La campagne présidentielle bat son plein à quelques jours du premier tour. Tous les candidats se manifestent et tentent de faire impression même si les jeux semblent faits, mais une surprise peut toujours intervenir. Hier soir, le candidat socialiste, François Hollande était en meeting à Lille. Bastion du socialisme, une ville rose depuis plusieurs décennies.
Mardi, fin d’après-midi, le temps est digne de la région, venteux, pluvieux et la température pas très élevée. Aux abords du Grand Palais, près du Zénith, le même endroit où semble résider François Hollande à 4 jours du scrutin, il y a foule. Des dizaines de bus venus de la région et de la Belgique bloquent le Boulevard du Président Hoover, les militants y descendent le sourire aux lèvres.
La salle, où trônent 2 écrans géants, se remplit petit à petit pour finir par être pleine, plus de 20.000 personnes sont présentes. Sur le côté gauche de l’estrade, se placent les élus du parti ainsi que ses notables, à l’image de Lionel Jospin, Jack Lang, Jean Marc Ayrault et Martine Aubry. Avec un petit peu de retard, le show commence.
Afin de mettre de l’ambiance dans la salle, le groupe Blankass, originaire de la région, lancé grâce à l’action culturelle de Pierre Mauroy à l’époque où il en était le maire, a fait bouger l’audience sur de la musique rock. Les guitares ont cessé de faire vibrer leurs cordes et un film retraçant les grandes dates du Parti Socialiste était projeté pendant que le pupitre était installé.
Le premier à prendre la parole fut à Thierry Giet, président du Parti Socialiste belge. Un discours bref mais dont le sens était clair, il apporte son soutien à François Hollande pour qu’il le rejoigne à la table des discussions au niveau européen. Le flambeau fut passé à Martine Aubry.
La maire de la ville a été accueillie par des applaudissements, son nom a été scandé, la foule était en liesse. Mme Aubry a tenu, en premier lieu, à saluer le travail d’orfèvre d’Elio Di Rupo, le Premier Ministre belge, également dans la tribune d’honneur, pour avoir sorti le « plat pays » de l’impasse politique dans laquelle il s’était engouffré. Puis, elle s’en est prise au président sortant non sans humour avec des phrases du type : « la seule usine qui ne ferme pas avec Sarkozy, c’est l’usine à promesse ». Les huées accompagnaient, comme un réflexe, le nom du candidat de la droite.
Le moment tant attendu finit par arriver, François Hollande arriva au pupitre, lui aussi reçu avec les ovations, les drapeaux « le changement, c’est maintenant » flottant à tous vent et les « François, président ! » criés à tue-tête par les futurs électeurs.
Il a commencé son discours en brossant les nordistes dans le sens du poil, en évoquant le Nord comme terre industrielle, vivier du socialisme, là où beaucoup de combats pour sortir de la condition misérable des ouvriers ont été menés. Il a lancé l’idée d’une grande fête de la tolérance et de l’amitié internationale en 2014 afin de célébrer le centenaire de la Grande Guerre.
La nécessité du changement doit se faire et cela passe par le PS, un message sous-jacent destiné aux électeurs attirés par un vote Mélenchon ? Il a martelé que pour gagner, l’union de la gauche est inévitable. François Hollande a montré sa confiance en évoquant clairement sa victoire et en pensant déjà aux prochaines élections, les législatives de juin prochain.
Avec véhémence et dynamisme, il s’est montré convainquant quand il a présenté thème par thème les 60 propositions de son programme. Pour le Travail, un thème qu’il souhaite reprendre à la droite, la fin de l’incohérence dans la différence de salaires, prenant l’exemple de l’infirmière et du gros patron. L’Europe, il propose la renégociation des traités opprimant les européens enchaînés aux décisions des banques. Des établissements bancaires qu’il souhaite taxer, qu’il souhaite moraliser pour éviter les dérives telles que l’on connait. Puis ce fut le tour de l’Ecologie, de la Morale, de l’Education, de la Santé et des Médias.
François Hollande a fini son discours en s’en prenant aux techniques sarkozystes. Celles consistant à utiliser la peur en cas de victoire du Parti Socialiste. Une technique bancale et complétement infondée. Une autre peur a clos la réunion, celle du 21 avril, pour que ce séisme politique ne se reproduise plus, le prétendant socialiste a insisté sur le fait d’aller voter.
Il est plus de 21 heures, les applaudissements retentissent à nouveau dans la salle, le candidat s’en va levant les bras en l’air pour saluer les milliers de personnes venues malgré les intempéries, il repart alors pendant que tous crient « On va gagner, on va gagner ! ».