Il est étrange que l'on n'ait pas encore pu démontrer scientifiquement l'inexistence de Dieu.


On a démontré l'existence de bien des choses, et par voie de conséquence l'inexistence d'autres, mais la possibilité que l'univers n'ait strictement aucun créateur reste introuvable sous éprouvettes dans les laboratoires.


Or la causalité n'est-elle pas la première leçon que l'on prétend tirer de l'observation ?


Les causes qui engendrent le mal ne seront jamais celles qui engendrent le bonheur, n'est-ce pas ?


Le fait qu'un train avance seul sur une voie ne signifie pas que le pilote ne se trouve pas ailleurs quelque part ou à distance. Pourquoi devrait-il « habiter » le train ? A chacun de vous, il est peut être arrivé de mandater quelqu'un pour le représenter ou voter en son nom ?

Pourquoi cette possibilité serait refusée au Créateur de l'univers ?


L'absence n'étant pas constitutive de l'inexistence d'une chose, il faut déterrer une preuve irréfutable que la matière, la lumière, l'univers soient les fruits du hasard. Mais laquelle ?


Tout d'abord : qu'est-ce que le hasard, le hasard existe t-il vraiment ?

S'il existe, a t-il toujours existé, quelle est sa nature, à quelles lois obéit-il ?


Rien de ce qui existe n'a vraisemblablement toujours existé, ni n'existera toujours.

Cela tout le monde en est certain : le changement est la source de toutes choses.

Rien de ce qui existe est sans cause(s). Les vagues ne se produisent pas sur l'océan par hasard, mais elles ne prennent pas sa place non plus : chaque chose reste à sa place et l'échelle de l'ensemble est respectée.


Dans nos vies, une sorte de hasard se manifeste certainement, comme dans le loto par exemple, mais à l'échelle de l'univers comment pourrait-il se démontrer ?

Il faudrait démontrer surtout que l'univers aurait pu ne jamais naître : qui va s'y risquer ?

Et de qu'elle sorte sera cette preuve ?

Elle sera inévitablement du domaine de la probabilité.


Vous utilisez sans cesse la probabilité, de façon généralement inconsciente : vous rentrez chez vous le soir certain(e) que votre ami(e) sera toujours-là. Le jour où il (elle) met les voiles est un jour comme les autres où la probabilité n'était simplement plus en votre faveur… Mais vous l'ignoriez.

100 % des perdants ont tenté leur chance, exactement comme vous.


Vous prenez votre voiture en faisant mine d'éviter de penser à la probabilité : celle d'avoir un accident. C'est ce qui vous permet de vous rendre à votre travail en écoutant la radio. Ignorer la probabilité, c'est aussi confirmer implicitement son importance.


Le loto, le pmu, relèvent tous de la croyance en la prédiction des événements. On ne joue pas pour perdre. Le simple fait de tenter sa chance démontre que vous vivez dans un univers de probabilités qui le rend difficilement prédictif à volonté. Vous vous attendez à un certain résultat, malgré que la causalité ne puisse vous fournir suffisamment d'indices dans un sens ou un autre.

Mais y a t-il encore de la causalité justement lorsque celle-ci est battue en brêche en quelque sorte par l'introduction d'une pensée (science) probabiliste ?


L'univers physique répond plus sûrement à une nécessité qu'à un hasard pur.

Les événements s'y déroulent selon un ordre établi qu'il est difficile de nier.

L'eau gèle toujours à zéro degré, sur Terre comme sur la Lune.

Ce n'est pas une loi métaphysique.

Or, il est communément admis que le désordre ne puisse engendrer l'ordre, ni l'inférieur le supérieur : qui peut le plus peut le moins, mais pas l'inverse.

Si des lois répètent mécaniquement la création de l'univers depuis les commencements les plus reculés, d'où viennent-elles ?

Pourquoi sont-elles ainsi et non autrement : quelle nécessité a présidé un jour à leur apparition et continue de les entretenir ?


Si les choses ont toujours été ce qu'elles sont, et il est peu probable que cette assertion soit démontrée, à quelle finalité obéissent t-elles en retour ?


Est-il insensé de chercher un sens au monde dans lequel nous vivons ?

Non, car si nous voulons donner un sens à nos actes, c'est parce que cela nous rend heureux !


Mais aussi parce que quelque part nous cherchons une intention derrière l'apparent anonymat des phénomènes.


Un tableau noir et une craie blanche, même laissés ensemble des millions d'années, ne produiront jamais des abstractions mathématiques. Le matériel est-il empreinte de l'Intelligible ?


Au final, il est peut être plus facile de croire à l'existence d'une Intelligence Supérieure poursuivant un but que l'inverse.

Croire à un monde vide qui s'immobilisera après avoir épuisé son mouvement est une attitude plus intenable que chercher à décrypter l'écriture de l'univers comme une langue ancienne dont les symboles persistent presqu'effacés sur des tablettes en Mésopotamie.


Reconstituer le puzzle est plus jouissif. Le Mystère attire plus que la réponse mécanique offerte par l'instinct.


Sans compter que la science qui prétend décrire le réel ne fait que transcrire sur ses propres tablettes des lois qu'elle aimerait immuables, on se demande bien en raison de quelle vertu elles devraient l'être si aucune Intelligence ne leur confère ses propriétés ? Les événements physiques dont on dit qu'ils sont aveugles, sont-ils en mesure de se gouverner eux-mêmes ? Ces lois, cet ordre immuable pour l'instant, qu'elle est la force qui les impose à notre conscience et à notre expérience ?


Les calculs mathématiques décrivent-ils un univers discret où les possibilités abondent avant qu'il soit possible de prédire quel état la matière incarnera ?


1/ pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ?

2/ pourquoi le monde est-il dans cet état plutôt qu'un autre ?


Nulle intelligence ne peut répondre à ces questions : mais le fait de les poser suffit à croire à l'Intelligence. Exactement comme l'existence manifeste de la nature suppose l'existence implicite du surnaturel, et que l'âge de l'enfance conduit à l'âge adulte. Sans qu'on puisse dire pourquoi, mais supposer une grande sagesse n'est pas interdit.