Quand j’étais tout petit, ma mère ne cessait de me dire qu’elle ferait tout pour que nous soyons des « blancs ». Car ici, être blanc est un état d’esprit, et non juste une question de peau. Même dans mon village, quand un homme se comportait d’une façon intègre et responsable, on le qualifiait de blanc. Pour l’africain donc, l’homme blanc est l’incarnation du bon sens et de la pureté.

Le blanc était pour nous un homme « clair » comme sa peau. Un homme pétri de bonté et d’humanisme. On s’empêchait de penser –même pas un rêve – qu’un homme blanc puisse faire du  mal. Pour nous, trouver un médecin blanc à l’hôpital était une grâce divine, car cela représentait pour nous la guérison, quelque soit le mal qui nous terrasse. Car un blanc est un « demi-dieu » ;  soutenaient certains de nos parents. D’autres allaient plus loin, en pensant qu’un blanc ne meurt jamais.

On savait que tous les blancs sont tous riches. qu’aucun blanc ne dort affamé. Que chez eux il n’ya pas de pauvres, de fous, de sans abris, bref de personnes en détresse. Nous savions que tous les blancs sont instruits. Aussi, il était clair dans nos têtes qu’un simple brevet français ou belge valait un ou deux Baccalauréats sénégalais, Camerounais, ou Zambien. Pour mes frères et moi, le blanc était un homme bien ; la vraie créature de Dieu ; et nous, une simple copie ratée.

C’est ainsi qu’une carte photo prise avec un blanc était plus précieux que son acte de naissance. Recevoir dans sa famille un prêtre ou un coopérant blanc était une bénédiction incomparable. Ceux de nos parents qui avaient eu la chance de servir chez un blanc comme jardinier ou garçon de course s’en vantaient, et jouissaient auprès de leurs congénères  d’une estime singulière.

Seulement, au fil des années, avec la mondialisation, nous nous sommes retrouvés en train de faire come les blancs ; de manger les mêmes choses qu’eux, d’avoir les mêmes diplômes, les mêmes raisonnements, bref les mêmes compétences. Plus loin, nous les avons même parfois défiés. L’on a ainsi vu une modeste équipe du Cameroun se qualifier pour les quarts de finale d’une coupe du monde en 1982, et devant une équipe des « blancs » !

Les européens et les personnes de peau blanche en général ont longtemps jouit en Afrique d’un certain prestige. Un prestige qui est en train de perdre de son intensité. Pourquoi ?

Le fait c’est qu’à l’aube de la colonisation, l’européen s’est présenté aux africains comme un être un « plus-que-homme » ; ceci, grâce à l’avance qu’il avait sur le colonisé. C’est ainsi que le noir a intériorisé cela, au point de croire qu’il est véritablement un être inférieur. Heureusement, au fil des années, tout cela s’est brisé, et la tendance risque même se renverser . L’européen est revenu à de meilleurs sentiments, alors que l’africain prend déjà le dessus sur son complexe d’infériorité. Ainsi, ceux des africains qui se sont rendus en occident ont compris qu’ils avaient été longtemps bercés dans leur Afrique natale par des illusions folles. En conclusion, le blanc n’est pas aussi blanc comme on le pensait !