Le calvaire des boursiers camerounais en Tunisie.

Cela  fera bientôt deux ans que les étudiants boursiers camerounais n’ont pas vu même un  franc de la bourse de coopération internationale que devrait leur verser leur pays. Des esprits commencent à s’échauffer et une prise d’assaut de l’ambassade du Cameroun en Tunisie serait entrain d’être élaborée.

Ils disent être exténués, indignés, et voire révoltés face à ce peu de considération que leur réservent les élus de leur pays. Au moment où des rapports d’une ONG citée par le monde révèle qu’il y’a eu rien qu’entre 1988 et 2004 plus de 4, 2 milliards d’euros de détournement de fonds publics au Cameroun, ces boursiers sont laissés à leur compte, abandonnés et  marginalisés.

S’il faut parler cette bourse de la coopération n’entre même pas dans le budget du gouvernement car elle est entièrement payée et prise ne charge par l’UNESCO qui fait transiter cette aide par le gouvernement camerounais. Si selon certaines sources la bourse attribuée par l’UNESCO serait de 150 000 FCFA (soit presque 230 euros) par mois, ces boursiers ne reçoivent que 50 000 FCFA (75 euros)  donc 900 euros par année qu’ils ont du mal à entrer en possession depuis bientôt deux ans. Avec la politique de l’UNESCO à mettre en avant les gouvernements des pays concernés, la situation ne risque pas de changer du matin au lendemain.

Une exception camerounaise

Parmi les multitudes des boursiers des pays africains en Tunisie, seul le Cameroun reste à la traine car aucune communauté ne souffre de ces problèmes. Auparavant leurs bourses transitaient par Alger faute d’une ambassade en Tunisie, Ces boursiers ont cru qu’avec la création de l’ambassade du Cameroun à Tunis que leur calvaire ne serait qu’une histoire lointaine, loin s’en faut. La délégation du ministère de l’enseignement supérieure qui s’était rendue à Tunis en Janvier 2010 n’a pas respecté ses engagements qui étaient entre autres la régularisation des paiements de ces bourses.

En Tunisie où le niveau de vie est surement le plus élevé de toute l’Afrique, ces boursiers ont du mal à s’en sortir même avec leur bourse de 50 000 FCFA (75 euros). A Tunis un appartement de 4 chambres coutent plus de 300 euros ce qui reviendrait à 50 euros par locataire. Les parents sont forcés d’intervenir car les 25 euros restants ne peuvent pas leur permettre de gérer le quotidien (frais de transport, électricité, gaz, eau et éventuellement leur nourriture).
Alors s’il revient aux parents de supporter toutes les dépenses, vu qu’au Cameroun le salaire moyen tourne autour de 250 euros, la situation de vient intenable.

Un boursier qui a requis de garder l’anonymat témoigne : «  je n’ai même plus à mangé et je ne parviens même pas à payer les dettes que j’ai pu contracter. Comment dans ces conditions veulent-ils que dans ces conditions nous pussions produire quoique ce soit comme résultat à l’école ? Je ne parviens même plus à me concentrer et mon bailleur menace déjà de me chasser de la maison parce que j’ai presque 3 mois d’impayés.» Ce qui est d’autant plus navrant ce qu’ils doivent compter sur eux même en cas de maladie car le gouvernement camerounais ne leur attribue pas une aide sociale ou au logement. A un autre boursier, souhaitant lui aussi de garder l’anonymat, de renchérir : « on n’a pas demandé de l’or, ni une augmentation de la bourse. Tout ce qu’on veut c’est qu’ils nous payent les maigres 75 euros par mois qu’ils ont promis de payer»

La direction des bourses de l’enseignement supérieur : une vraie mafia

Une information connue de tous circule dans le milieu des boursiers. Il semblerait que les responsables des bourses du MINESUP (Ministère de l’Enseignement Supérieur Camerounais) profitent pour s’enrichir davantage. Ils placeraient l’argent de ces pauvres boursiers qui fructifierai alors et après un certain délai les retireraient pour les redistribuer aux bousiers. Bien plus ces enfants n’ont accès qu’aux bourses des pays du Maghreb car les bourses des pays occidentaux tel la France, le Canada et les USA sont réservées aux élites des différents ministères.

               La direction des bourses réfutent la faute aux ministères des finances et les ministères des fiances au ministère de l’Enseignement, pendants ces pauvres boursiers sont livrés à eux-mêmes.

 Il faut aussi noter que la Tunisie a une législation stricte concernant le travail des étrangers. En effet il est formellement interdit aux étrangers de travailler en Tunisie. Les valeureux d’entre eux qui voudront gagner leur pain à la sueur de leur front sont tout simplement reboutés.

J’ai pu obtenir une des lettres que ces boursiers ont écrit aux responsables de leur pays qui sont restés jusque là sous silence

« 

                                                                                                                                                                                                                         Tunis, le 05 février 2011

 Association des étudiants boursiers camerounais en Tunisie


Objet: réclamation des arriérés de bourse

                   
                   A Monsieur Le Secrétaire Général de la présidence de la république
                    A Monsieur Le ministre de l’Enseignement Supérieur
                    A Monsieur L’ambassadeur du Cameroun en Tunisie
                    A Madame La directrice des œuvres universitaires

Messieurs, Madame;

                Excusez le caractère informel de notre lettre, nous n’avons plus la tête sur les épaules et ne savons non plus à quel Saint se vouer. Cela fait exactement un an jour pour que nous n’avons pas perçu le complément de bourse de la coopération. La situation est aujourd’hui intenable. A la précarité dans laquelle nous survivons s’ajoute aujourd’hui la cherté de la vie en Tunisie mais aussi l’augmentation des prix des denrées alimentaires de base accentuée par l’instabilité politique et économique qui sévit dans notre pays d’accueil.

                Nos parents sont à bout de leur capacité et certains de nos compatriotes se sont déjà faits expulser de leurs appartements par leurs bailleurs exténués d’attendre en vain le loyer à la fin du mois.

                A la situation honteuse dans laquelle nous vivons s’ajoute aujourd’hui l’exaspération, l’incompréhension car on ne comprend pas comment cette situation qui n’est pas nouvelle, se renouvelle d’année en d’année car ce n’est pas la première fois que nous vivons cela.

                Madame la directrice, si nous nous permettons de vous citer, lors de votre dernière visite à Tunis en février 2010, vous nous avez assuré de votre pleine compréhension et même nous avez promis qu’au delà de la régularisation des bourses, vous vous engagiez à l’avenir à pouvoir nous permettre d’accéder à des allocations au logement mais aussi aux soins de santé. Nous avions cru qu’avec la création de l’ambassade que nos soucis quant à la régularité de l’octroi des compléments de bourse étaient terminés, hélas la situation actuelle nous montre que nous ne sommes pas au bout de nos peines.

                Aujourd’hui nous sommes fatigués, affamés car c’est bien une affaire de jours pour que certains d’entre nous meurent de faim. Nos créanciers (tunisiens et camarades étrangers) ne nous font plus confiance car mauvais payeurs, nous le sommes. Alors comment fréquenter dans cet état, comment prétendre à une excellence dans ces conditions?

                Vu la situation présente actuelle, nous n’avons qu’un seul mot d’ordre, quitte à mourir, alors nous mourrons en terre camerounaise, car dans les prochains jours nous assiégerons l’Ambassade du Cameroun en Tunisie.

                Cette lettre, s’il faut le rappeler, ne constitue en aucun cas une menace, ni d’ailleurs une mise en garde, elle a pour seule et unique but de prévenir les responsables afin d’éviter tout amalgame car nous ne voulons pas être accusé d’avoir manqué de prévenir les autorités compétentes.

                Dans les prochains jours à défaut de mourir, nous ne mourrons pas dans l’indifférence, car nous envisageons en effet de prévenir les médias internationaux à savoir Rfi, France24 y compris nos médias camerounais et les sites internet de la diaspora pour qu’ils sachent et qu’ils témoignent de la précarité et du manque de considérations dans laquelle nous vivons. Car si jusqu’à présent nous n’avons pas envisagé ces moyens de communication, c’est pour tout simplement éviter que nos revendications soient reprises à des fins politiques pour vilipender son Excellence, Monsieur le Président de la République.

                                      Association des étudiants boursiers camerounais en Tunisie
                                                                                         le secrétaire général

                                                                                                                                                 »

Au moment ou les sentiments nationalistes fustigent l’intervention des puissances occidentales en Afrique, Le gouvernement camerounais semble leur donner raison car  même les aides octroyées par ces Puissances ne sont pas distribuées à leurs compatriotes.

Ces enfants n’ont pas demandé la lune, mais juste de quoi vivre. Mais il semble que cette demande soit au dessus des moyens du gouvernement camerounais. Du moins c’est ce qu’ils nous laisse penser.

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