Jean-Louis Debré victime d’un Président intouchable ?

En politique, il est connu que la langue la plus parlée n'est pas l'anglais, encore moins le français, mais plutôt la langue de bois. Quand un homme politique dit ce qu'il pense de la présence du Président dans la Presse People, de ses frasques et qu'il est également membre de l'UMP, il apprend très vite à se taire, à ses dépens…

Jean-Louis Debré a t-il tiré une leçon de sa profonde sincérité ? Samedi, il réagissait à l'annonce du mariage présidentiel sur Radio-J, par des réflexions qui n'ont pas du tout plu aux pontes de la majorité. "À partir du moment où vous avez reçu une mission du peuple, quelle que soit cette mission, il y a une certaine tenue à avoir." Un crime de lèse-majesté dans une République où tous les Ministres et membres de l'UMP semblent vénérer le Président.

Jean-Louis Debré demandait également à ne pas "désacraliser les fonctions officielles". On y voit une référence à l'étalage people de Nicolas Sarkozy et peut-être également de son union à Carla Bruni, un personnage qui fait tâche dans le paysage officiel et puritain. Une première dame nue, portant uniquement ses bottes et son allianc, c'est assez peu commun.

La réaction ne s'est évidemment pas faite attendre puisque les figures de l'UMP se sont succédées pour condamner les attaques de Debré contre le Président. On a presque l'impression d'assister à une excommunication.

Voici quelques petites piques agréablement acides et difficile à digérer :

"il devrait respecter un certain devoir de réserve dû à sa fonction" Jean-Pierre Raffarin, Canal+

"J'ignorais que Debré était qualifié pour donner des leçons de retenue surtout lorsque je vois la façon dont il s'exprime" Edouard Balladur, France 2

"On ne peut pas donner des leçons de réserve et ne pas se les appliquer à soi-même." Nadine Morano, durant le point Presse UMP

"Il n'avait pas à dire ce qu'il a dit. Je ne savais pas qu'il était chargé d'être l'arbitre des comportements politiques dans ce pays" Claude Guéant

"Ce n'est pas au président du Conseil constitutionnel de donner des injonctions ni à l'exécutif ni au législatif" Bernard Accoyer, LCI

Toute la "famille" UMP s'est dressée face à Debré pour défendre le "Père" symbolique, Nicolas Sarkozy. Certes, de par sa fonction, Jean-Louis Debré est tenu à une certaine impartialité et à une retenue, mais sa remarque, somme toute indéniable a déclenché une tempête.

A l'UMP on apprend à défendre bec et ongles son Président, tenez le vous pour dit !