Droits de l’homme en Tunisie: Sarkozy déclenche la polémique

De Tunis à Paris, les réactions se multiplient pour dénoncer les félicitations du président français à son homologue tunisien Ben Ali. Pour beaucoup, les affaires ont pris le pas sur les libertés.

 

Ce mardi, un Tunisien a évoqué la question des droits de l’homme dans son pays. «Dans ce domaine, comme dans d’autres, nous sommes conscients que beaucoup reste à faire.» Il s’appelle Zine el-Abidine Ben Ali, il est président de la Tunisie. A croire que même lui n’a pu tenir sa langue face aux éloges lancés lundi sur ce dossier par Nicolas Sarkozy. Car ce mardi, c’est haro sur les déclarations du président français qui estime que «l’espace des libertés progresse» dans le pays.

Les défenseurs tunisiens des droits de l’homme d’abord s’insurgent. «Je suis déçue. Il ne s’agit pas de donner des leçons mais de reconnaître la réalité. Je vois que le président Sarkozy ne s’intéresse pas à la réalité de ce pays», a déclaré Khadija Cherif, présidente d’une ONG féministe. Pour elle, les mots de Sarkozy sont «une marque de mépris pour la société civile tunisienne». Mokhtar Trifi, président de la Ligue de défense des droits de l’homme, lui, ironise: «Si des garanties ont été données à M. Sarkozy pour que les libertés progressent, tant mieux! C’est notre demande.»

«Un grand écart incompréhensible»

A Paris, Reporters sans frontières a qualifié d’«inadmissibles» les propos tenus par Sarkozy. Selon RSF, «la liberté d’expression reste une utopie en Tunisie. La presse n’y fait que glorifier le bilan du président Zine el-Abidine Ben Ali et les journalistes indépendants et leurs familles sont victimes d’un harcèlement continu». En 2007, rappelle l’organisation, lors de la précédente visite en Tunisie de Nicolas Sarkozy, l’Elysée s’était félicité d’avoir évoqué le cas du prisonnier politique Mohammed Abbou. Ce dernier avait en effet été libéré quelques jours plus tard. Aujourd’hui, «le président français, accompagné de dizaines d’hommes d’affaires, change radicalement d’approche. (…) Ce grand écart est incompréhensible».

La porte-parole des députés PS Aurélie Filippetti met elle aussi l’accent sur le poids des enjeux économiques qui semblent dicter sa conduite au chef de l’Etat. «Nicolas Sarkozy a encore une fois montré que sa politique en matière de droits de l’homme fluctue en fonction du tiroir-caisse», a-t-elle déclaré lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale. «Dès qu’il s’agit de contrats commerciaux, il oublie tout ce qu’il avait dit pendant sa campagne électorale sur sa volonté de lutter pour améliorer les droits de l’homme, pour en finir avec la politique menée jusque-là par Jacques Chirac.»

Sarkozy avec les entrepreneurs des deux pays

Ben Ali, lui, n’a pas poussé plus avant l’autocritique puiqu’il assure «accepter volontiers la critique». mais il n’oublie pas de vanter «les réalisations (…) déjà nombreuses et l’évolution réelle» en matière de droits de l’homme, dans un entretien au mensuel Afrique-Asie publié mardi à Tunis. Ce mardi, l’épineux dossier des libertés reste à l’ordre du jour de la visite de Sarkozy mais c’est la secrétaire d’Etat Rama Yade qui se chargera de rencontrer des opposantes au régime. Le chef de l’Etat, lui, participera à une rencontre entre entrepreneurs français et tunisiens.

 

 

De Tunis à Paris, les réactions se multiplient pour dénoncer les félicitations du président français à son homologue tunisien Ben Ali. Pour beaucoup, les affaires ont pris le pas sur les libertés.

 

Ce mardi, un Tunisien a évoqué la question des droits de l’homme dans son pays. «Dans ce domaine, comme dans d’autres, nous sommes conscients que beaucoup reste à faire.» Il s’appelle Zine el-Abidine Ben Ali, il est président de la Tunisie. A croire que même lui n’a pu tenir sa langue face aux éloges lancés lundi sur ce dossier par Nicolas Sarkozy. Car ce mardi, c’est haro sur les déclarations du président français qui estime que «l’espace des libertés progresse» dans le pays.

Les défenseurs tunisiens des droits de l’homme d’abord s’insurgent. «Je suis déçue. Il ne s’agit pas de donner des leçons mais de reconnaître la réalité. Je vois que le président Sarkozy ne s’intéresse pas à la réalité de ce pays», a déclaré Khadija Cherif, présidente d’une ONG féministe. Pour elle, les mots de Sarkozy sont «une marque de mépris pour la société civile tunisienne». Mokhtar Trifi, président de la Ligue de défense des droits de l’homme, lui, ironise: «Si des garanties ont été données à M. Sarkozy pour que les libertés progressent, tant mieux! C’est notre demande.»

«Un grand écart incompréhensible»

A Paris, Reporters sans frontières a qualifié d’«inadmissibles» les propos tenus par Sarkozy. Selon RSF, «la liberté d’expression reste une utopie en Tunisie. La presse n’y fait que glorifier le bilan du président Zine el-Abidine Ben Ali et les journalistes indépendants et leurs familles sont victimes d’un harcèlement continu». En 2007, rappelle l’organisation, lors de la précédente visite en Tunisie de Nicolas Sarkozy, l’Elysée s’était félicité d’avoir évoqué le cas du prisonnier politique Mohammed Abbou. Ce dernier avait en effet été libéré quelques jours plus tard. Aujourd’hui, «le président français, accompagné de dizaines d’hommes d’affaires, change radicalement d’approche. (…) Ce grand écart est incompréhensible».

La porte-parole des députés PS Aurélie Filippetti met elle aussi l’accent sur le poids des enjeux économiques qui semblent dicter sa conduite au chef de l’Etat. «Nicolas Sarkozy a encore une fois montré que sa politique en matière de droits de l’homme fluctue en fonction du tiroir-caisse», a-t-elle déclaré lors d’un point de presse à l’Assemblée nationale. «Dès qu’il s’agit de contrats commerciaux, il oublie tout ce qu’il avait dit pendant sa campagne électorale sur sa volonté de lutter pour améliorer les droits de l’homme, pour en finir avec la politique menée jusque-là par Jacques Chirac.»

Sarkozy avec les entrepreneurs des deux pays

Ben Ali, lui, n’a pas poussé plus avant l’autocritique puiqu’il assure «accepter volontiers la critique». mais il n’oublie pas de vanter «les réalisations (…) déjà nombreuses et l’évolution réelle» en matière de droits de l’homme, dans un entretien au mensuel Afrique-Asie publié mardi à Tunis. Ce mardi, l’épineux dossier des libertés reste à l’ordre du jour de la visite de Sarkozy mais c’est la secrétaire d’Etat Rama Yade qui se chargera de rencontrer des opposantes au régime. Le chef de l’Etat, lui, participera à une rencontre entre entrepreneurs français et tunisiens.

 

 

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