Après un suspens haletant où toutes les rumeurs ont couru, la décision est tombée. On a longtemps parlé d’une femme au "perchoir", Ségolène Royal était promise au poste mais l’hécatombe électorale lui a joué défaut. En se faisant battre par un dissident PS à La Rochelle, causant chez elle un traumatisme mélodramatique teinté de conspirations et de complots se tramant dans son dos, digne d’un roman de Dan Brown, la présidence de l’Assemblé Nationale a disparu de ses ambitions personnelles. Heureusement, François Hollande, son ancien compagnon, a fait un geste envers la femme éplorée, en nommant Claude Bartolone, proche du clan Royal, président de la Chambre Basse.

 

 

Né à Tunis en 1951, aux dernières heures du protectorat tunisien, d’origine italienne, son milieu est modeste. Sa carrière, il la doit à la République et sa méritocratie. En 1974, il prend sa carte au PS au terme d’une campagne présidentielle perdue pour le parti. Sept ans plus tard, il occupe son premier mandat ministériel lors du premier septennat de François Mitterrand, il est en charge de la Ville. La même année, il troque sa veste de cadre commercial pour celle de député, un costume qui lui colle à la peau jusqu’à aujourd’hui. C’est son expérience et sa proximité géographique avec les « cités », les Z.U.P et les quartiers précaires de la capitale qui ont fait basculer la balance dans sa nomination au ministère de la Ville

 

 

Claude Bartolone est un habitué des suffrages, il en est souvent le lauréat comme le montre ses nombreuses victoires aux élections minucipales et régionales. Sa popularité est telle que dans son fief, il n’a pas eu besoin d’un deuxième tour pour prendre la tête du conseil général de la Seine-Saint-Denis. Il mène un combat pour sortir la région de son image peu reluisante que les médias aiment lui accoler. Une zone de non droit, plongée dans la précarité et le chomage, un secteur géré par la loi de la jungle où la délinquance est forte.

 

 

Pour cela, il développe de nombreux programmes sociaux. Les enfants en bas âge sont pris en charge, les jeunes en perte de vitesse à l’école, également, ainsi ils ne trainent plus dans la rue ou les cages d’escaliers en se demandant pourquoi ils sont là et que vont-ils faire plus tard ? Il met en œuvre des actions pour donner un coup de pouce économique aux cités. Un pouce amputé d’une phalange à cause de situations de dettes profondes. L’éducation est l’un de ses cheval de bataille, les écoles délabrées sont rénovées et l’electricité y court, tout comme les nouvelles technologies, wifi, internet et consort. 



En 2005, lors de la crise interne du PS, concernant le référendum européen, il se place du côté du « non », causant alors un motif de disension avec François Hollande. Malgré tout, il reste au Parti Socialiste contrairement à d’autres dont le chemin politique, après avoir titillé la gloire, ont chuté de leur piédestal. Claude Bartolone est un proche de Ségolène Royal. Lors de la campagne ratée de 2007, il fait partie des penseurs, des compositeurs du « Pacte Présidentiel ». De ce fait, la défaite l’a impacté personnellement. Un an plus tard, le PS se réunit à Reims pour un congrès sanglant, les égos démesurés se taclent et c’est en se livrant à un combat de petites phrases mesquines que Martine Aubry devient Premier Secrétaire, une candidature que Claude Bartolone supporte. Lors de la présidentielle de 2012, il désire le changement, pour lui ça doit être maintenant, au terme d’un quinquennat sarkozien désastreux, il assure les contacts extérieurs du futur président Hollande.

 

 

Après s’être cantonné à son bastion régional et avec la victoire de François Hollande, son avenir politique s’anime d’ambitions plus glorieuses. Il se porte alors candidat au poste à pourvoir, une fonction de première importance, nicher au « perchoir » de l’Hémicycle. Il doit faire face à 3 concurrents de poids, rien de plus normal pour des éléphants, Jean Glavany, Elisabeth Guigou et Daniel Vaillant.

 

 

Dans une manœuvre stratégique purement politique et afin de satisfaire toutes les factions du PS, notamment la plus lésée à la suite des législatives, ses pairs socialistes contentent le clan de l’ex-femme du Président, en optant pour la candidature de Claude Bartolone. Un tweet lancé par l’ancienne prétendante a tenu à le féliciter et l’encourager.

 

 

Le vote s’est déroulé en petit comité, 258 personnes s’étaient réunies en privée dans la salle des fêtes de l’hotel cossu du groupe socialiste octroyé par l’Assemblée Nationale. Avec 127 voix, il a largement battu ses anciens collègues du gouvenement Jospin, M. Glavany, Mme Guigou et M. Vaillant qui ont recueilli respectivement 59, 50 et 22 voix. Une décision méritée à la vue d’un bilan plus que satisfaisant, 30 années de bons et loyaux services au nom de la Rose et fin connaisseur des subtilités parlementaires.

 

 

Rassembleur et républicain, prenant en considération les demandes de l’opposition qu’il a en estime, assumant les responsabilités qui lui incombent, tel sera son nouveau credo face aux 577 députés composant l’Assemblée Nationale. Un nombre souvent moindre quand on connait l’habitude de certains élus à se porter absents. Avec la nomination de Claude Bartolone, c’est le choix de la consensualité qui a prédominé.