En cette période de questionnement, de débat sur le mariage des homosexuels et l’adoption par un couple du même sexe,  je propose :

– Aux détenteurs de la moralité, aux défenseurs de l’avenir de notre monde ; mettez-vous à la place de ceux qui reçoivent vos outrances !

– À ceux qui se pensent porteurs des valeurs Chrétiennes, d’Amour et de Dignité ; mettez-vous à la place de vos enfants, qui entendent vos sermons !

– À ceux de l’église (Pape, évêques et cardinaux), si vous avez tellement envie de vous mêler de la sexualité des autres,  occupez vous de celle des anges et des comportements de certains curés et autres évêques.

Moi aussi, j’en profite pour questionner l’ancrage de mes valeurs.

Il est facile, rassurant, de se croire tolérant, ouvert, quand on est dans la théorie.

Seule la confrontation au réel nous dit qui nous sommes.

Toute notre vie est construite avec des schémas traditionnels.

Dès notre petite enfance, on nous fabrique, consciemment ou pas, un modèle.

Tout nous prépare pour un avenir stéréotypé.

Les contes pour enfants, les livres scolaires, les images du tube cathodique, les chansons d’amour, sont des géants graveurs  pour notre cortex.

Il existe une grande et complexe fabrique d’illusions, d’une existence linéaire.

« Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ».

On s’attend à voir nos garçons à venir nous présenter leur copine, les filles leur copain.

Combien de parents ont imaginé leur petite fille, venir un jour leur dire « papa, maman, voici ma copine avec qui je vais vivre ! » ?

On se dit que ce ne serait pas dramatique, que ça arrive !

Je me souviens d’une discussion avec un ami sur le sujet de l’homosexualité.

Ma conclusion fut très définitive « je préférais avoir un fils homo plutôt que facho ! »

Mais quelle ambigüité dans cette phrase !

Elle dit l’improbabilité d’une telle situation.

Elle positionne l’homosexualité, comme une tare, juste moins infamante qu’une idéologie  extrémiste.

Quand nos rêves, les plus intimes, les plus encrés en nous, semblent s’écrouler.

Il faut tout réapprendre, se construire de nouveaux repères.

Il nous faut se questionner sur ce qui fait l’essentiel de nos existences.

L’amour se mesure dans les épreuves, dans l’acceptation de ce qu’est l’autre.

Qu’il est difficile de trouver les mots justes, quand le sol se dérobe sous nos pieds.

Comment ne pas blesser l’être aimé, quand le présent et l’avenir préfabriqué, changent de dimension ?

Dans un monde, où tout est  conçu, pensé, organisé pour ceux qui correspondent au modèle dominant, comment ne pas avoir peur pour notre enfant ?

Comment ne pas avoir peur de ces fous qui massacrent un jeune, dans un parc, parce qu’il a une autre orientation sexuelle ?

Il nous faut imaginer la souffrance de celui qui ne peut afficher son amour.

Il nous faut entrevoir la douleur de ne pas pouvoir se confier à ceux à qui il tient.

Il faut imaginer la frustration du père qui voudrait crier que ce n’est pas important.

Que ce n’est pas ça, qui fait de nous des êtres d’humanité.

Il ne le fait pas, parce qu’il se dit « de quel droit, au nom de quoi ? »

Ça  lui appartient !

L’aurait’ il fait, s’il était dans la norme dominante ?

Non, bien sûr !

Il n’est même pas encore certain, qu’il faille en parler.

Laisser les choses se faire le plus naturellement possible ?

Ne pas orienter toutes les discussions autour de ça?

Et pourtant il ne veut pas laisser penser qu’il s’en fiche, que ce n’est pas important.

Alors, l’avenir de ce monde, qu’est-ce qu’il s’en fout, si son fils n’y a pas sa place !

Ce n’est pas le mariage de tous, ou l’adoption d’un enfant par deux personnes pleines d’amour, qui est le danger pour le genre humain.

Non, c’est bien la bêtise et l’intolérance qui en sont les vraies menaces !

Il faut comprendre le questionnement,  il faut accepter le débat, mais il faut refuser, sans aucune ambigüité, sans aucune exception, sans aucune indulgence, tout ce qui blesse, humilie  tue la dignité humaine.