L’adieu aux larmes

(à la manière de JM…)

Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde.

« Je suis venu vous dire que je m’en vais… et vos larmes n’y pourront rien changer. Comme dit si bien Verlaine au vent mauvais, je suis venu vous dire que je m’en vais ».

Soyez rassurés : je n’ai pas perdu la tête au point de me lancer imprudemment dans le pastiche Gainsbourien (ou Gainsbarrique ?). N’est pas Nicanor qui veut !

Depuis fin juillet, je m’étais fait d’abord épisodique, puis rare dans ces colonnes. Pour tout dire, j’attendais pour reprendre la plume et refaire surface d’avoir un évènement d’importance à annoncer. A mes yeux, il ne pouvait s’agir que de la publication des trois tomes de Place de l’Europe, le recueil anthologique des œuvres de Jacques Monnet.

 

 

Après quelques dizaines (centaines ?) d’heures de travail intensif, l’ensemble des textes avait été collationné, assemblé, mis en forme, relu, avant d’être soumis à l’éditeur (le 20 mai 2013), puis accepté par lui dans la foulée, sans réserves.

Edlilivre annonçait alors que l’ouvrage rassemblerait 905 pages, avant de se raviser (semblant découvrir son « énorme » volume) pour proposer qu’il soit scindé en trois tomes.

Une suggestion acceptée d’autant plus volontiers que je l’avais moi-même envisagée dès l’abord, malgré le surcroît de travail qu’elle sous-entendait.

Les travaux de composition commencèrent dès que je confirmais à l’éditeur que les illustrations qui accompagnaient les billets de Jacques étant en couleurs, c’est ainsi qu’elles devraient être reproduites.

Tant et si bien que le 7 août (par coïncidence, le jour de ma dernière publication sur C4N…), je reçus la première épreuve du tome 1 et entamais la première relecture de ses 618 pages, une étape des plus fastidieuses et des plus astreignantes, comme le savent par expérience tous ceux qui ont publié un jour.

Je retournais mes corrections quatre semaines plus tard, vacances obligent.

Deux autres semaines s’écoulèrent, avant que me parviennent les épreuves du tome 2 (534 pages). Plutôt que d’entamer tête baissée sa relecture, je me livrais à un examen minutieux, car un détail m’avait chiffonné : pour une raison mystérieuse, le titre du tome 2 de Place de l’Europe était devenu Si Jacques Monnet m’était conté. Je devais bientôt découvrir, en sus, que son format était différent de celui du premier opus, que les polices de caractères n’étaient pas identiques et que même les règles de composition n’étaient pas homogènes.

Je m’apprêtais à faire front et me préparais à des échanges homériques pour exiger que le souvenir de Jacques soit respecté comme il le méritait. On m’expliqua alors (mais un peu tard, comme aurait juré le corbeau…) que des raisons techniques interdisaient qu’un livre dépasse 700 pages, raison pour laquelle le format du tome 1 était de taille supérieure.

M’étant aperçu qu’en fait, l’épreuve reçue comptait 524 pages (au lieu des 618 annoncées), je remis le manuscrit sur le métier, pour le composer de nouveau. Ce fut pour m’apercevoir que mis au format du tome 2, le premier occupait en réalité 568 pages, soit une pagination parfaitement compatible avec les contraintes alléguées. Dans les mêmes conditions, le tome 2 comptait 550 pages et le tome 3 526, ce qui rendait le tout complètement homogène.

J’en étais là de mes pérégrinations lorsque claqua le coup de grâce, sous la forme d’un courriel en date du 16 octobre : « … avec 138 pages imprimées en couleur (sic) le prix de vente de votre ouvrage va, environ (sic), s’élever à 98,50 €. Ce prix nous paraissant beaucoup trop élevé et compte tenu du nombre de pages déjà élevées (sic) que possèdent (et re-sic) votre livre, nous vous conseillons d’opter pour une impression en noir et blanc. Ce choix réduirait le prix de vente de votre livre à 33,50 € ».

Une arithmétique élémentaire aboutissant à un total de près de 250 €, il était évident que même les plus fidèles admirateurs du talent de Jacques renonceraient à acquérir l’ouvrage et que le trahir en noir et blanc ne ramènerait l’addition qu’aux alentours de 100 €, soit un montant encore beaucoup trop élevé pour envisager une diffusion décente.

La mort dans l’âme (c’est le cas de le dire !…), je me résolus à conclure les échanges par un courrier de renoncement que l’éditeur fit mine de ne pas comprendre.

Dans le même temps, je consultais un professionnel classique, lui demandant de chiffrer une impression à compte d’auteur. Le verdict tomba rapidement : pour une douzaine d’exemplaires, en couleurs, le prix le plus serré aurait été au total d’un peu plus de 150 € pour la collection des trois tomes. Si l’opération reste donc à la limite envisageable pour le cadeau qui pourrait être destiné à la famille, elle me semble en revanche totalement improbable pour les quelques lecteurs de C4N qui auraient été intéressés à s’associer à ce devoir de mémoire.

La version papier de Place de l’Europe ne dépassera donc jamais le stade du vœu généreux, mais utopique. Pourtant, le projet ne restera pas complètement sans lendemain ; en effet, je m’engage formellement à permettre à quiconque m’en fera la demande (par messagerie privée) d’en recevoir une version électronique (pdf), puisqu’elle existe.

 

2 réflexions sur « L’adieu aux larmes »

  1. En souvenir de Jacques Monnet, et parce que cet homme « hors normes » m’a toujours soutenu dans les moments douloureux que j’ai traversés.
    En souvenir de mes échanges téléphoniques, avec lui.
    Pour le bon élève qu’il fut pour présenter ses textes et photos, quand je lui ai appris à les insérer.
    Et pour mille autres petits souvenirs, je serai heureuse de recevoir les 950 pages « et plus » de son oeuvre.
    À l’avance un Grand MERCI à Jean-Pierre Lamargot.

    SOPHY

  2. Comme indiqué, vous recevrez en messagerie privée le lien d’où vous pourrez télécharger les trois tomes (accompagnés d’un « bonus », en forme de clin d’œil

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