La victoire est là pour Russie Unie, le parti de Vladimir Poutine, lors des élections législatives qui viennent de s’achever. Et pourtant à regarder de plus près il y a de quoi espérer pour ses opposants pour la présidentielle qui s’annonce dans moins de 6 mois maintenant.
Les résultats officiels font état d’un score de 49,93% des voix pour le parti de Vladimir Poutine. Une victoire arithmétique, certes, puisque le parti reste la première puissance politique du pays. Avec 238 sièges sur 450 possibles à la Douma, Russie Unie reste en position de pouvoir gouverner seul.
Un quasi triomphe donc. Et pourtant pas si sûr. Car ces résultats masquent mal la chute de presque 15 points qu’enregistre le parti (aux dernières législatives de 2007 son score était de 64,3% des voix). Car le désaveu frappant le parti de Poutine est de plus en plus flagrant.
Chose impensable il y a encore cinq ou six que cette scène, récente, au cours de laquelle l’ancien président grimpe sur un ring de boxe pour parader dans sa posture d’homme fort qu’il affectionne tant et qui reçoit en retours une bronca de la part des spectateurs présents ce jour là. Ainsi le diagnostic se confirme. De plus en plus les russes s’agacent des abus, des postures factices et des incompétences du nouveau tsar.
Les russes ont changé d’état d’esprit
Après dix ans à supporter les abus de pouvoir de l’ancien agent du FSB les russes étouffent. Le pays n’a jamais été aussi inégalitaire, bien que riche. Même si les abus des années Eltsine sont effacés, n’oublions pas que la Russie reste un pays gangréné par la corruption, où la situation sanitaire est, bien souvent catastrophique. Bref autant de domaine sur lesquels l’échec du gouvernement est patent.
Le contrat tacite qui existait entre les russes et Poutine au sortir de la déchéance nationale des années Eltsine semble ne plus convaincre grand monde. En effet lassés par la déliquescence du pouvoir et des années de capitalisme carnassier mis en place par les héritiers de l’ex URSS, les russes avaient « accepté » les entorses à leurs propres libertés pour aller vers plus de sécurité et de grandeur nationale.
Et surtout les russes n’ont qu’assez modérément apprécié ce jeu de chaise musicale entre Medvedev et Poutine, qui après s’être passé le siège de président s’apprête à procéder au même échange, mais en sens inverse. Enième déni de démocratie attestant du peu d’estime que le pouvoir pour la parole de ses propres citoyens.
Le deal était bien celui-ci : rogner sur ses propres libertés en échange d’un peu plus de protection de la part de l’Etat, tant dans le champ sociétal qu’économique. Et pourtant près de dix ans après il semble déjà passer d’utilité pour une majorité de russes de plus en plus grande.
Une déroute pour Russie Unie qu’il convient d’interroger
Car qu’on se le dise moins de 50% des voix pour Russie Unie c’est une incontestable débâcle pour le parti du président.
Pour preuve tout d’abord cette importance symbolique des chiffres attestant que moins d’un russe sur deux s’est reporté sur le parti de Poutine.
D’autant que ce résultat est à mettre en perspective avec la quasi propagande officielle qui sert Russie Unie (les médias libres étant une rareté en Russie). Et que dire des soupçons de fraude qui existent, là encore, au plein bénéfice du pouvoir sortant.
Bref malgré les outrances de Poutine et les mensonges à répétitions, doublées d’intimidation de ceux qui en servent la cause, le parti Russie Unie n’est pas si loin que ça devant ses opposants (il a, par exemple, deux fois et demi plus de sièges que le second parti du pays, le P.C., qui totalise 92 sièges).
Qu’attendre de la présidentielle à venir ?
Alors ultime victoire pour Russie Unie avant des présidentielles immanquablement amenées à être perdue ? Certainement pas, tant l’avance sur le P.C., deuxième force politique au sortir de ces législatives, reste important (plus de trente points d’écart tout de même). Mais ces législatives sonnent bel et bien comme le signe d’une société civile russe cherchant à relever la tête face aux nombreuses entorses que Russie Unie se permet depuis plusieurs années.
Dans cette optique peut être que les élections présidentielles devant se dérouler le 4 mars 2012 arrivent un peu trop tôt. D’autant qu’une chose est de se rapprocher du parti de Poutine à des législatives, une autre est de trouver une personnalité politique suffisamment forte pour le faire trébucher à la présidentielle qui s’annonce. Selon toute logique donc Vladimir Poutine devrait succéder à Dmitri Medvedev en mars prochain.
http://www.courrierinternational.com/breve/2011/12/05/russie-unie-toujours-en-tete-a-la-douma
Grégory VUIBOUT le 5-12-11
[b]Je suis extrêmement étonné de ne pas voir de commentaires dans les journaux Russes ou occidentaux appuyant sur le fait et qui disent tout haut qu’il y a une démocratie qui petit à petit s’instaure en Russie grâce à, à cause de, du fait que Poutine y a participé! Vous savez mille fois mieux que moi la difficulté de gouverner cet immense pays. Je ne lui jetterais pas de pierre, j’en garderais pour d’autres (à propos de la frénésie galopante de la corruption par exemple)[/b]