Le foot facteur déclencheur de violence,

a montré de nouveau son visage lors du sacre du PSG.

 

Ce qui s’est passé au Trocadéro lors de la remise du trophée de champion de France au Paris-Saint Germain dans la soirée du 13 mai, dépasse l’entendement. Quelque chose comme 800 policiers, CRS et le service d’ordre du PSG, ce qui est important, furent mobilisés pour contenir tous débordements. On sait que le PSG depuis des décennies est coutumier de violences autour du parc des Princes lors de matchs contre Marseille entre des supporters ennemis. Les matchs se terminaient dans les rues à la sortie de la rencontre. Plus de 800 membres des forces de l’ordre furent insuffisants pour contenir la colère du groupe de supporters «les Ultras» qui voulaient se venger d’être exclus de stade par la direction du club pour comportement d’hooliganisme, mais surtout, la violence des casseurs, très mobiles, qui dans chaque manifestation profitent du désordre pour cracher leur haine contre la société qui les exclue. La formation en paquet style armée romaine trop statique des forces de l’ordre ne fut pas adaptée à cette forme fluide de violence, qui se déchaîna de tous cotés.

L’occasion était belle, pour ces casseurs, entre les deux ailes du Palais de Challiot pour taper du flic, saccager des magasins, vandaliser restaurants et commerçants autour de cette place du Trocadéro, mais aussi par débordement sur l’avenue de Champs Élysées.

La remise du trophée sur la place du Trocadéro avec la Tour Eiffel en fond de vue, symbole du PSG, fut choisie par la Ligue de Football et le PSG, de préférence au parc des Princes, avec l’accord de la Préfecture de la police, ce qui fut, aux dires de tous, la grande erreur par suite de la présence d’échafaudages .

 

Document Le Nouvel Obs.

 

Dix milles à quinze milles supporters furent massés devant l’estrade montée pour la remise du trophée aux joueurs, et le métro Trocadéro, noir de monde, furent envahis de fumée de fumigènes. L’ambiance ne pouvait être qu’à l’affrontement entre le PSG, heureux de célébrer ce troisième titre attendu depuis plus de 19 années, et ceux, qui privés de stade, donc d’expression, trop longtemps exclus, engagèrent, appuyés des casseurs, un affrontement contre la police.

Un ancien supporter abonné au Kop de Boulogne ému par le titre du PSG se rendit avec quelques autres de ses amis fêter cet événement. Son sentiment fut qu’il y avait peu d’ultras, peut être 150 dont une cinquantaine autour de lui. La seule chose que les gens chantaient, c’était «Marseille on t’en….», typiquement ce que les ultras ne font jamais. Quand les joueurs arrivèrent, quelques ultras allumèrent des fumigènes, et il y eu un grand mouvement de foule, parce que les gens cherchaient à voir, et ça commençait à paniquer. C’est l’une des premières fois de ma vie que j’eus vraiment peur. Je me suis dit qu’il fallait sortir. Je suis ancien rugbyman, pourtant j’ai eu un mal fou à me dégager. Je voulais juste respirer, survivre, avec les fumigènes et la foule, c’était devenu irrespirable. C’est à ce moment-là que les gens essayèrent de s’évacuer vers la tribune des journalistes, pour respirer, trouver de la place. On y mit les enfants. Là, des types virent que des gens montaient sur la tribune des journalistes et les imitèrent avec d’autres intentions. Les journalistes ont sans doute eu peur. Il y eu de tels mouvements de foule qu’il fut impossible que la cérémonie continua. Les organisateurs prirent la décision qui s’imposait, tout arrêter. Avant même que les joueurs arrivèrent, on voyait déjà des gens sortir rouge écarlate, au bord du malaise. Les CRS arrivèrent pour évacuer les échafaudages, et là ça partit en vrille, tiré de Rue 89.

Intolérables quand on sait que le ballon rond sport populaire ou les stars sont des idoles est aussi un moyen d’expression et de défoulement pour ces jeunes. Alors des casseurs venus d’un peu partout des banlieues avec des barres de fer, conditionnés par l’alcool, pour montrer à cette classe des nantis leur misère.

Combien étaient-ils, une centaine plus ? On ne sait probablement pas mélangés avec les ultras, mais les dommages furent à la mesure de leur haine de la société et de leur colère envers le PSG, sa direction, mais aussi contre le fric qui ruine ce sport. «Liberté pour les ultras» était inscrit sur une banderole déployée du haut des échafaudages.

Cela fit plus de trois années qu’ont été modifiées les tribunes du stade du parc des Princes pour contrer les heurts entre supporters ennemis de Boulogne et d’Auteuil. Mais aussi la suspension pendant six mois des abonnements associés à une logistique de dispersion de placements des supporters, afin de réduire le phénomène de groupe. Dans une volonté de chasser ces perturbateurs d’expression violente, la nouvelle direction augmenta les tarifs et constitua des tribunes familiales. La pacification du stade eu pour contre partie une ambiance terne mais aussi une rancœur pour les supporters, non seulement pour voir leur équipe emporter une victoire, mais également jouir entre eux du plaisir d’être ensemble pour montrer leur puissance.

Dans notre société ou l’égoïsme est la vertu, le désir d’expression prend tout leur sens. C’est tout cela que ces casseurs sont venus exprimer dans cette violence qui restera comme une tache à ce titre brillamment acquis par la puissance de l’argent par les achats de grands joueurs. C’est aussi ça qui pourrit le foot et ce qui va avec.

Un bilan catastrophique lourd aux oreilles du ministre de l’intérieur et du préfet de Paris accusés de ne pas avoir suffisamment apprécié la gravité potentielle de ce rassemblement. Le bilan policier avec trente blessés, mais aussi une dizaine de commerces pillés, dans une supérette d’alimentation le personnel prît peur croyant venir la fin, des gens et journalistes frappés, deux Abribus vandalisés, dix-huit voitures incendiées, cinq scooters et deux bus de la RATP dégradés. Au total, trente-neuf personnes furent interpellées, dont trente-huit placées en garde à vue pour jets de projectiles, vols, dégradations, violences, recel de vols, et participation à un attroupement armé. Des arrestations eurent lieu jusqu’en Seine-Saint-Denis, à Noisy-le-Sec, où trois personnes furent appréhendées avec des vêtements volés sur les Champs-Elysées.

800 membres des forces de l’ordre apparaissaient pourtant suffisants pour contenir cette violence, mais aussi inadaptées à cette guérilla éparse qui ne recule devant rien. Comment empêcher un casseur de lancer un projectile dans une vitrine ? Des barres d’échafaudages étaient disposées sur le trottoir ! Comment empêcher des casseurs très mobiles de se regrouper dans des rues avoisinantes pour casser ? C’est un combat qui implique un front policier pour se protéger des projectiles, tout en arrêtant avec mesure ces casseurs. De ce fait, les forces de police sont en position de faiblesse, par ce que moins mobiles, mais aussi pour ne pas créer l’irréparable, ce qui mettrait le feu aux banlieues.

Et la droite dans ses critiques, profitant des saccages se ridiculise, comme si au cours de son règne il n’y eu pas vandalisme et des morts ! Qui peut donner du crédit à ceux qui demandent la démission du ministre de l’intérieur et du préfet ? S’il fallait la démission des ministres de l’intérieur à chaque manif qui dégénère, il n’y aurait plus de ministre. La réponse du ministre à ces accusations fut de dire,

«je veux rappeler un fait, les coupables ce sont les casseurs. J’entends dire de la part de certains à droite, à l’extrême droite, que la police n’a pas fait son travail. Il y a donc une mise en cause non pas du ministre de l’Intérieur mais des forces de l’ordre et ceci est inacceptable de la part de ces élus ».

Le Monde.fr dans son apport à la compréhension des violences qui furent attachées au PSG cite quelques faits marquants.

Le 28 février 2010 PSG-OM, des indépendants du Kop de Boulogne s’en prennent à des membres du virage Auteuil. Autrement dit, des supporteurs du PSG décident de s’attaquer… à d’autres supporteurs du PSG, qui répliquent. Les affrontements causèrent la mort de Yann Lorence, 37 ans, un habitué du Kop de Boulogne, roué de coups.

Le 26 octobre 2009 OM-PSG, entre 100 et 150 supporteurs du PSG venus dans l’après-midi en train à Marseille affrontent leurs homologues phocéens. Les échauffourées, près de la gare Saint-Charles et du Vieux-Port, firent une dizaine de blessés.

En 2010, un supporter trouva la mort à quelques encablures du Parc des Princes. En ce soir de novembre, le PSG a perdu 4-2 en Coupe de l’UEFA face au club israélien de l’Hapoël Tel-Aviv. A la sortie du stade, un supporter de confession juive, Yaniv Hazout, fut «coursé» par des ultras. Antoine Granomort, un gardien de la paix, s’interposa pour le protéger de cette foule hostile. Vers 22 h 53, il tira un coup de feu mortel sur Julien Quemener. En 2011, Antoine Granomort bénéficia d’un non-lieu.

Bien sûr ce ne sont pas des arguments qui excusent le fait que les forces de l’ordre ne purent faire face au déferlement des casseurs dans leur saccage de biens publics. Mais, ils montrent, que même avec des morts, ces violences perdurent.

Pour des chercheurs l’hooliganisme avec ses comportements violents au sein des compétitions sportives sont d’origine sociétale. L’hooliganisme serait le symbole de l’opposition de la classe ouvrière, maintenant des paumés des banlieues, à celle des nantis bien tranquilles. Il y eu des décennies le foot était un sport de rue, taper dans un ballon était un jeu d’enfants. D’amateur, ce sport se professionnalisa et devint un spectaculaire affrontement attirant des foules passionnées pour l’équipe qui les représente. Les joueurs, sacralisés devenant des stars, n’ont cessés de gagner toujours plus, alors qu’eux, paumés, furent laissés à l’écart.