Découlant d’une phase majeure ignée, éruption explosive ultra-plinienne, – Archiflegreo39.280 ans ± 110 ans –, qui avait éjecté environ 200 kilomètres cubes de magma trachytique et 500 kilomètres cubes de téphras et de pyroclastes, l’Ignimbrite Campanien couvre une vaste zone, – 30.000 kilomètres carrés –, de la Méditerranée centrale. Sujet à de nombreuses études et datations, les résultats obtenus, jusqu’à ce jour, sont multiples et parfois divergents. D’une part, l’implantation de l’édifice volcanique préhistorique est soumise à caution, certains la situant au cœur du Campi Flegrei, dans le Golfe de Pouzzuoli, d’autres au Nord-Ouest de Naples, dans le quadrilatère Quarto-Qualiano-Villarica-Magrano di Napoli. D’autre part, pour certains, ce dépôt conséquent d’ignimbrite, – 200 mètres d’épaisseur sur toute la zone du Campi Flegrei et la moitié de ville de Naples -, se serait formé lors d’une seule éruption cataclysmique, il y a 39.280 ans ± 110 ans, pour d’autres, asseyant leurs conclusions sur une batterie de datations obtenues par diverses méthodes, plusieurs événements éruptifs, « Campanian Ignimbrite Series » ou « Campanian eruptive events », se seraient produites vers 35.000 ans.

 

L’emprise territoriale de l’Ignimbrite Campanien est considérable.

 

Centrées, suivant les théories émises, soit dans le Golfe de Pouzzuoli, soit au Nord-Ouest de Naples, les coulées pyroclastiques ont franchi, au Nord-Est, les piémonts des Appenins et, au Sud-Est, les pointes rocheuse de la péninsule de Sorrento, deux barres montagneuses culminant à plus de mille mètres d’altitude. Ainsi, les témoins y étant existants, elle s’étend jusqu’à Roccamonfina, à une distance de 40 kilomètres au Nord-Ouest, Alifé, 49 kilomètres au Nord, Benevento, 45 kilomètres au Nord-Est, et Salerno, 56 kilomètres à l’Est. La vitesse de cette déferlante, – nuée ardente et pyroclastite à forte détente gazeuse –, éjectée à plus de 80 kilomètres d’altitude, est estimée avoir été au moins égale à 160/170 mètres/seconde, dans la zone limitrophe à l’événement explosif, de 140/150 de 100/110 mètres/seconde à 50 kilomètres du point éruptif.

 

De l’Ignimbrite Campanien dans la région de Cilento, à 150 kilomètres du Campi Flegrei.

 

Des couches inter-stratifiées de tephras ont aussi été découvertes, dans le cadre de travaux archéologiques, dans des grottes situées sur la zone littorale de la région campanienne de Cilento près de Marina Di Camerota et de Scario. Plusieurs niveaux téphriques y ont été dénombrés et un affleurement d’Ignimbrite Campanien a même été déterminé hors des cavités karstiques fouillées par les archéologues. Les caractéristiques propres à cette roche, d’aspect pierre ponce et de couleur jaune-orangée, formée de débris de roche volcanique soudés avant leur refroidissement et mélangés à une matrice vitreuse, permettent de supposer que ce dépôt important est résultante d’une éruption explosive majeure, ultra-plinienne, super-colossale ou méga-colossale. En outre, se localisant à 150 kilomètres au Sud-Est du centre de la zone de diffusion campi-flégréenne, en regard à son positionnement, elle s’avère être un témoin irréfutable de la limite extrême, actuellement connue et attestée, d’extension de l’Ignimbrite Campanien.

 

L’éruption explosive ultra-plinienne de l’Archiflegreo fut méga-colossale.

 

Il est à penser, en regard à l’épaisseur du banc multidécamétrique découvert à Cala Bianca près du Golfe de Policastro, une strate de 0,8 mètre d’empâtement, localisé à 150 kilomètres du point éruptif, que l’emprise territoriale de l’Ignimbrite Campanien est encore largement sous-évaluée. Et il ne fait aucun doute, l’affleurement de Cala Bianca et les téphras découverts dans les grottes « Grande di Scario » et « Porto Infreschi » n’étant pas des sites isolés, que d’autres témoins, plus éloignés encore du centre d’émission, donc moins épais, ont été détruits ou ont échappé aux investigations. Donc, il ne peut être admis, le rayon d’émission de l’Ignimbrite Campanien étant plausiblement supérieur à 150 kilomètres, l’Indice d’Explosivité Volcanique de l’éruption de 39.280 ans ± 110 ans qui avait détruit l’Archiflegreo a été largement supérieur à toutes les hypothèses qui ont pu être émises. Et les conséquences environnementales, ayant résulté de l’éruption extra-plinienne méga-colossale, n’ont pu être que considérables et durables sur les écosystèmes et les peuples préhistoriques.

 

A titre comparatif, des éruptions explosives pliniennes et ultra-pliniennes récentes.

 

Pour simples exemples comparatifs, l’éruption du stratovolcan Tambora, sur l’île de Sumbawa, en Indonésie, le 10 Avril 1815, Indice d’Explosivité Volcanique de niveau 7, tuant entre 61.000 et 71.000 personnes, avait formé une caldeira de 1.110 mètres de profondeur et de près de 6 kilomètres de diamètre. Elle fut à l’origine « d’étés glacés », d’un « été sans soleil » en Nouvelle-Angleterre, et, en 1816, de l’été le plus froid, jamais enregistré en Europe, et à l’origine d’une famine faisant plus de 200.000 victimes. Celle du Krakatoa, en Indonésie, le 27 Août 1883, Indice d’Explosivité Volcanique de niveau 6, déclenchant un tsunami aux vagues colossales dévastant les côtes des îles de Sumatra et de Java, provoquant la mort de 36.417 personnes, et le panache de cendres volcaniques s’étant élevé à 80 kilomètres d’altitude, répandant suffisamment de particules pour abaisser la température mondiale moyenne de 0,25°C; ou celles, encore, du Laki, en Islande, en 1783, du Novarupta, en Alaska, en 1912, ou du Pinatubo, sur l’île de Luçon aux Philippines, le 7 Juin 1991, toutes d’Indice d’Explosivité Volcanique de niveau 6…

 

 

Articles précédents :

Le complexe supervolcanique Campi Flegrei : Son emprise territoriale.

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