Alors qu’en France, un rapport souligne le manque de concurrence entre les distributeurs, deux des leaders de la distribution de l’Hexagone, Carrefour et Casino, se livrent pourtant une guerre acharnée pour gagner la bataille du …Brésil.

La distribution au Brésil apparait être un véritable champ de bataille pour les distributeurs …français.

Il faut remonter à 2005, date à laquelle Casino signe un accord avec Grupo Pao de Açucar (GPA) du groupe BCD , qui, avec un chiffre d’affaires de 13.7 milliards d’euros, conforte sa place de leader de la distribution brésilienne, juste devant Carrefour.  Le groupe stéphanois n’a depuis cessé de consolider ses rapports avec le groupe brésilien, détenu avec la famille Diniz.

Fort de ses engagements, le groupe dirigé par Jean Charles Naouri a mal supporté au début 2011 les rumeurs, laissant entendre que la famille Diniz négociait avec le n° 2 mondial de la distribution. Aussi, Mr Naouri s’était-il fendu d’une lettre aux deux parties mises en question, en rappelant les liens nouant GPA à Casino, et le droit de Casino à s’opposer à toute entente, que le groupe jugerait illégitime. Ne souhaitant pas laisser la situation se dégrader, Casino ira même jusqu’à saisir, le 31 mai dernier, la chambre d’arbitrage devant la chambre de commerce International, et à augmenter sa participation dans GPA. Sans infirmer ou confirmer, Carrefour n’a pas évoqué le sujet, lors de son assemblée générale de la semaine passée, et on estimait, que la priorité de Carrefour, comme l’affirme, depuis plusieurs semaines, Lars Oloffson restait le redressement des hypermarchés français.  On ne comprenait donc pas  les raisons, pouvant justifier un intérêt quelconque du groupe pour se lancer dans une longue et couteuse bataille juridique, dont l’issue demeure incertaine.  Casino aurait-il été victime d’une rumeur ? Aussi, lorsque Carrefour affirme étudier le rapprochement entre sa filiale brésilienne et le groupe CBD , la rumeur se fait plus convaincante, et on comprend mieux les raisons de ce rapprochement, porté par un fonds d’investissement, à travers l’entreprise GAMA. Cette fusion se ferait en deux temps, puisque CBD (valorisé 7.5 milliards d’euros) et GAMA fusionneraient dans un premier temps ,puis dans un second opus, CBD fusionnerait avec la branche brésilienne de CARREFOUR, en échange de quoi CARREFOUR laisserait 11.7 % de son capital au groupe brésilien, qui aurait la possibilité d’acquérir 6 % supplémentaire….11.7 + 6 soit 17.6 % du capital du géant français, faisant ainsi du groupe brésilien le 1er actionnaire de son partenaire français devant l’actuel Blue Capital avec ses 14.1 %… On imagine le coup de tonnerre de cette annonce, quelques jours après que Lars Oloffson ait été intronisé Président Directeur Général, et même si Casino a déclaré, que cette opération « hostile » serait bloquée, les marchés financiers ont salué ce coup d’éclat de Carrefour, qui souffrait, ces derniers mois, d’une certaine morosité. Faut-il y voir une simple bravade du géant Français, dont le titre bondissait de 3.74 % alors que celui de son concurrent, Casino, s’effondrait de 5.61%, ou plus prosaïquement une réponse à l’impatience de Bernard Arnault et Colony Capital (réunis dans la holding Blue Capital)  quand à la rentabilité de leur investissement ? Ne doutons pas néanmoins, que cette guerre à distance entre les deux français laissera des traces, y compris sur notre propre territoire. Ou alors, Carrefour réussit à transformer l’essai, faisant de la société une « machine à cash », spécialisée dans la distribution ? Ou bien, l’échec signerait la fin de l’ère financière – Cession de Dia, Ambition de se séparer de Carrefour Property, la branche immobilière du groupe,  Echec de la réorganisation « financière » du travail dans les Hypermarchés,…- et un retour au métier premier de Carrefour : le Commerce ?