A partir du 21 novembre, le Centre Pompidou à Paris, accueille à bras ouverts une grande exposition dédiée à Salvador Dali. Cela faisait plus de 30 ans que le centre ne lui avait plus consacré un évènement d’une telle ampleur. Plus de 200 oeuvres sont présentées au public afin qu’il puisse faire une plongée dans le monde fantasmagorique d’un des génies de l’art pictural et sculptural du XXème siècle. Très productif, plus de 1600 toiles à son actif, il a arboré une image de pitre controversé par une minorité d’esthètes. Quoiqu’il en soit, c’est l’occasion de se pencher sur la biographie du peintre moustachu.
Salvador Dali nait à Figueres, au nord est de l’Espagne, à la frontière de la France, en mai 1904. Sa mère notaire apporte la douceur et son père autoritaire sanctionne ses garnementeries. Néanmoins ses parents font preuve de tolérance quand il leur déclare qu’il souhaite devenir un artiste. Une profession souvent mal-aimée où règnerait la débauche. Très vite, Dali sombre dans le mysticisme quand ses parents lui montrent la tombe de son frère mort 9 mois avant sa naissance et qui portait son prénom. Il se voyait comme la réincarnation de celui qui n’avait pas pu vivre.
Il n’est qu’un enfant quand il s’éveille à la peinture lors d’un sortie en famille. Il tombe sous le charme des peintures de Ramon Pichot, une célébrité locale. Ramon oriente Salvador vers un professeur émérite, Juan Nunez. Le tracé du jeune Salvador est d’une si bonne qualité qu’il se taille très rapidement une réputation dans sa région. Ses premières esquisses s’affichent dans des expositions collégiales. A force de présenter ses travaux, il se fait remarquer par des professionnels de l’Art. A 19 ans, lors d’une exposition à Barcelone parrainée par son collège, il obtient un prix. La distinction est peut être mineure, mais elle conforte son génie. Des dessins de talent inspirés de l’Impressionnisme et des scènes de vie du quotidien. Amoureux de la peinture, lors de son cursus, il publie, en amateur, un magazine culturel dans lequel sont imprimés des poèmes et les peintures des grands noms des siècles passés. Comme tous jeunes de son âge, il s’éveille également à la politique. La guerre vient de se terminer, l’URSS de Lénine fait rêver les générations utopistes d’un monde meilleur, si bien qu’il embrasse les théories de l’extrême gauche. Avec des amis, ils créent le groupe Renovació social.
Son diplôme en poche à 18 ans, il quitte le nid familial pour s’installer à Madrid. Dans la capitale, il poursuit des études à la prestigieuse Académie royale des beaux-arts de San Fernando. Avec son look et son attitude atypique, il attira le regard de ses camarades et des professeurs. Une renommée se forgeant, non pas seulement par ses tenues, mais pour ses tableaux d’influence cubique. Lors de ses années universitaires, il côtoie d’autres esprits dont l’imagination est luxuriante et qui feront datent, Luis Bunuel ou encore Federico Garcia Lorca. Les amis se mettent à porter un grand intérêt à la la psychanalyse de Freud. Trublion et agitateur public, il fait un tour en prison pour menace de désordre politique. C’est également à l’université que le dadaïsme transcende son art. Salvador n’est pas prétentieux pour un sous, animé par un ego démesuré et le refus de se faire juger par autrui, il dit merde au jury devant estimer les productions des élèves. Une telle insubordination contraint l’Académie de s’en séparer.
Paris, ville lumière si brillante qu’elle attire les jeunes artistes en herbe tel un aimant. En 1927, au cours d’un voyage, il impressionné par Versailles ( qui ne le serait pas?) et le musée Grévin. Des lieux merveilleux mais c’est surtout l’occasion de rencontrer Pablo Picasso. Un rival et un modèle pour qui il ne tarit pas d’éloges, il lui voue une fascination sans bornes à la limite de la déification. Les deux hommes s’admirent et vont entretenir une très longue correspondance épistolaire. La même année, avec son ami Luis Bunuel, il pénètre dans le 7ème et met la main à la pâte lors de la conception du scénario d’Un chien andalou.
Dali ne fait pas que représenter les idées, les sentiments qu’il a au fond de lui, il émet des réflexions sur l’Art en général. Il développe la "paranoïa critique", un moyen d’atteindre ce qu’il y a au plus profond de soi, la part naïve exprimant nos réelles impressions. Les années 1930 sont imprégnées par la montée en puissance des régimes dictatoriaux, Espagne, Allemagne et Italie mettent à leur tête des personnages charismatiques capables du pire, dont les crimes n’ont pas encore réellement commencé. Ils éblouissent les peuples par une mise en scène tonitruante pleine de lyrisme. Dali tombe dans le piège involontairement, ou délibérément par provocation, en vouant une fascination aux codes artistiques du régime nazi et à l’autoritarisme franquiste. Il se met à étudier et représenter des personnages historiques et politiques en mêlant les faits et les protagonistes. Guillaume Tell, le héros suisse est dépeint sous les traits de Lénine. Cette controverse n’est pas du gout des surréalistes. Si bien qu’il est convoqué par le Bureau qui lui annonce sa radiation, néanmoins il continue de travailler avec eux.
Dali ne fait pas que représenter les idées, les sentiments qu’il a au fond de lui, il émet des réflexions sur l’Art en général. Il développe la "paranoïa critique", un moyen d’atteindre ce qu’il y a au plus profond de soi, la part naïve exprimant nos réelles impressions. Les années 1930 sont imprégnées par la montée en puissance des régimes dictatoriaux, Espagne, Allemagne et Italie mettent à leur tête des personnages charismatiques capables du pire, dont les crimes n’ont pas encore réellement commencé. Ils éblouissent les peuples par une mise en scène tonitruante pleine de lyrisme. Dali tombe dans le piège involontairement, ou délibérément par provocation, en vouant une fascination aux codes artistiques du régime nazi et à l’autoritarisme franquiste. Il se met à étudier et représenter des personnages historiques et politiques en mêlant les faits et les protagonistes. Guillaume Tell, le héros suisse est dépeint sous les traits de Lénine. Cette controverse n’est pas du gout des surréalistes. Si bien qu’il est convoqué par le Bureau qui lui annonce sa radiation, néanmoins il continue de travailler avec eux.
L’année suivante, petit consécration, une de ses compositions, La Corbeille de pain, est présentée hors d’Espagne, au Carnegie de Pittsburgh. L’aura internationale est en train de se construire progressivement. Nous sommes en 1929, Salvador vaque à ses occupations lorsque deux émissaires du courant surréaliste viennent toquer à sa porte, comme s’ils agissaient tels des démarcheurs. Magritte et Eluard s’entretiennent avec le peintre espagnol et souhaitent qu’il adhère aux thèses surréalistes. Il serait dommage de ne pas céder aux tentations oniriques de ce courant qui va lui servir de véritable catalyseur débridant une créativité abondante.
Comme tout bon surréaliste, de 1930 à 1932, il fait un long séjour à Paris, dans le quartier de Montparnasse. A Paname, ce sont les hautes sphères de la mondanité, les personnes en vue, les esthètes, les fortunés curieux d’art aimant s’entourer de personnage loufoques, vivant à fond les Années Folles, qui lui ouvrent ses portes. L’argent manque, ses toiles ne se vendent pas bien, mais il se constitue un réseaux de connaissances qu’il est toujours utile d’avoir dans son carnet d’adresse, André Breton, Max Ernst ou encore Man Ray. L’amour apparaît en la personne de Gala, alias Elena Diakonova
La femme est plus âgée que Salvador et est déjà mariée, de ce fait, la famille Dali désapprouve cette union. Le peintre n’a que faire de ce dissentiment, il trouve sa muse et un soutien sentimental. En 1931, il se lance dans sa phase des montres molles. Ces horloges donnant l’impression de fondre sous l’effet de la chaleur d’un paysage désertique est une façon de manifester son refus de céder au dirigisme du temps qui passe. Repousser la perception divisée en passé, présent et futur et où aucune autre partition ne serait possible. Le temps est "coulant comme du camembert". Le couple finit par se marier en 1931 et fonde leur nid d’amour non loin des Cadaques, dans une petite maison de pêcheurs. La petite masure est retapée et, année après année, se transforme en une luxueuse villa abritant aujourd’hui son musée.