Le journalisme a connu de grands moments nous dit l’histoire de la presse. Et aujourd’hui, la gloire de ce pouvoir si décrié, et pourtant si vénéré, réside-t-il bien dans cette grand-messe du 20h00
Le 20H00 reste depuis bien des années la vitrine exceptionnelle du journalisme à la française. Aujourd’hui, Hommes politiques mais aussi vedettes et mêmes grands patrons décident du moment de leur intervention, en tenant compte de la possibilité de faire la « Une du 20H00 ». Et pourtant, les 20H00 (tels que nous les définissons, nous ne pouvons en retenir que deux, celui de TF1 et celui de la 2ème chaine télévisée) ont perdu de leur aura et de leur superbe.
Mais, revenons à nos moutons. C’est avec la perte de vitesse des journaux et autres périodiques (en un temps pas si lointain, les ventes de journaux se comptaient en centaines de milliers, voire pour les plus chanceux, en millions), que le 20H00 est devenu la référence. Pour celles et ceux, qui n’ont pas connu cette ascension (et j’en fais partie), la télévision revêtait alors le symbole de la puissance journalistique mais aussi de l’efficacité. Les premiers journaux peuvent aujourd’hui nous faire sourire, et pourtant dès le départ, le rendez – vous du début de soirée se caractérisait principalement par son sérieux et sa rigueur.
Ce n’est que bien plus tard, que les choses ont commencé à se gâter. Milieu des années 1980, la gauche a fait planer, quelques années plus tôt, un sentiment de liberté totale, et dans l’ombre, le monde de l’argent a grignoté de la place aux dépens de la rigueur originelle de cette nouvelle forme de journalisme. La télévision a aussi, dans le même temps, pris conscience de son importance nouvelle, et a commencé à vouloir en jouer.
Les premiers dérapages, mais aussi et surtout la personnification du journaliste. On se souvient alors de la « starification » de notre P.P.D.A. national ou encore la terrible ascension de Bruno Masure (On voulait voir dans son succès la possibilité de se montrer irrespectueux envers le pouvoir). Le journalisme se perdait alors, et dans le même temps, la presse (et dans son sillage la radio, qui résistait mal à cette nouvelle forme de concurrence) peinait à freiner son irrésistible descente au pilon (le même, que celui qui servira, quelques années plus tard, au déclin de l’objet Livre, mais là est un autre problème). A partir du moment, où la télévision n’a cherché qu’à accroitre son influence ou tout du moins à augmenter ses bénéfices, le sérieux et la rigueur journalistique ne pouvaient pas supporter une telle dérive. Lorsque les sujets du 20H00 sont choisis en fonction des annonceurs et non plus de l’intérêt et/ou des envies des téléspectateurs, le déclin ne pouvait alors que s’accélérer. Puis, à son tour, la télévision s’est vue concurrencée, par la TNT d’abord, puis par Internet avec des informations en direct. Que dire aussi des chaines d’information permanente, qui à la suite de France Info, ont décidé de nous montrer à longueur de journée les informations, jugées comme essentielles. On en arrive à la situation actuelle, où nous nous gaussons de nos propres journaux télévisés. Ces rassemblements du 20H00 attirent désormais moins de 30 % de part de marché, concurrencés par cette profusion d’informations, venues de partout et de nulle part, et on en perd son latin. Lorsqu’un 20H00 ouvre sur l’annonce du décès d’un éminent scientifique, l’autre lui préfère une enquête sur le réchauffement climatique. Les deux s’accordent néanmoins sur le fait de reléguer le massacre du peuple syrien en seconde plan du journal, voire de passer sous silence les massacres, qui se déroulent en Afrique noire. Après tous, ces derniers ont bien lieu tous les jours ?
La Télévision reste le média de l’instantané, sans permettre une profondeur dans les analyses et une continuité dans les observations. Et pourtant, dans un monde, qui ne cesse de se révolutionner, peut-être est-il vraiment temps de préférer une compréhension du monde à une connaissance de la haute ? L’avenir de la presse se trouverait-il ailleurs ? Du côté de …C4N…A vous de le décider.