Les députés français ont adopté un arsenal de mesures renforçant la lutte contre l'alcoolisme, le tabagisme et l'obésité, notamment chez les jeunes, même si les différents lobbies sont parvenus à en atténuer la portée.

Face à ces pressions et aux interventions de certains élus des zones viticoles, qui dépassent les traditionnels clivages politiques, plusieurs mesures ont été assouplies ces derniers jours et d'autres ont été renvoyées aux calendes grecques.

Parmi ces mesures prises dans le cadre du projet de loi "hôpital, patients, santé, territoires", l'Assemblée a adopté l'interdiction de la vente d'alcool au forfait, les "open bars", pour prévenir notamment le "binge drinking" chez les jeunes, pratique qui consiste à boire rapidement un maximum d'alcool.

Mais c'était sans compter sur la filière viticole qui dénonçait ce dispositif, estimant que, s'il était appliqué dans sa version initiale, il mettrait en péril les dégustations et les fêtes viticoles où il suffit de payer une entrée pour ensuite consommer à volonté.Un compromis a été trouvé avec l'aval de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Sont exclus de l'interdiction "les fêtes et foires, stages œnologiques et autres opérations de dégustations, repas vins compris".

S'il n'a pu s'opposer à des mesures comme l'interdiction de vendre de l'alcool aux moins de 18 ans et de 18 heures à 8 heures du matin dans les stations-services, le lobby viticole a obtenu l'autorisation de la publicité sur internet.Un amendement UMP a été voté avec le soutien de Roselyne Bachelot, qui propose d'actualiser la loi Evin de 1991, lorsqu'internet n'existait pas.

Elle fixe une liste limitative des supports autorisés pour la publicité en faveur de l'alcool.AU SÉNAT EN MAI.

Désormais, de telles annonces seront autorisées sur internet, sauf sur les sites destinées à la jeunesse, aux sports, à l'activité physique et dans les "pop-ups", publicités intrusives qui apparaissent de façon spontanée sur le web.

La série d'amendements visant à mieux lutter contre l'obésité présentée par Valérie Boyer (UMP), auteur d'un rapport sur ce sujet, a connu les mêmes déboires.Si elle est parvenue à faire de "la prévention de l'obésité et du surpoids" une "priorité de la politique de santé publique" ou à faire passer l'autorisation de l'achat de fruits et légumes avec des tickets-restaurant, d'autres amendements ont sauté.

Le gouvernement a demandé leur rejet en rappelant qu'une charte contre l'obésité infantile venait d'être signée entre les publicitaires et certains groupes agro-alimentaires."L'obésité sera une grande cause nationale mais certainement pas à l'Assemblée", a lancé un député socialiste, furieux de voir l'auteur des amendements renoncer à les défendre.En revanche, les lobbies du tabac n'ont guère eu de succès si l'on en juge par l'adoption de la plupart des amendements durcissant la législation en la matière.

On y trouve notamment l'interdiction totale de la vente de tabac aux mineurs de moins de 18 ans et de cigarettes dont la saveur est sucrée ou acidulée, les "cigarettes-bonbon".

Le projet de loi sur lequel l'Assemblée devrait se prononcer au plus tôt le 11 mars, au plus tard le 18, doit être examiné par le Sénat dans le courant du mois de mai.D'ici là, il y a fort à parier que les différents lobbies vont se démener afin de "corriger le tir" ou tout au moins de préserver les "succès" enregistrés au Palais-Bourbon