Souvent considérée comme le héraut de la liberté d’expression, la profession de journaliste a été récemment remise en question. Dans la société de l’information où la communication se trouve au centre de toutes les stratégies, les médias et leurs agents sont de plus en plus l’objet de violentes contestations. Manipulateur-manipulé, le journaliste dispose-t-il encore du pouvoir dont on le crédite ? Participe-t-il à cette fabrication de l’opinion où tous les sujets sont passés au tamis du système médiatique ? N’oublions pas que les journalistes sont les premières victimes des conflits qui embrasent le monde, même si les puissances politiques et militaires essaient de les embrigader (voir les reporters "embedded" dans la dernière guerre d’Irak…).Mais la crise que connaît le métier de journaliste ne se limite pas à la déontologie et aux problèmes sociétaux. Comme d’autres secteurs, celui des médias subit une restructuration qui fragilise l’emploi et se traduit par une précarisation de la profession.

L’évolution technologique touche aussi au cœur même du métier. Les nouveaux supports électroniques transforment radicalement aussi bien les rapports des journalistes à leurs sources que leurs relations avec leurs lecteurs. A l’heure où tout un chacun peut devenir rédacteur en chef de son "blog" ou envoyé spécial d’une newsletter, il devient urgent de redéfinir les limites de la profession. L’internet est aussi le lieu de nouveaux engagements qui permettent de redécouvrir une solidarité internationale. Ces problèmes que connait le journalisme posent le problème du statut de la vérité aujourd’hui et demain. Le siècle prochain sera-t-il vrai ou faux dans ses informations. Tout porte à croire que la vérité sera une opinion personnelle, une idéologie surtout au moment où tout se pirate, se retouche et se contrefait. Et pourtant la ruée de personnes qui se déverse chaque jour dans les kiosques, quête l’information à travers les média. Une information pourtant déjà truquée.  Cette crise loin d’être banale et négligée doit interpeler le métier afin sauvegarder sa crédibilité dans un monde devenu très critique.