Depuis quelques temps, le débat en matière de justice juvénile a été rouvert dans certains États, notamment en France, au Canada et dans la province de Québec. En effet, le gouvernement Charest a présenté le projet de loi C-10 visant à durcir les peines envers les jeunes contrevenants.  Une question se pose alors, vaut-il mieux punir les jeunes criminels pour leur donner un exemple ou plutôt les éduquer pour les conscientiser de leurs  gestes? Cette initiative du gouvernement du Québec suscite des opinions bien mitigées au sein du public.

 

Ce projet de loi n’entend pas abolir le tribunal de la jeunesse, mais plutôt augmenter la sévérité des peines que les jeunes délinquants recevront. Une mesure venant à l’encontre des décisions déjà prises dans le passée. Le but de juger avec  moins de sévérités les jeunes criminels réside dans l’idée même que ceux-ci sont plus jeunes, donc moins matures. Ils sont, de cette manière, moins aptes à prendre des décisions éclairées qui peuvent avoir un impact sur le reste de leur vie. Il est clair que, de façon générale, les mineurs n’ont pas encore atteint leur plein développement psychologique et qu’ils ne sont pas toujours aptes à  comprendre l’impact de leurs gestes. Avec ce projet de loi, faudrait-il conclure que les jeunes d’aujourd’hui sont plus matures que ceux d’il y a cinquante ans? Je ne crois pas que cela soit le cas, bien au contraire. Ces faits étaient vrais à l’époque et ils le sont toujours aujourd’hui, sinon plus.

 

La période de l’adolescence, constitue, pour plusieurs jeunes, une période difficile; certains d’entre eux sont rejetés par leurs pairs et subissent d’importantes pressions sociales. Ceux-ci, plus vulnérables dans cette période de grands changements, sont plus facilement influençables et  sont plus souvent portés à commettre des gestes qu’ils n’auraient pas commis autrement.  D’un autre côté, ils ne sont pas encore indépendants et plusieurs des jeunes contrevenants vivent dans des milieux familiaux instables. Certains sont abusés ou maltraité et n’ont pas eu de bons exemples pour commencer dans la vie. Au lieu de punir plus sévèrement leur crime, ne serait-il pas préférable d’investir dans des ressources permettant aux jeunes de se réinsérer dans la société?  En augmentant leur peine, nous ne ferrons qu’aggraver le sentiment de rejet et d’incompréhension que ces jeunes contrevenants ressentent. Nous ne les aideront pas à envisager un avenir meilleur et à prendre un nouveau départ. Ils sont mineurs, leur vie ne fait que commencer, il faut leur donner une chance de se rattraper!  

 

La jeunesse représente la relève d’une société, c’est elle qui, un jour, aura le pouvoir de faire changer les choses et d’assurer un avenir meilleur aux générations qui suivront ensuite. Il faut donc s’assurer que ceux-ci  grandissent bien et qu’ils aient toutes les chances de suivre la «bonne voie».  Est-ce que les punir plus sévèrement  représente une bonne solution? Quel genre de société pouvons-nous espérer lorsque les jeunes criminels sont rabaissés par le gouvernement et sont traités avec trop de sévérité?  En ne les aidant  pas à revenir dans le droit chemin, plusieurs d’entre eux continueront dans la criminalité et contribueront à faire augmenter le taux de  criminalité de notre société. Frustrés en raison d’un système qui a refusé de les aider, ils auront du ressentiment envers le système judiciaire et continueront leurs méfaits.

 

D’autres parts,  il a été prouvé qu’augmenter les peines de prisons n’aide pas à diminuer la criminalité.  Au Texas, où un durcissement des peines a été observé, le taux d’incarcération est devenu le plus élevé aux États-Unis et sont taux de criminalité a, quant à lui, diminué d’une manière moins significative qu’ailleurs au pays. Aujourd’hui, il est même envisagé par le gouvernement de l’État de modifier ces mesures punitives, en raison de l’échec évident de cette façon de procéder.  Avec ces preuves accablantes concernant les impacts d’un durcissement des peines, comment notre gouvernement peut-il envisager de poursuivre en ce sens?

 

Au lieu d’investir dans des mesures punitives, il faudrait miser sur des programmes d’aide pour ces jeunes qui ont pris un mauvais départ dans la vie. Il faut avoir espoir en l’avenir de ces adolescents qui n’ont pas eu la chance de bénéficier d’une éducation adéquate ou d’un encadrement parental correct.  Le gouvernement Charest, avec son projet de loi C-10, semble avoir fait abstraction de ces faits et négliger l’épanouissement des jeunes. La motivation et le talent de la jeunesse sont les promesses d’un avenir meilleur, il faut donc les encadrer et non les punir.