N’invoquons pas le Front national, les identitaires, &c., qui n’y sont peut-être pour rien (ou si peu). Une magistrate de Limoges a condamné deux jeunes hommes à six mois avec sursis et 600 euros d’amende pour avoir giflé un quidam arborant des insignes nazis. En d’autres temps, le quidam aurait été abattu, les auteurs décorés… ou exécutés. Et une telle magistrate aurait été révoquée.


On espère que les deux jeunes gens se porteront en appel, que les démocrates, dont ceux du Front national, appelleront à une manifestation monstre pour les soutenir.

 

Les faits semblent simples. Deux jeunes gens de Limoges, Mathieu et Alban, croisent en ville un quidam qui est vêtu d’un tee-shirt arborant une totenkopf (tête de mort, emblème de la 3e Panzerdivision SS chargée des camps de concentration de Dachau, Buchenwald, Mauthausen, Orianenburg) et un wolfsangel (symbole du loup-garou et des unités de francs-tireurs créées par Heinrich Himmler et placées sous encadrement de la SS, et se livrant à des assassinats de civils ou des guet-apens contre les forces alliées derrière leurs lignes). La fameuse division SS Das Reich reprendra le symbole qui présidera aux massacres de Tulle et d’Oradour-sur-Glane.

Ces symboles sont aussi utilisés par les groupes ou partis néo-nazis, dont certains hongrois ou par le parti grec Aube dorée. De ce fait, la présidente du tribunal correctionnel, Isabelle Parmentier, qui a par ailleurs outrepassé les réquisitions du procureur, infligeant du sursis et une amende de 600 euros, a cru aussi bon de ne pas relever que ce type d’insignes ou de vêtement est interdit à la vente et qu’il faut se le procurer en ligne, via des sites néo-nazis.

Car les deux jeunes gens, dans un premier temps, interpellent l’individu et le tancent. Ce dernier le prend de très haut. Mathieu lui assène une gifle.

Impunité pour l’officier de police

Là, tout se gâte. Le type est un policier, de surcroît officier, qui appelle ses collègues. Lesquels, au lieu de l’embarquer au poste et de prévenir le procureur qu’il porte un vêtement prohibé, se lancent à la chasse des deux jeunes gens.

On imagine fort bien la suite. C’est sans doute le procureur qui a écarté l’outrage à policiers en l’exercice de ses fonctions de propagande. Lequel, au procès, feindra de ne pas savoir qu’il se livrait à de la réclame pour les néo-nazis. Pourtant, Le Populaire le rapporte, le plaignant déclara « j’aime les loups ». Comment savait-il donc que le crochet à loups, fortement symbolisé, est lié à ce type de signification ?

A-t-on aussi prélevé de la DNA sur Mathieu et Alban, histoire de les tracer par la suite et les déporter ou les exécuter ? Le mois avec sursis figurera-t-il longtemps dans des fichiers, en vue d’une rafle espérée ?

Comme par hasard, la presse, qui rapporte les prénoms des jeunes gens, ne rapporte pas l’identité du plaignant. On ne sait quelle sanction disciplinaire lui aura été infligée. Alors que le procureur demandait une peine de principe – ce qui n’étonne pas mais est tout à son honneur, étant donné la dépendance du parquet vis-à-vis de la police, ce qui l’oblige parfois à avoir recours à la gendarmerie – la présidente a transformé la réquisition de travaux d’intérêt général en emprisonnement assorti de sursis et 600 euros d’amende (quand le plaignant en exigeait en exigeait 2 000 pour une simple gifle qui lui a peut-être valu un congé bienveillant de ses supérieurs).

« Vous vivez dans un pays de droit ! », a grondé la présidente. Quand Bayrou, lors de la campagne électorale 2007, giflait un gamin, la même applaudissait peut-être…

Protestations des parlementaires FN ?

On ne sait quelles suites réservent Taubira ou Valls à ces faits. Même le Sarkozy d’avant sa seconde campagne électorale s’en serait publiquement indigné. On aimerait qu’au moins Me Collard et Marion Maréchal-Le Pen profiteront des questions au gouvernement pour obtenir des éclaircissements. Attendons.

Que lit-on en ligne ? « Deux juifs condamnés pour avoir agressé un policier portant des symboles ésotériques qui seraient nazis ». Tel est le titre relevé ce jour sur Propagandes.info. Pour ce site, il est « évident que les deux agresseurs sont juifs ». Et au sujet de la décision de la dame Parmentier, la conclusion est « on aurait espéré plus, mais c’est déjà un début ! ».
Bel encouragement que cette décision, donc.

Sur Twitter, je relève ce commentaire : « quand le sens de la justice française fait führer ».
Ou encore « êtes-vous mandaté pour faire justice vous-mêmes ? Et les résistants, fallait qu’ils soient mandatés ? ».

Chacun admettra que la justice ne doit pas prendre en compte fortement les mobiles de violences, sauf en cas de légitime défense. Les deux jeunes gens sont donc condamnables, c’est constant. Mais cette affaire relevait d’un juge de paix. Ils auraient fait semblant d’admettre que le policier s’était fourvoyé, lui auraient éventuellement présenté des excuses, et on en restait là. Là, on peut se demander si le déni de réalité n’a pas été récompensé.

Des précédents fâcheux

En octobre 2007, Lucien Fontaine, président d’une association d’Amiens, croise un homme arborant une croix gammée en sautoir et une épinglette de la Waffen SS. Il a eu la bonne idée, après avoir été insulté en raison de sa couleur de peau, de faire appel à une patrouille de policiers. L’homme était aussi muni d’une matraque et d’un Taser, et de cannabis.
Résultat des courses, « deux mois avec sursis » pour l’individu, en février 2008. Les magistrats ont-ils été sensibles aux déclarations du jeune homme ? « Je suis raciste par rapport aux gens qui  foutent le bordel en France et foutent le feu dans les banlieues. ». Il se trouve que le Comorien Lucien Fontaine n’est pas de ces gens, mais que le parquet n’a pas voulu qualifier d’injures raciales des propos qui en relevaient absolument. Prescription donc pour des « injures publiques ».
Bref, Lucien Fontaine, Noir et non-policier, a été débouté. Mais au moins, une association a obtenu 1 000 euros du fait du port d’insignes nazis.
Là, que se passe-t-il pour ce policier ? Prescription ? Il n’a même pas été demandé à ce policier s’il avait acquis ce maillot, et où, ou s’il l’avait reçu en cadeau. De ses supérieurs ? Qu’ils démentent !

Rappelons qu’à la Bourse Militaria qui se tient dans le Nord, à Croix, en 2012 comme les années précédentes, des insignes nazis ont été exhibés. L’association organisatrice, la Fédération nationale des combattants volontaires a renoncé à l’édition 2013. Mais pourquoi donc, elle aurait pu se tenir sous la protection de la police, semblerait-il. On espère là encore que les syndicats de policiers démentiront fermement cette supputation que j’admets abusive. Mais ce serait encore plus clair s’ils l’exprimaient haut et fort après le jugement de Limoges.