd’hui, en voyant des joueurs courir comme des cabris après avoir déjà joué plus de 80 matches durant l’année.
Mais là aussi la médaille a son revers : le footballeur et les autres sportifs de haut niveau, à force de trop exiger de leur corps, vont avoir des crises cardiaques ou contracter des blessures inhabituelles, notamment au niveau de ces articulations qui n’arrivent plus à supporter le poids de muscles devenus toujours plus puissants. Sans parler des blessures dues, dans le cas du foot, au contact physique avec les autres joueurs et qui augmentent en raison même du nombre de matches joués par les compétiteurs.
On n’a pas encore prouvé que le cas mentionné sous se site
http://www.20minutes.fr/article/900023/joueur-bolton-fabrice-muamba-etat-critique-apres-arret-cardiaque#mna-comment-form
est la conséquence du dopage, mais il serait bon de connaître l’avis des médecins qui sera bientôt rendu public