Les chances des Démocrates de remporter la Maison Blanche en 2008 n'ont jamais été aussi faibles.

Les élections présidentielles américaines nous réservent bien des surprises. En quelques mois, le pronostic final s'est affiné et on aperçoit nettement le scénario qui se profilera en novembre prochain. Disons-le d'emblée : il semble très probable que le prochain Président des Etats-Unis sera John McCain, candidat du parti républicain.

Reprenons le cours de l'histoire. A l'automne 2007, les Démocrates avaient toutes les cartes en mains : forts de leur triomphe au Congrès une année plutôt, ils mettaient en avant une candidate d'expérience, véritable symbole de leur parti : Hillary Clinton, sénateur de New York et ex-First Lady. La candidate Clinton ne se lançait certes pas dans des conditions idéales : en plus de devoir assumer l'héritage embarrassant de son mari, elle devait renverser une cote de popularité catastrophique – elle était et est toujours la candidate la plus détestée par le peuple américain.

Cela dit, il restait près d'une année pour faire mentir les sondages, et Hillary Clinton bénéficiait de conditions optimales dans son camp. Des militants pressés de retrouver la Maison Blanche, une presse totalement à gauche, le soutien international… Et, surtout, une véritable déroute chez ses adversaires. Fatigués par huit années de gouvernance Bush, les Républicains présentaient des candidats sans relief. Les trois figures principales, Rudy Giuliani, Mitt Romney et Mike Huckabee, ne suscitaient aucune adhésion particulière, et la campagne s'annonçait comme l'une des plus déprimantes de cette génération. Personne n'aurait parié un centime d'euro sur le GOP.

Cela, c'était avant la chute des Démocrates.

Paradoxalement, celle-ci est un produit de l'ère Clinton. Depuis une trentaine d'années, les Démocrates ont lentement glissé à gauche. Non plus la gauche américaine (qui, en Europe serait centriste) mais la vraie gauche, celle des manifestations anti-guerre, de l'antimilitarisme et de la détestation de soi. Le laxisme des années Clinton a permis à cette mouvance de prendre de l'ampleur. Aujourd'hui personnifiée par l'influence de l'organisation Move-On (3 millions de membres), la nouvelle génération démocrate est incontrôlable. On l'a vu, en automne, salir le nom du général américain en charge de l'Irak parce que celui-ci annonçait… de bonne nouvelles au Congrès. Ebranlée par cette vague d'extrême gauche, la "dinosaure" Hillary Clinton n'est plus en phase avec son parti et a dû lâcher des voix à un concurrent sorti de nulle part, Barack Obama.

C'est la nouvelle coqueluche de la gauche. Jeune sénateur, sans expérience, Barack Obama est aujourd'hui en passe de devenir le candidat démocrate aux présidentielles. Quel changement !

La veille, des Démocrates enthousiastes préparaient la victoire de novembre 2008. Aujourd'hui, le parti de gauche est plongé en pleine guerre civile. En face, le GOP s'unit lentement autour d'un candidat. En effet, les figures républicaines se sont effacées les uns après les autres. Seul challenger sérieux, le religieux Mitt Romney s'est retiré pour précisément éviter une guerre interne à son parti et laisser place à John McCain, "dinosaure" de l'Arizona, revenu des limbes de la politique après un début de campagne fantomatique.

Qui est McCain ? Un sénateur centriste qui ne suscite pas l'enthousiasme dans son propre camp mais qui rassemble Hispaniques et Indépendants, les deux catégories d'électeurs les plus importantes lors d'une élection. Depuis fin janvier, le sénateur de l'Arizona a pu commencer son travail d'unification du parti républicain, alors qu'en face les Démocrates continuaient à se tirer dans les pattes

Restent nos pronostics :

1. McCain-Clinton : victoire nette des Républicains, Hillary Clinton souffrant de sa mauvaise cote de popularité face à un McCain à la réputation chaleureuse. Victoire de la modération, incarnée par le sénateur républicain.

2. McCain-Obama : victoire des Républicains, Obama chutant dans les sondages après les débats télévisés de l'automne, un exercice où le jeune sénateur démocrate n'a jamais cassé la Barack. Victoire de l'expérience sur l'amateurisme.

En quelques mois, les Démocrates ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis et vivent une véritable crise interne. On voit mal, dans les conditions actuelles, comment le prochain Président des Etats-Unis pourrait ne pas s'appeler John McCain.

Article du blog drzz : http://leblogdrzz.over-blog.com