Amadou Sanogo: que veut – il au juste ?

Près de 4000 personnes sont descendues ce samedi 21 avril dans les rues de Bamako pour dénoncer l’immixtion  des militaires dans le processus de transition actuellement en cours au Mali. C’est ainsi qu’on pouvait lire sur les pancartes les messages du genre «  Les militaires au front et non dans les palais » ou encore «  non à toute violation de la constitution malienne » et bien d’autres. Conduite par le front anti-putsch qui regroupe en son sein plusieurs formations politiques et plusieurs organisations de la société civile, la manifestation visait selon ses organisateurs à condamner  l’ingérence de plus en plus récurrente des militaires dans le processus politique.

Il faut dire que conformément à l’accord-cadre qu’avait élaboré la Cedeao, les militaires devraient retourner dans les casernes, afin de permettre la mise sur pieds d’un gouvernement intérimaire chargé d’organiser un scrutin présidentiel dans 40 jours comme le stipule l’article 36 de la constitution de la Malienne. Au cours des négociations,  face à la détermination des militaires à rester actifs dans la vie politique du pays, la Cedeao leur avait fait certaines concessions en acceptant notamment de les associer à tout le processus du début jusqu’à la fin. C’est ainsi que dans le choix du premier ministre, les propositions de Amadou Sanogo et sa bande étaient prises très au sérieux. Et même, ils sont actuellement associés à la formation du gouvernement qui est en préparation.

Seulement, plutôt que de se contenter de cette collaboration, la junte entend se positionner dès lors comme le gendarme de la transition, et menace même une fois encore de revenir au pouvoir si leurs désirs ne sont pas pris en compte. Toutes choses qui fâchent de nombreux maliens qui ne parviennent toujours pas à comprendre cet excès de zèle des militaires.  Le chef de la junte a d’ailleurs indiqué le 09 Avril dernier que « Le CNRDRE veillera au respect strict de l’accord-cadre signé avec la Cedeao. » avant d’ajouter : «  Je prévois la tolérance zéro pour quiconque qui tentera de remettre en cause cet accord-cadre ». Un discours qui semble quand même inadmissible dans un pays qui se veut démocratique avec  des institutions de régulation que sont le parlement et le conseil constitutionnel.

Selon certains spécialistes de la vie politique malienne, la bande à Sanogo serait en train de vouloir mettre en difficultés les dirigeants actuels, afin de faire échouer la transition pour revenir au pouvoir. La Cedeao s’en trouve donc interpellée ; elle, qui devrait et très rapidement adresser un rappel à l’ordre en direction de ces militaires.