L’affaire de Bagneux

Le 22 février dernier à Bagneux, ville dans laquelle Ilan Halimi avait succombé à la barbarie d'un "gang", un jeune homme  de 18 ans (ou de 19 ans selon les journaux) était séquestré et passé à tabac pendant plusieurs heures par six personnes âgés de 16 à 25 ans. La police ayant révélé des atteintes à caractère "raciste" et "homophobe" ( bien que le terme serait plutôt "antisémite" selon les critères en cours), les journalistes et diverses associations ont relayé l'affaire sordide, à l'occasion de l'évocation de l'affaire au tribunal.
Tout aurait commencé au sujet d'un camescope volé, que la victime ne possédait pas et d'une prétendue dette. Les jeunes gens se connaissaient manifestement, les services de police diront effectivement que le jeune homme leur est connu, comme probablement ses agresseurs. Séquestré, de 10h00 à 19h30 selon la presse, dans un appartement puis dans un box, menotté, il est battu, attaché avec des menottes, frappé et contraint d'avaler des mégots de cigarette avant que ces agresseurs n'écrivent sur son visage au typex, ou au feutre, les termes de "sale juif" et de "sale pédé", ce que les agresseurs semblent avoir admis.

Il n'en fallait pas plus pour que les associations juives et anti-racistes se mêlent de la chose, avec des déclarations relatées dans la presse, criant à l'antisémitisme et au racisme et parmi lesquels le MRAP se distingue par son discours : "cet acte ignoble relève du racisme qui appelle à une sanction à la hauteur du caractère abominable des faits." tandis que la Licra parle de "banalisation de l'antisémitisme", ce qui n'est pas faux dans les expressions employées. Curieusement selon la presse toujours, les agresseurs, qui ne brillent pourtant pas pour cet acte par leur intelligence, ont pris soin d'effacer les deux inscriptions avant de laisser repartir leur victime (non sans lui dire “Si tu parles, on te marave"), très choquée mais relativement indemne, qu'ils avaient forcé à ingurgiter de l'alcool et qui est partie dès le lendemain porter plainte devant les services de police.
Pour les habitants de Bagneux, il n'y a aucun doute. Il s'agit d'un crime crapuleux entre jeunes gens. La directrice du cabinet du maire le dit aussi : "Le mobile est crapuleux, a priori, il n'a pas été agressé parce qu'il était juif." Les habitants tiennent des discours tout à fait cohérents avec cette déclaration. Une boulangère, selon 20 minutes  le dit : "Il n'y a aucun rapport avec l'affaire Halimi, ce sont les médias qui relient artificiellement les deux histoires. "Sale juif", c'est le genre d'insultes qu'on peut malheureusement entendre quotidiennement. Tous ces jeunes, y compris la victime, se connaissaient depuis longtemps, ça ne peut être qu'un règlement de comptes". Des problèmes de drogue sont évoqués par d'autres personnes.
Dans les journaux, on comprend rapidement que le père du jeune homme est juif mais pas sa mère, qu'il est totalement athée, que son nom est à consonance juive, et qu'au premier abord tout semble indiquer que toute l'histoire n'est liée qu'à des jeunes gens en "affaire" entre eux et qui ont subi un désaccord sur de l'argent relativement "sale". Le magistrat lui-même tempère. Au premier abord il s'agit donc d'un crime crapuleux commis par des jeunes gens mal élevés, racistes, et surtout profondément bêtes, mais dont le mobile est ailleurs. Un vague fait divers donc, mais qui n'a pas empêché que les associations anti-racistes réagissent avec toute la virulence possible. L'affaire, plutôt que de renvoyer à celles d'Ilan Halimi, renverrait donc plutôt à celle des agressions d'Epinay Villetaneuse, avec une première agression envers un juif, puis une série d'agressions de la même personne envers tous types de communauté. Là aussi les associations s'étaient hativement jetées sur l'information pour conclure à l'antisémitisme.
Ne reste qu'à féliciter la presse qui est restée prudente et les politiciens, qui pour cette fois, ont su rester en retrait… sauf à constater que certains endroits du territoire recèlent une violence inadmissible, que tout un chacun est susceptible de supporter un jour. Le jeune homme s'est enfui de Bagneux et son père lui-même déclare, selon le Figaro , "Moi-même, je suis très inquiet et j'envisage de déménager pour échapper à ces voyous". Ses voyous font la loi, ils passent au tribunal, mais le jeune homme a quand même peur, ainsi que sa famille. A méditer… A méditer aussi l'attitude des associations. Qu'auraient-elles dit si la victime n'avait pas été soi disant "juive", ou assimilée? Nul ne le sait! Au moins, elles restent dans leur rôle.

7 réflexions sur « L’affaire de Bagneux »

  1. Si la rédaction me lit, j’aurais voulu changer une petite chose à cet article, mais il m’est impossible d’y accéder… C’est pas grand chose, mais cela donnerait plus de sens à mon article. Il s’agit de rajouter dans l’avant dernier paragraphe, à la place de ce qui concerne l’aventure de la jeune femme dans le train : « L’affaire, plutôt que de renvoyer à celles d’Ilan Halimi, renverrait donc plutôt à celle des agressions d’Epinay Villetaneuse, avec une première agression envers un juif, puis une série d’agressions de la même personne envers tout type de communauté. Là aussi les associations s’étaient hativement jetés sur l’information pour conclure à l’antisémitisme. »

  2. IL FAUDRAIT CONNAiTRE EXACTEMENT L’ORIGINE DES AGRESSEURS
    avant de se prononcer sur le caractère raciste de l’agression au demeurant odieuse et inacceptable il faudrait connaître exactement l’origine sociale et raciale des agresseurs.
    on a toujours le nom des victimes mais le nom des agresseurs présumés innocents n’est jamais connu, ce qui peut fausser les interprétations.

  3. Antisemitisme des minorités visibles
    Les minorité visibles discriminées sont pour la plupart anti-semite par association d’idée entre leur origine, leur foi et le contexte géopolitique actuel.
    Je ne serais pas étonné que les « jeunes » soient attachés au folkore méditérannéen.
    Jim

  4. Oui, je le crois aussi. Il me semble que ces jeunes ont du ressentiment envers Israel et que c’est plus ou moins une habitude chez eux de ne pas aimer les juifs. C’est triste mais c’est ainsi. Voir à ce sujet le rapport sur l’école en 2004. Ceci dit l’inverse est sans doute souvent vrai aussi.

    Mais dans cette affaire la raison initiale n’était pas celle-ci.

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