La croissance que veut instiller François Hollande dans le traité de la zone euro,

trouve des adeptes.

François Hollande n’est plus seul, un poids lourd de l’Europe, ancien de Goldman Sachs, vient de déclarer devant le désastre annoncé en Grèce et en Espagne, voire en Italie, qu’il faudrait un pacte de croissance Européen, l’austérité ne suffit plus. Mario Draghi, «nous avons eu un pacte budgétaire. Ce que j’ai à l’esprit maintenant est d’avoir un pacte de croissance. Je pense que c’est ce que nous devons avoir». Mais quel est ce pacte de croissance ? En fait, il aurait été précisé, dans l’après-midi du 25 avril, par un porte parole de l’institution, que Mario Draghi n’a pas changé sa politique, étant resté cohérent avec le message traditionnel de la BCE, c’est à dire la discipline budgétaire. Mais il a ouvert une brèche appelant les pays Européens à la croissance. Les propos de Mario Draghi n’iraient donc pas dans le sens de ceux de François Hollande, bien que le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Junker serait en faveur d’une stratégie de croissance pour faire redémarrer l’Europe. Il ne s’agirait pas de renégocier le traité Européen de discipline budgétaire signé début mars par 25 des 27 pays de l’Union européenne pour obliger les États membres à réduire leurs déficits, avec des sanctions à la clef, mais plutôt de prendre une initiative séparée. Marion Draghi évoque surtout la nécessité de mesures structurelles pour relancer la compétitivité. Elles devraient être complétées par des réformes permettant la croissance pour faciliter l’entrepreneuriat, l’établissement de nouvelles entreprises et la création d’emploi. Les gouvernements devraient être plus ambitieux. Pour lui, il s’agirait d’une flexibilité accrue du marché du travail et non par la dépense publique. Il rejoint là son collègue de Goldman Sachs, Mario Monti. Entre Italiens le courant passe.

Monti souhaite mettre en place un marché du travail basé sur le fameux modèle de «flexi-sécurité», qui permet selon lui d’éviter que certains salariés soient «excessivement protégés» alors que d’autres sont «privés de protection». Si je comprends bien ce serait un transfert de croissance du plus protégé vers le moins afin qu’il ne meure pas de faim ou qu’il se suicide. Le résultat conduirait à réduire les écarts entre travailleurs, en fait il ferait de la croissance à budget constant, c’est à dire sans investissement. C’est du communisme tout simplement. On répartit la misère pour obtenir légalité de croissance entre tous. Savant n’est-ce pas, les Italiens sont les meilleurs. La méthode, c’est la concurrence dans de nombreux secteurs, taxis, pharmacies, transports publics locaux, distribution d’essence, poste, professions libérales, assurance, banques, etc. Cette mesure permettrait une économie de plus de 1.000 euros par an aux ménages Italiens ? C’est ça pour Monti le relance de la croissance, un gagne petit qui rêve encore. Ces hommes de droite n’ont aucune connaissance sociologique.

Mais Draghi met en garde les politiques budgétaires qui doivent être «soumises à surveillance mutuelle et corrigées si nécessaire dans l’intérêt collectif de la zone euro». Enfin, les États devraient selon lui améliorer leur coopération dans «la recherche, le développement, l’éducation et les infrastructures». Un rêveur aussi, tous les États n’ont pas les mêmes besoins, les cultures ne sont pas les mêmes et tous manquent d’argent.

On voit que les propos de Mario Draghi sont aux antipodes de ceux d’Hollande qui veut une relance de l’investissement par la BEI, Banque Européenne d’Investissements, pour de grands travaux en lui donnant plus de possibilité par une taxe sur les transactions financières, et une mobilisation des fonds structurels non utilisés. Dans cette optique François Hollande envisage l’envoi d’une lettre aux chefs d’Etats et de gouvernement de l’Union européenne pour une renégociation du pacte budgétaire.

On se demande ce qui a bien pu motiver Mario Draghi en lançant le pavé du pacte de croissance, il a surprit tout le monde. Il faut dire que l’Espagne est au plus mal, que sa cote souveraine a été dégradée de deux crans par l’agence Standard & Poor’s passant de «BBB+» contre «A», avec perspective négative, évoquant des risques de dérapages budgétaires potentiellement plus importants que prévu. A cela vient s’ajouter un chômage record de 24,4 % de la population active. L’Espagne est en récession économique. Quant à l’Italie, elle emprunte à un taux plus élevé pour des émissions à court terme. Plus de 1,7% pour 1 % fin mars. Par ailleurs le gouvernement Monti a revu en baisse la semaine dernière ses prévisions et prévoit désormais une contraction du PIB de 1,2% cette année contre une baisse de 0,4 % auparavant. Sa cote de popularité s’effrite perdant 12 points en trois mois et 3 points par rapport au mois de février. Si Hollande devient président, ses économistes de droite vont voir leur opposition s’affirmer.

Dans ce contexte, François Hollande boit du petit lait. A sa conférence de presse du mercredi 25 avril il a accueillit la nouvelle modestement. Son arrivée en tête au premier tour de la présidentielle aurait libéré la langue des chefs de gouvernements bien qu’ils ne soient pas tous de gauche. Ceci confirme bien, que c’est une élection décisive pour Europe. «Nos idées cheminent et le vote des Français y est sans doute pour beaucoup !».

Dans cette conférence de presse sur l’Europe il parle de la victoire doit être aussi celle d’une Europe nouvelle.

«La France ne retrouvera sa place dans l’Union européenne qui si elle est capable d’infléchir le cours de la construction Européenne. Pour François Hollande, les Français «attendent des promesses de solidarité» de la part de l’Union européenne. Il a réitéré sa volonté de renégocier le traité Européen sur les engagements budgétaires de la France. Il a expliqué que s’il est élu, il adressera «au lendemain de l’élection» à tous les chefs d’État et de gouvernement un «memorandum sur la renégociation du traité Européen», qui comprendrait quatre points, «la création d’eurobonds pour financer des projets industriels d’infrastructure», «libérer davantage de possibilités de financement de la Banque européenne d’investissement», «la création d’une taxe sur les transactions financières» et la mobilisation «des reliquats des fonds structurels européens inutilisés». François Hollande a aussi précisé qu’à «ce mémorandum s’ajoutera un dialogue nécessaire entre les chefs d’État et de gouvernement et la Banque Centrale Européenne pour que nous puissions parer à toute reprise de la spéculation et faire que l’économie réelle puisse être financée, a-t-il précisé».

Selon lui, «l’économie Européenne reste dans une récession faute de pouvoir libérer des crédits pour les entreprises». «Nous avons besoin d’un financement de l’économie qui permette la reprise de la croissance. C’est tout l’enjeu des mois qui suivront l’élection présidentielle», a-t-il jugé.

Et l’Allemagne, Angela Merkel commence à se faire une philosophie, il faudra bien qu’elle mette un peu d’eau dans son vin. Pour elle la croissance doit se faire sous forme d’initiatives pérennes, pas par des programmes de conjoncture qui creuseraient encore la dette publique, mais de croissance comme Mario Draghi l’a dit, sous forme de réformes structurelles «les charges salariales ne doivent pas être trop élevées, les barrières sur le marché du travail doivent être basses, afin que chacun puisse trouver un emploi». Elle veut une croissance à masse monétaire constante.

Comment éviter un affrontement entre Angela Merkel et François Hollande ?

La stratégie Hollandiste est lancée. Élisabeth Guigou a été envoyée comme émissaire à Bruxelles. Pierre Moscovici, s’est chargé de faire passer quelques messages aux ambassadeurs des Vingt-Sept. François Hollande «ne dit pas que nous devons renégocier la discipline budgétaire», a assuré Michel Sapin, dans les colonnes du Financial Times, le 25 avril. Il est certain que si François Hollande devient président, il aura à affronter non seulement Angela Merkel, mais tous les autres dirigeants. Le fait qu’il n’a pas été reçu par eux pose un problème, de diplomatie politique. Il arrive en terrain hostile. Déjà José Manuel Barroso et Mario Monti se sont démarqués des propositions renégociation du pacte budgétaire Européen. Ils rejettent toute hausse de l’endettement, en prônant un regain de compétitivité pour relancer la croissance. Or François Hollande a prévu le financement de cette relance par des rentrées qu’il a précisées lors de sa conférence de presse, mais les eurobonds Angela Merkel n’en veut pas. Il semble donc que ces dirigeants,  soit ils n’ont pas intégré ses dires, soit ils ne veulent rien entendre fort du soutien les uns des autres.

Ce serait une coalition contre la France ce qui est inadmissible, et qui conduirait à la condamnation de l’Europe.