Le dopage dans le cyclisme : toujours les mêmes ? Pas si sûr….

A l’heure actuelle, qui peut raisonnablement penser qu’un cycliste professionnel puisse gagner un grand tour sans s’être dopé ? On s’en doutait mais à présent des études le prouvent.

Nour El Helou, chercheuse à l’Institut de recherche biomédical et épidémiologique du sport (Irmes), a travaillé sur l’évolution des performances du cyclisme sur route au travers les courses les plus représentatives de ce sport. La conclusion de cette étude est double. D’abord, les performances explosent véritablement à partir du début des années 1990, date de l’apparition de l’EPO dans le peloton. Et depuis 1990, les performances sont en augmentation constante.

Par exemple sur le tour de France, la vitesse ne cesse d’augmenter alors que le dénivelé parcouru a presque doublé entre 1990 et 2011. La conclusion du professeur Jean François Toussaint, directeur de l’Irmes est donc sans équivoque : « Plus le parcours est difficile et plus vite sont grimpés les cols ».

 

Si cette réalité scientifique ne peut être contredise, le cyclisme français se plaît continuellement à dénoncer les tricheurs, à les pointer du doigt parfois, à se révolter contre des systèmes de dopage organisés. Noble intention, sauf que leur raisonnement est constamment manichéen : il y aurait donc les tricheurs d’un côté, tous ceux qui gagnent, les Armstrong, Contador,….et tous les autres cyclistes français de l’autre, ceux qui n’ont rien à se reprocher, ceux à qui on enlève des victoires… C’est ainsi qu’on s’étonne, à juste titre, de certaines victoires de coureurs étrangers lorsque les performances paraissent surhumaines. Mais on encense les victoires françaises, y compris lorsque les performances n’ont rien à envier à celles des grands noms du cyclisme internationale. Mieux même, la sphère française journalistico-sportive dite spécialiste du cyclisme va même jusqu’à contredire les études scientifiques les plus sérieuses en allant jusqu’à annoncer la quasi fin du dopage dans le cyclisme lorsqu’un coureur français par exemple est maillot jaune du tour de France pendant 10 jours, jusqu’à l’avant dernière étape et finit 4ème du classement général…

Autrement dit, un raisonnement par l’absurde grotesque qui consiste à dire que si un français est en mesure de gagner le tour de France, s’il est en mesure de suivre les meilleurs, voire même d’en distancer certains dans les grands cols, cela voudrait forcément dire que les coureurs sont propres…Car comment imaginer un cycliste français dopé ? Non, ce sont les autres qui ont arrêté de tricher c’est évident….

Que penser alors des aveux de Philippe Bedoucha, ancien médecin de la formation BigMat-Auber 93, qui a reconnu, pendant sa garde à vue, avoir fourni de l’EPO à plusieurs coureurs de l’équipe française entre 2007 et 2010 ? Juste que malheureusement, ceux qui veulent nous faire croire que le dopage, c’est les autres, se trompent lourdement.

C’est un sujet souvent tabou, difficile à comprendre et à analyser, parfois dramatique car des hommes, concernés de prés ou de loin par le dopage, sont morts, et qui mériterait que le sport français et le cyclisme en particulier le traite avec sérieux, professionnalisme et objectivité.

Car comme toujours, le danger c’est la stigmatisation des cyclistes. Les cyclistes, qu’ils soient français ou pas sont de véritables champions qui méritent le respect, c’est une certitude. Tous les cyclistes amateurs du dimanche imaginent bien volontiers ce que le mot « souffrance » sur un vélo peut vouloir dire. Mais comment protéger le monde du sport en général et du cyclisme en particulier de ce fléau qu’est le dopage ? 

Le danger c’est que le monde du sport en général fasse le même raisonnement franco-français que les professionnels du cyclisme et se mette donc à croire que le dopage, c’est le cyclisme. Le dopage est le cancer du sport en général.