À l’heure du réchauffement climatique, de nombreux pays réfléchissent à de nouvelles manières de produire de l’énergie et réduire leur dépendance énergétique au pétrole. Le nucléaire semble être une des solutions car il ne produit pas de gaz à effet de serre. Cependant, cette forme énergétique n’est pas sans risques et n’est pas inépuisable. Revue de détail de la tentation de l’atome.

Le cours de l’uranium, essentiel à la production nucléaire, sur les marchés explose. Depuis 2002, il a pris environ 95% de hausse, passant de 9,7 $ la livre à environ 110 $ la livre en juillet 2007. La demande dans cette matière première est de plus en plus pressante. De nombreux pays comme la Chine et l’Inde prévoient d’en construire. Et des pays fortement anti-nucléaires comme l’Allemagne réfléchissent à y avoir recours. Les pays de l’Est quant à eux veulent réduire leur dépendance énergétique à la Russie par ce biais. La France quant à elle va mettre en place les nouvelles centrales EPR, déjà vendues à la Chine et à la Finlande. Le chantier dans ce pays prend d’ailleurs du retard, à cause de problèmes techniques

Mais quid des dangers inhérents à l’utilisation de l’atome ?

En dehors des cas extrêmes de type Tchernobyl, la Suède et le Japon ont connu récemment des déboires à répétition avec leurs centrales. Par ailleurs, certains parcs vieillissent et commencent à être à la limite de leur durée de vie, et donc avec une dangerosité accrue d’accidents. Quels recyclages des centrales sont proposés, que faire des anciens réacteurs ? le coût de démantèlement d’une centrale est évalué entre 300 et 500 millions d’euros. Et les sols sont souvent radioactifs après. Un rapport de la CRIIRAD (Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité) sur le démantèlement du site de Brennilis (Bretagne) fait état de contamination par Césium 137, Cobalt 60 et de radionucléide de type uranium des effluents en contrebas. Ces composants présentent une très forte radio toxicité.

Par ailleurs, les techniques de recyclage des déchets ne sont pas au point compte tenu de leur durée de vie. Certains déchets peuvent avoir des millions voire des milliards d’années d’existence. Aujourd’hui, on utilise des techniques d’enfouissement ou d’enfermement dans du béton ou du verre, ou sous terre ou dans des piscines. Cependant, on ne peut savoir quelle est la dangerosité résiduelle de ces déchets. Autre danger, la prolifération nucléaire. Pouvons nous laisser des pays comme le Pakistan, l’Iran, la Libye ou encore la Corée du Nord détenir du nucléaire civil en sachant qu’il est alors facile de transformer l’uranium en uranium enrichi et ainsi avoir l’arme nucléaire. Apparemment, la France a tranché en ce qui concerne la Libye. Un partenariat vient d’être signé sur fond de libération des infirmières bulgares.

Une énergie limitée

L’engouement pour le nucléaire pose aussi un problème d’approvisionnement. En effet, à la base de toute centrale, il faut un combustible : l’uranium. Un site nucléaire en consomme environ 200 tonnes par an et a besoin lors de sa mise en service de 600 tonnes. Or, il y a déjà 435 réacteurs nucléaires dans le monde et de nouveaux sites vont voir le jour. 28 sont déjà en construction, 64 planifiés et 158 sont des projets en cours de développement. Actuellement, la consommation a déjà dépassé les capacités de production des sites d’extractions principalement basés au Canada, Australie, Niger et Kazakhstan. La consommation prévue pour 2007 est de 183 millions de livres pour une production de 117 millions. L’écart a été compensé par les réserves militaires de la Russie et des Etats-unis, mais ils sont en cours d’épuisement.

Certes, certains experts tablent sur une réserve d’uranium planétaire suffisante sur 2 siècles, mais d’autres annoncent plutôt 50 à 60 ans. Bref, on ne sait pas trop… Comme pour le pétrole et le gaz naturel, les réserves mondiales ne sont pas illimitées et certains sites sont souvent inutilisables pour des raisons financières ou matérielles. Le cas de Cigar Lake (Canada) est emblématique : une inondation a arrêté la production pour au moins deux ans. Par ailleurs, si l’Australie est le pays qui a le plus de réserves, elle ne permet qu’à certains de ses états d’en faire la commercialisation. Les cours ne sont donc pas prêts de s’écrouler pour satisfaire la demande mondiale. Et le nucléaire est encore une énergie fossile, donc non renouvelable et limitée.

Alors, le nucléaire est elle la solution miracle pour lutter contre le réchauffement climatique… Au vu des difficultés de production, du coût de plus en plus élevé de l’uranium, des dangers inhérents (et pas des moindres) à son utilisation, les gouvernements ne peuvent faire l’économie d’aussi parier sur des énergies propres et renouvelables. L’engouement actuel paraît bien ne se soucier que d’une réponse à court terme à un problème beaucoup plus profond. Mais cela est une autre histoire.