La cour de Babel, le documentaire de Julie Bertuccelli a été filmé dans le collège de la Grange-aux belles à Paris dans une classe dite d’accueil. L’enseignement qui y est prodigué s’adresse à des élèves non francophones venus des quatre coins du monde ; il a notamment pour vocation de leur apprendre la maîtrise de la langue française, passage obligé avant toute intégration de l’enseignement normal.
Un splendide arc-en-ciel que tous ces accents, que tous ces visages innocents venus de Pologne, de Croatie, de Roumanie, de Biélorussie, d’Ukraine, de Libye, de Guinée, du Mali, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de Mauritanie, du Maroc, du Chili, du Brésil, d’Irlande du nord, de Chine, des confins du monde et d’ailleurs ! Vingt-cinq nationalités et autant de destins venus se croiser à Paris, à mille lieues de chez eux.
Un départ qui leur a été souvent imposé par des parents démunis face à des problèmes politiques, économiques, sociaux ou autres. Très mal vécu par les uns et les autres pour leur avoir fait perdre leurs repères, les mettant à nu dans un monde compétitif, cet exil forcé génère toutefois en chacun l’envie farouche d’en découdre.
Des témoignages déchirants parmi lesquels celui de cette adorable Chinoise venue rejoindre sa mère après plus de dix ans de séparation. Elle avoue à grand renforts de hochements de tête et quelques bribes de mots ne pas être heureuse à Paris sans n’avoir pour autant un brin de nostalgie pour la grand-mère de Chine qui s’en est occupée dans sa petite enfance. Et cette Sénégalaise dépassée par les évènements au point de faire preuve d’écarts de langage, lesquels plutôt que de lui attirer des foudres, sont traités avec pédagogie par Brigitte Cervoni sa prof de français. Toujours à l’écoute, cette enseignante au lieu de se perdre à travers des méthodes agressives, diagnostique, soigne avec brio avec ses mots efficaces.
Conscients en somme de la chance d’être dans un pays qui leur offre des opportunités inestimables, les adolescents se démènenent de leur côté pour être à la hauteur du défi à relever. Secondés par des parents impliqués à leur propre façon parfois maladroite, ils arrivent à s’approprier progressivement la langue et tout ce qu’elle véhicule de richesses.
Amour et respect de la terre d’accueil et attachement à leurs racines semblent faire bon ménage contrairement à ce qui circule… Ils parlent de Bible ou de Coran, de leurs doutes quant à l’existence de Dieu dans un respect mutuel. Après des conflits sporadiques, les réconciliations. Une classe tout à fait normale. Sans sauvagerie aucune de la part de ces adolescents sympathiques comme tout. Une professeur normale aussi.
Sauf que ce parcours aux antipodes de ce que les médias nous ressassent en permanence peut laisser sceptiques : à force on a presque fini par croire que tous ceux qui viennent d’ailleurs sont des Leonarda en puissance; que les parents sont du genre de Mr Dibrani ; ou encore pire, des futurs Merah.
Dans ce climat délétère, la sortie de ce film laisse à désirer ; richesse pour la France ou pas, la diversité est devenue le sujet le plus explosif qu’il vaut mieux éviter . Les Français ont désormais comme envie de s’arc bouter égoistement sur leur rayonnement ; l’exportation du rayonnement culturel à leurs propres frais est une méthode qui semble toucher à sa fin…Pour cette raison, ce film sympathique qui peut faire réfléchir élèves, parents et professeurs a de fortes chances malheureusement de rester confidentiel…
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A l’époque, cela s’appelait des CLIN (classe d’initiation) : j’y ai travaillé quelques années, qui restent parmi mes plus beaux souvenirs d’enseignante, tellement le mélange des cultures, la richesse de leurs histoires, leur soif d’apprendre et d’échanger rendaient mon métier passionnant.
Ensuite, petit à petit, on a fermé ces classes en prétextant qu’il valait mieux éparpiller ces élèves dans les autres classes…où sauf de rares cas (les enfants qui s’en sortent dans n’importe quelle situation) leur niveau s’effondraient et ils s’éteignaient peu à peu…Un crève coeur!
J’irai voir ce film!
Vous ne serez certainement pas déçue Siempre. N’oubliez pas les mouchoirs, des larmes risquent de couler.
L’ apprentissage de la lecture et des premières notions scientifiques, l’ histoire de France valeurs et symboles de la République, que savez-vous du parcours de Leonarda que vous posez en repoussoir ? Renseignez-vous sur le parcours des élèves non scolarisés antérieurement qui apprennent à lire à 11 ou 12 ans.
Dire que le collège en question a notamment pour mission d’enseigner la langue française laisse sous entendre que les autres matières font aussi partie du programme, non?
Je ne veux pas faire passer Leonarda pour un repoussoir encore moins pour une élève exemplaire. Il faut dire qu’elle n’a pas de chance avec un père de ce genre.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20131019.OBS1872/affaire-leonarda-un-rapport-accablant-pour-la-famille.html