La politique des boucs émissaires

Dans l’Antiquité, le prêtre d’Israël désignait un bouc émissaire qui était chassé de la cité afin d’emporter les péchés à l’extérieur. Pour le philosophe académicien René Girard, « il faut que la victime soit à la fois assez distante du groupe pour pouvoir être sacrifiée sans que chacun ne se sente visé par cette brutalité ». Deuxièmement, il ajoute qu’« il faut que le groupe ignore que la victime est innocente sous peine de neutraliser les effets du processus ». Et enfin « le bouc émissaire présente souvent des qualités extrêmes : richesse ou pauvreté, beauté ou laideur, vice ou vertu, force ou faiblesse ».

Beaucoup de responsables politiques dans l’histoire ont utilisé ce phénomène pour masquer leurs propres faiblesses. On dit au peuple : « Vous êtes malheureux, on va trouver les responsables de votre malheur et les punir »

L’Allemagne nazie s’est construite sur l’idée que « toutes les souffrances que son peuple devait endurer depuis la fin de la première guerre mondiale étaient dues à un complot planétaire dont les Juifs étaient les principaux instigateurs. »

Toujours d’après René Girard : « Dans une société « multiculturelle » où l’identité nationale est en crise, la fonction de l’expulsion de l’étranger serait d’envoyer un message apaisant »

C’est amusant de voir comment ce texte qui date de 2005 est d’actualité aujourd’hui.

Nicolas Sarkozy et son ministre de l’intérieur appliquent donc aujourd’hui cette vieille recette de stigmatisation d’une catégorie de la population. Tout d’abord, on s’est attaqué aux jeunes, noirs ou bronzés de préférence. Maintenant, ce sont les Roms qui sont expulsés brutalement et on accable les Français d’origine étrangère. L’immigré voilà l’ennemi ! Le lien avec le Front National est fait. Celui-ci proteste pour plagiat alors qu’il devrait être content, ce sont ses thèses qui l’emportent.

Ainsi donc les vieilles recettes qu’on croyait usées fonctionnent toujours.

Si ça ne marche pas, on se demande ce  qu’il va encore trouver après.

Laissons à René Girard le soin de conclure : « Il semble clair que notre société a tendance à apaiser ses tensions internes en jetant l’anathème sur des boucs-émissaires désignés. »

Vous pouvez lire l’article complet de René  Girard ici

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2 réflexions sur « La politique des boucs émissaires »

  1. Et oui, on retrouve des méthodes vieilles comme le monde.
    Qu’elles soient encore utilisées ne me surprends guère.
    Ce qui me surprend, c’est qu’elles fonctionnent encore.
    Comment peut-on croire que 100 milliards de dollars se sont envolés parce que des roms habitent dans des caravanes au bord de l’autoroute ?

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